Chapitre 2

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Abords d'Hell Street, Esolford

Mercredi 24 mars

[Rosalia]

- « TU ES OÙ ?! », s'écrie Will au téléphone. Il a crié tellement fort que j'ai dû écarter l'appareil de mon oreille pour ne pas devenir sourde.

- « Tu es bouché ou quoi ? Je suis devant le Golden Steel pour mon entretien d'embauche ». Je lui répète en fronçant les sourcils.

- « Oui, j'avais compris la première fois. C'était une question rhétorique Rosa », soupire-t-il depuis l'autre bout du fil. « Ce restaurant se trouve aux abords d'Hell Street, je ne dois quand même pas te souligner le danger que ça représente pour toi de postuler dans un endroit à deux pas du territoire des démons ? », me lance-t-il ensuite.

- « Je sais, Will. Mais j'ai besoin d'un nouveau job », dis-je en repensant au bol de croquettes de Mister Moustache et sa mine triste.

- « Si c'est une question d'argent, tu sais que je peux t'aider. Je... », commence-t-il.

- « Non ! ». Je le coupe fermement. « Je ne veux pas te demander ce genre de service. Et puis, je ne peux pas toujours compter sur les autres, je dois réussir à m'en sortir seule »

- « Têtue comme tu es, je sais que je ne te ferais pas changer d'avis. Mais fais attention à toi et réfléchis bien. Sincèrement, tu sais bien que ce genre d'endroit est dangereux pour nous, les humains », me répond-il avec inquiétude.

- « Merci pour ta sollicitude, Will. Je te promets de faire attention ». Je le rassure en laissant mon regard se promener sur la rue dans laquelle je me trouve. « Je te laisse, je te rappelle plus tard »

Je range mon téléphone dans mon sac à main et me dirige vers l'entrée du Golden Steel, qui – je l'espère – deviendra mon nouveau lieu de travail.

Vêtue d'un chemisier noir et d'un pantalon de tailleur de la même couleur, je pénètre dans le restaurant. J'arrive dans un sas d'entrée aux décorations grises et dorées.

D'où le nom du restaurant, je suppose.

- « Je peux vous aider ? », me lance un homme vêtu d'un uniforme de serveur assez élégant.

- « Oui, je suis une candidate pour le poste à pourvoir. J'ai rendez-vous avec le patron ». Je lui réponds en lui tendant l'impression du mail.

J'ai envoyé ma candidature lundi soir et j'ai eu une réponse pour passer un entretien dès le mardi après-midi. J'ai été surprise par la rapidité de leur réponse et encore plus qu'ils me proposent directement de programmer un entretien le lendemain. J'espère que ça va se conclure sur un engagement, j'ai dû prendre congé pour me rendre à cet entretien.

L'homme, un dénommé Russel d'après son badge épinglé à son uniforme, me conduit dans une arrière-salle.

- « Installez-vous, le patron va arriver », m'informe-t-il en me tirant une chaise, m'invitant à prendre place sur celle-ci.

Je le remercie et prends place. Dans une démarche très professionnelle, il s'en va en fermant la porte derrière lui.

J'attends plusieurs minutes dans un silence étrange, rythmé par le bruit de la trotteuse de la lourde horloge dorée accrochée au mur. Enfin, un homme aux cheveux bruns parfaitement coiffés entre dans la pièce.

En le voyant, je me lève par politesse. L'homme d'une quarantaine d'années est vêtu d'un costume beige probablement très coûteux. Lorsque mes yeux détaillent le reste de son apparence, mon cœur s'arrête de battre.

DARKLESS (édité chez Korrigan éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant