Le repas

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-Je peux juste savoir comment tu as convaincu Grady de me laisser déjeuner à Havenfield ?

En guise de réponse, Sophie adressa un immense sourire à son petit ami. Celui-ci remarqua tout de même les plumes de dinosaure accrochées à l'arrière de sa tête. Il se mordit la langue pour s'empêcher de rire, et commença à les retirer une à une.

-Crois-moi, toi, lança Grady à Keefe depuis l'enclos des mammouths, tu n'es pas pour autant le bienvenu !

-Je me demande quand même, fit l'intéressé, plus bas, comment il fait pour ne pas culpabiliser de m'appeler « toi » ! Avec de si beaux cheveux !

Sophie leva les yeux au ciel et dirigea le jeune Sencen jusqu'à la salle à manger, où les attendaient Edaline et Ro, l'une un sourire béat aux lèvres, et l'autre utilisant les siennes pour embrasser l'air avec d'horribles bruits de succion.

-On va passer à table, annonça Edaline, son sourire béat toujours aux lèvres

Ro prit Sophie par une épaule, et de son autre bras, empoigna Keefe, pour les assoir côte à côte le long de la table. Edaline prit place en face de sa fille et Grady... hésita presque avant de s'installer en face du jeune Sencen. Ro, elle, s'assit en bout de table. Tandis qu'Edaline claquait du doigt pour faire apparaître des mets succulents (et les odeurs, ah les odeurs ! Si elles avaient pu être là la veille, après que Keefe ait fait une réflexion sur la nouvelle coiffure de sa garde du corps !), Ro lançait des regards furtifs à Sophie et Grady...

Il ne quittait pas le jeune homme des yeux, tel Verdi guettant une proie. Keefe déglutit en se servant. Grady mit tout son plat à côté de son assiette alors qu'il continuait à fixer Keefe. Ce dernier entreprit des exercices de respiration pour ne pas s'écrouler de rire face au spectacle, à l'instar de l'ogresse, qui s'en roulait par terre.

Lorsque le repas fut terminé, l'heure de rentrer arriva.

Si Edaline avait repris depuis longtemps son sourire, Grady, lui, avait un peu changé d'expression. Un peu.

-Ça va, Grady, laisse ce pauvre garçon tranquille, s'exaspéra Edaline en se défaisant de son allure niaise.

Son mari s'avança et tendit le bras au jeune homme, qui lui serra la main tandis que le père de Sophie déclarait :

-Tu as le droit de revenir manger le week-end prochain si tu y tiens. Ce n'est pas une invitation.

-Mais vu comment il t'apprécie, ça peut tenir d'une déclaration de paix, compléta Edaline en riant

Keefe se sentit gagné par la fierté en rentrant aux Rives du Réconfort deux minutes plus tard : il avait gagné des points vis-à-vis du père de Sophie ! Et il allait le marquer dans son futur livre !

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