Premier temps - une heure

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Keefe regarda le gobelin s'effondre, le souffle coupé. Il n'avait aucun mot pour décrire ce qu'il ressentait à ce moment-là, et il en était dégoûté : il n'étais pas tant inquiet de savoir Sophie en danger que de savoir qu'elle etizt seule avec Fitz.

Et cette idée de proximité entre elle et le jeune Vacker le faisait bouillonner de rage, presque autant que de savoir qu'elle était en danger.

-Et Grizel ? fit Édaline d'une voix morte, oubliant que Sandor, inconscient, ne pouvait répondre.

-Elle a dû rester en arrière ou aller prévenir les autres...

Keefe refusait de penser à l'autre possibilité. Il n'en avait pas le droit. Il devait rester optimiste. Ne pas s'inquiéter. Ne pas péter un câble comme il avait tendance à faire. Rester calme.

Mission impossible.

Personne ne bougeait, tout le monde retardant plus ou moins dans le vague, attendant que quelque chose se produise, que quelqu'un vienne les interrompre. Même Ro, d'habitude très bavarde et moqueuse, avait disjoncté.

On pouvait presque entendre les battements des cœurs de chacun. C'en était étouffant. Rien ne se produisait et les vingt secondes qui passèrent parurent durer vingt ans.

Interminables.

Finalement, Grady se racla la gorge et marmonne qu'il valait mieux réfléchir à faire quelque chose. Dans les minutes qui suivirent, beaucoup de monde débarqua, Sandor se réveilla, et on demanda à Keefe de rentrer chez lui. Il saisit la gravité de la demande et partit.

Arrivé aux Rives du Réconfort, il s'affala sur la balancelle et regarda le ciel se teinter - déjà - d'une couleur rosée. Il réfléchissait silencieusement au plan à suivre.

Que faire ? À qui demander de l'aide ? Quand agir ? Où commencer ?

Des questions à foison mais pas une seule réponse. Ses pensées se dirigèrent naturellement sur Biana, mais celle-ci était en froid avec lui. Il pensa à leur ami Technopathe mais à quoi bon ? Il prendrait peur et préviendrait quelqu'un qui les empêcherait d'aller chercher Sophie... et Fitz.

Même Ro ne pouvait rien faire. Elle restait en retrait à l'ombre d'un arbre fruitier, sans prononcer un mot. Elle attendait car elle savait.

Elle savait qu'il n'était plus question que de secondes avant qu'ils quittent les Rives pour squatter un lieu non recommandé.

Elle savait que Keefe était sur le point de faire une bêtise, une énorme bêtise. Mais elle ne faisait rien.

Car pire que les bêtises de Keefe était son désespoir et son impuissance. Elle voulait le laisser décider de la suite. Même si cela comportait des risques, cela lui importait peu.

Elle s'était attachée à cet elfe égocentrique qu'était le jeune homme. Elle ne voulait pas le voir s'effondrer. Elle voulait qu'il garde sa fantaisie habituelle pour l'embêter.

Et pour cela il devait agir.

Ce qu'il fit. Il sortit son transmetteur en respirant un grand coup et fit d'une voix calme et sans arrière-sentiment:

-Montre-moi Biana.

Comment aimer FosterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant