10.Mais j'avançais quand même.

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Vers ce garçon qui feignait un sourire, pour avoir l’air poli

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Vers ce garçon qui feignait un sourire, pour avoir l’air poli. Et mon frère expliqua, Minho venait dormir a la maison, ils avaient un projet de groupe et les parents de Minho ont des invités qu’il ne supporte pas. Et moi, j’allais devoir supporter ça. Toute une soirée et même une matinée à devoir faire face à la raison de tout mes tourments. Je me sentais égoïste de penser ça, c’est vrai après tout, le monde ne tourne pas autour de moi, c’est pas une histoire de béguin de jeune fille de 14 ans qui va faire chavirer le monde.

Et c’est ainsi que je me mis à marcher derrière les deux garçons, mes écouteurs dans les oreilles, me concentrant le plus possible sur les paroles que prononçait les douces voix d’une Doja Cat puissante en harmonie avec une Ariana Grande élégante, me remontant le moral et brisant l’atmosphère plus que désagréable qui se degageait de la situation. Je pouvais voir son sourire pendant qu’il rigolait avec mon frère, une expression qu’il partageait toujours avec moi. Une expression qu’il ne m’adressera peut-être plus jamais. Un souvenir qui ne se renouvellera que dans mes rêves.

On se rapprochait de chez moi et je n’en avais jamais été si peu enthousiaste. C’est comme ci, en passant cette porte, j’acceptait que celui autour duquel mon monde gravitait, l’emportait largement sur moi sans même essayer. En franchissant cette porte, il allait être sur mon territoire après m’avoir détruite. Et le pire est qu’il n’en est même pas au courant. Et chaque pas vers cette prétendue maison, chaque pas vers cette défaite imminente m’anéantissaient de plus en plus. Je sentais mon cœur brûler à petit feu. Sous le regard insouciant d’un garçon dont le comportement pourrait briser des millions d’innocents.

Tout autour de moi, le paysage semblait si calme et si normal et pourtant j’avais le sentiment que la plus grande des fatalité s’abattait sur moi. Le cœur lourd, on arriva devant ma porte, porte que mon frère ouvrit d’une traite, laissant passer le coréen en premier. C’était fini, en essuyant ses pieds sur le paillasson il m’avait piétiné moi. Je n’étais enfin plus qu’une simple personne dans le décor. Je restais un instant figée dehors tandis que mon frère disparaissait dans l’encadrement puis quand ils étaient déjà bien dans le salon, mes jambes m’autorisèrent enfin à avancer. Chaque pas légèrement bancales, d’une faiblesse anormale et inexplicable.

Tout me semblait plus grave et plus violent, plus dur et plus important. Les moindres petits détails, qui m’étaient toujours inaperçus et insignifiant, tout d’un coup semblaient prendre tout l’espace dans mon esprit. Monter les marches pour aller à ma chambre me semblait l’un des périples les plus vertigineux que je n’aurai jamais pu faire. Ma tête tournait lentement et mon dos, courbé par le poids de mon sac, me semblait se tasser, vertèbre par vertèbre. Et c’est devant la porte de ma chambre que je sentis la chaleur d’une larme couler sur ma joue.

Si pour vous cette réaction semble exagérée, je vous laisse imaginer les sentiments qui purent envahir mon esprit. Je savais que je n’aurais pas du m’attacher à lui, m’accrocher à ce rêve, je savais, oui, que rien de tout ça ne m’était mérité, je savais que je n’était rien qu’une autre de ces personnes qu’on rencontre et qu’on oublie bien vite parceque, en réalité, c’était marrant au début, c’en est devenu lassant. Je savais, je l’ai toujours su.
Mais une partie au fond de moi ne pouvait s’empêcher de garder la tête dans les étoiles. Les étoiles de son regard, de son sourire.

Et c’est le fait de savoir, de m’être prévenu moi-même, mais de ne pas m’être écoutée, qui me faisait d’autant plus mal. J’avais cédé et je m’étais, inconsciemment, dévoué à son être, à lui, le bel asiatique. Mais lui, jamais rien de tout ça ne lui a même effleuré l’imagination. Lui, il ne me voyait même pas souffrir. Et je ne voulais même pas lui montrer. J’étais perdue et anéantie par ma propre lubie, par la demance d’une ado de 14 ans en manque d’affection qui voit la moindre preuve d’attention comme un signe d’attachement.

Et je me sentais bête, stupide, inutile, insignifiante et impuissante.
Je me sentais repoussante, incapable, paumée et tarée.
Qu’est-ce qui m’a pris de croire un seul instant que ce jeune homme plein de charme pouvait consacrer de son temps à une idiote pareille?
On est pas dans un compte de fée, je suis loin d’avoir l’apparence et la douceur de Cendrillon . Bien que lui possède la beauté du Prince.

Alors je m’élançais sur mon lit, les neurones emberlificotés. Les yeux déjà gonflés et le nez dégoulinant.
Qui suis-je de toute façon ? J’ai tenté de prendre la place d’une autre, de ce que je ne suis pas, une personne qu’il pourrait aimer.
Face à ces pensées je ne savais comment réagir. Je ne voulais rien faire. Mais je ne voulais pas rester à penser ainsi. Je ne voulais pas non plus essayer de dormir, je savais que je n’allais pas y arriver.
Alors je regardais mon plafond, blanc, dénué de couleur, d’âme, de pensées, de sentiments. Pendant l’espace d’un instant j’aurais aimé être ce plafond. Vide et sans importance en apparence, mais qui, au moins sert à quelque chose.

Puis j’entendis les bruits extérieurs. C’était étrangement calme. Je n’entendais que très peu les voitures. Je pouvais, en tendant l’oreille, percevoir le chant d’un oiseau, je me concentrais donc sur son gazouillis nonchalant, un air d’innocence et de joie. Un chant de la vie. Peut-être que je pourrais trouver autre chose? Si je ne peut être aimée par ceux dont j’attends le plus. Peut-être que je peux l’être par ceux que je ne connais pas. Un oiseau. Tout le monde apprécie son chant, sans même pour autant qu’on ne le voie.

Je jettai alors un coup d’œil à la fenêtre et aperçu sur le fil électrique qui passait devant à environ cinq mètres, le petit oiseau qui me redonnait espoir.
Je me mis alors sur mon bureau et prise d’une force inconnue, je dessinais. Je dessinnais ce que je pouvais, comme je le voulais, et je me sentais exister.

 Je dessinnais ce que je pouvais, comme je le voulais, et je me sentais exister

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l'ami de mon frère { minho skz }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant