Chapitre 7

0 0 0
                                    

Je l'embrasse fougueusement, dévorant ses formes de mes mains. Ses cheveux se détachent sans bruit, ses douces jambes collées contre les miennes. Ses yeux bruns rencontrent les miens. Sa main attrape la mienne et elle émet un petit rire. Ruby, amoureuse, c'est impossible.

Evidement je me réveille en sursaut. Pourquoi ce mirage n'est qu'un rêve ? Je regarde instinctivement la fenêtre. Je m'y approche. J'ai l'impression qu'elle m'appelle. J'ouvre la fenêtre et m'y assois. Ma tête tourne fougueusement. Je ne sais pas si c'est l'amour qui me rend folle où les liqueurs et la défonce que je me suis mise avant de dormir. Je me sens voler d'un coup. Et le vent dans mes cheveux, puis la douleur. Puis ma mère, puis mes yeux qui se ferment et s'ouvrent sans me laisser le temps de comprendre.

Me voilà étalée sur la terrasse. Je suis tombée. Dieu merci les transats font bons amortisseurs.

Ma mère me porte jusque la cuisine. Je lui explique donc que je n'ai pas tenté de me suicider, et que j'ai simplement perdu l'équilibre à la fenêtre.

Allongée sur le canapé, la tête sur les jambes de ma mère, elle joue avec mes cheveux. Trop de péripéties en si peu. Alors que nos yeux sont attirés par la télévision, le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre nous sort de notre concentration.

Angela arrive dans le salon, aussi belle que la veille.

-Coucou !

Le bonheur sur son visage, elle nous tend deux cafés lattés, une clope à la bouche. Ce n'est plus ma sœur...


***


La soirée a été excellente. Mathéo ? Exemplaire. J'ai donc rencontré un couple d'amis à lui et pour une fois, je ne me suis pas comparée à l'autre fille. Je me suis sentie belle toute la soirée et j'avoue que c'est satisfaisant de ne sentir que des regards admiratifs ou choqués sur soi, plutôt que des regards de dégoût, moquerie ou jugement négatif.

La pluie s'était invitée dans le ciel, noircit par des nuages gris. Les gouttes rafalant sur ma fenêtre, j'écoutais cette inspiration. Je m'assis sur mon banc, face à mon piano. Les notes sortirent comme si, apprises par cœur, elle étaient habituées à être jouées. Mon corps se dévoue à toute cette mélancolie musicale, je me sentais vivre dans une mort sereine. On toqua soudainement à la porte.

-J'ai une amie qui vient à la maison, reste dans ta chambre.

Antide, de son air inquiet, referma la porte derrière elle après avoir prononcé ces quelques mots.

J'entendis peu après une voix, féminine. Je reconnu celle de Ruby, et monta les yeux en l'air. Les fréquentations de ma sœur n'égalait point son estime. Elles montèrent toutes les deux dans la chambre d'Antide, mais je ne pus m'empêcher de finir le morceaux de piano que j'avais commencé.


***



Son magnifique visage et ses lèvres bougeant dans un rythme répétitif et long, Ruby me racontait la mésaventure qui lui était arrivée ce matin au magasin. Même si j'étais concentrée sur ses paroles, la plupart de ses mots étaient étouffés, comme sourde face à la ravissante femme qu'elle était.

Elle se leva, sans élégance particulière, et commença à toucher mes meubles, fouiller un peu partout. Elle trouva non loin d'un bac à linge, Stram, qui vint directement se frotter contre elle. Elle le prit dans ses bras en lui parlant comme elle parlerait à un bébé.

A & AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant