15.J'étais rentrée chez moi.

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Il avait fait beau toute la journée, mais je ne l’ai remarqué qu’après cette sorte d’entrevue avec l’ami de mon frère, qui était, enfin, à nouveau le mien

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Il avait fait beau toute la journée, mais je ne l’ai remarqué qu’après cette sorte d’entrevue avec l’ami de mon frère, qui était, enfin, à nouveau le mien. Je trouvais toujours ça étrange que notre amitié le perturbait autant, elle était si naturelle. Mais pourtant ni lui ni moi n’arrivait à la laisser couler, la laisser vivre d’elle même. Chacun d’entre nous la tenait en cage, on l’observait de loin, ne sachant pas si la clé qu’on avait dans les mains servait a l’ouvrir ou non. Après tout, c’est effrayant d’ouvrir une cage dont on ne voit pas ce qui est a l’intérieur. Un monstre? Un oiseau? Si cette clé ouvre bien cette cage, qu’est-ce qui en sortirait?

Visiblement c’est un risque qu’on a tous deux décidé de prendre. Et cette image de cage opaque m’inspira un dessin, alors je me suis mise sur mon bureau encombré et j’ai dessiné. Le rendu était bien, très bien même, mais il me paraissait encore plus personnel que mes précédentes réalisations. Je n’avais pas envie de le partager. Pas ce petit oiseau là. Peut-être parceque je voulais qu’il reste dans sa cage, ou alors parceque je voulais être la seule à connaître son existence. Mais celui-là, je ne le montrerai pas.

En tout cas tout allait mieux après ça. On avait repris nos réponses quotidiennes a nos story et nos messages farfelus. Quelques jours plus tard, je reçu une notification Instagram. Un message de Minho. Mon frère, cet énergumène avait, encore, oublié son téléphone. Et cette fois, il voulait nous emmener, moi et mes potes, au parc. J’aimerais vraiment savoir pourquoi mon frère, 17 ans, bientôt 18, oublie son téléphone a chaque fois qu’il en a besoin. Et surtout quand il s’agit de devoir m’inviter avec mes amis quelque part. Son cerveau est peut-être juste... différent. On va dire ça.

Mais bon, bien évidemment, j’acceptais avant même d’en parler aux lolirocks. Oui, lolirock, c’est comme ça que ma bande de potes s’est renommée, je sais pas ce qui c’est passé, en tout cas ça collait plutôt, sauf qu’il risque pas d’y avoir de romance entre Iris et Nathaniel, à moins que "celle-ci" devienne "celui-ci". Mais je savais qu’ils allaient accepter de toute façons. Ils adorent sortir, faut dire que ça nous arrive pas souvent, et surtout avec des personnes plus âgées, ça donne l’air cool, contrairement au collège où généralement les gens se moquent de nous.

Mais je leur envoyais quand même un message auquel, bien évidemment, ils répondirent tous oui. Mais l’une d’entre eux ne s’empêchat pas de faire un remarque "Mais... toi et Minho... ça va mieux? Il te snobbait pas de ouf à la base?" Je me sentais pas trop d’expliquer tout ça par message, non seulement parceque ça serait trop dur a expliquer avec juste des mots, mais aussi parceque ça serait épuisant pour mes petits doigts de taper tout ça sur mon vieux téléphone à l’écran fissuré. Du coup je gardais tout ça pour le lendemain, quand on se reverrait en cours.

Et bien-sûr, le lendemain, la première chose qui me fut demandée: Qu’est-ce qui s’est passé ?  C’était assez dur de leur faire comprendre que cette histoire nous dépasser nous même, moi et Minho. Mais notre amitié bien réelle était quelque chose qu’on avait pas vraiment décidé. A vrai dire, j’aurais aimé que ce soit un signe que lui et moi étions destinés à être plus qu’amis. Mais je ne pouvais pas l’avouer, encore moins aux trois ados accros au drama qui se tenaient devant moi.

Mais même si j’étais convaincu que Minho ne ressentira jamais pour moi autre chose que de l’amitié pure, simple et honnête,  je ne pouvais m’empêcher d’espérer, de ressentir au fond de moi, là où j’avais essayé de l’enterrer, le sentiment que lui et moi on avait quelque chose de spécial, de plus que de l’amitié. Même si j’essayait de l’ignorer, de me convaincre que c’était impossible, j’avais constamment cette arrière pensée dans ma tête. Impossible de m’en débarrasser. Si ni lui ni moi ne comprenait ce qu’il nous arrivait c’est peut-être parcequ’il s’agit de quelque chose de plus important que ce que nous croyons...

En plein délire, j’avais l’impression d’être en plein délire a chaque fois que j’accordait une moindre seconde à cette pensée. Il faudrait quand même être folle pour croire qu’un mec, bientôt majeur, l’ami de mon frère, venant d’un pays dont je ne connais que la surface et playboy à souhait, s’intéresse a moi, même juste un instant, inconsciemment, de façon romantique. Oui, moi, je l’aime. Je l’ai compris. Ça m’a fait mal, mais j’ai réussi a l’accepter. Mais il faut que je me concentre sur les faits, sur la réalité. C’est impossible que lui me voit autrement qu’une amie.

Et cette sensation je pourrais la décrire en toute une dissertation, tout un essai, toute une analyse de documents. Toutes ces idées contradictoire pour en venir à la conclusion que je suis simplement bizarre et qu’il faut que j’arrête d’espérer, d’attendre, de croire en ce qui n’est pas croyable. Au final il faut juste que je m’accroche au sol, que j’arrête de flotter, de m’envoler et me laisser allée au grès de mes désillusions. Tiens, encore une idée de dessin. Eh ben voilà, j’ai encore gribouiller mon cahier, je m’étais promise d’arrêter vu que ça allait mieux avec Minho. Heureusement que les profs ne notent plus nos cahiers...

La journée allait être longue si je continuais à rembobiner la même cassette en espérant voir quelque chose de nouveau a chaque fois. Je ne suivais même pas le cours sur les volcans que ma prof essayait tant bien que mal de rendre intéressant avec une petite maquette en carton des différentes couches de la terre. Au final je trouve qu’on est pas si différent de notre planète nous les humains. On est pleins de couches, froides a l’extérieur, mais en ébullition a l’intérieur, et parfois on en peut plus, la couche se perce, des failles apparaissent et on explose, on entre en éruption. On rentre en collision avec soi-même et on s’expend en même temps. On grandit sans cesse et on se fait des bosses, mais au final elles permettent a la vie de se développer et aux paysages d'être variés, comme la complexité d’un humain et ses pensées qui convergent et divergent.

 On grandit sans cesse et on se fait des bosses, mais au final elles permettent a la vie de se développer et aux paysages d'être variés, comme la complexité d’un humain et ses pensées qui convergent et divergent

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l'ami de mon frère { minho skz }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant