Chapitre 1 partie 1 PDV Angéline

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                 Commençons par le commencement. Moi, c'est Angéline Morris, j'ai 34 ans, mais, chut! il ne faut pas le dire, j'ai un peu de mal avec les chiffres. Oui , oui , les chiffres, pas mon âge ! J'élève seule ma fille de 16 ans, Céleste, mon soleil. Oui, je sais ce que vous pensez : 18 ans , c'est tôt pour être mère, et si à cela vous rajoutez que son géniteur, quand il a appris la nouvelle, a fait ses valises pour aller à l'université en Floride... Oui , oui, à l'autre bout du pays. Le jour où je lui ai annoncé, il m'a dit ( je le cite mot pour mot ):  "Tu comprends mon amour , toi je t'aime , mais
un marmot à 19 ans, c'est juste pas possible, et notre couple ne survivra jamais à cette épreuve, il vaut mieux stopper là l'hémorragie ( ce crétin voulait être chirurgien et même pas foutu de mettre un préservatif correctement !) car, oui, on s'était protégé . Pourtant, c'est pas la taille de son truc, ni ses ardeurs, car de ce côté là il était plutôt limité. Après le départ de Daniel vint la lourde tâche de l'annoncer à mes parents et là , surprise, ils ont criés au scandale, ils m'ont dit que je leur faisais honte, mais pour ne pas me mettre à la rue ils m'ont laissé notre petite maison et ont déménagé en Louisiane, le grand rêve de mon père selon leurs dires.

Donc me voila seule, enceinte, avec juste un diplôme de secondaire et un petit job à la superette pour mon argent de poche. Autant dire que j'ai dû trouver une solution. Et cette solution est venue de Thomas mon meilleur ami de toujours, mon binôme , mon best friend, enfin vous avez compris l'idée. Thomas à toujours voulu être infirmier, moi, à part mes livres, je n'avais pas spécialement de rêves . Donc il m'a orienté vers la fonction d'aide à la vie journalière, tout en m'aidant pour ma grossesse. Il s'est installé à la maison, m'a accompagnée à toutes les visites chez le gynécologue, m'a aidée dans la décoration de la chambre, a séché mes larmes quand ma solitude et mes peurs se faisaient trop fortes. On peut dire qu'on a élevé Céleste tout les deux. Il est son parrain , mais il est surtout un papa de substitution. 

Au fil des ans, ma vie avec Céleste a pris une certaine routine, ma fille est une enfant facile, bien qu'un peu rebelle depuis l'adolescence, mais toujours respectueuse et aimante avec thomas, Vincent ou moi. Vincent, c'est le mari de Thomas qui s'est greffé à notre petite famille anarchique. Il veille sur Céleste comme sur le plus précieux des trésors, ils ont d'ailleurs, dès qu'ils ont pu, acheté la maison à côté de la mienne. Je n'ai jamais pu me résoudre à la quitter, et même si mes parents nous appellent et viennent nous voir une fois par an, quelque chose est brisé entre nous, et Céleste n'a jamais été attirée par leur présence.

En pratiquant mon métier, j'ai appris à aimer les gens chez qui j'interviens et dans ma patientèle, il y en a un qui pour moi est plus important que les autres. C'est Papi, alias Edouard James, 80 ans, un gentil grincheux plein de tatouages, toujours en jeans, tee-shirt noir et pantoufles, accro à son chat (une sale bique qui perd ses poils et adore se rouler sur ma veste). Il me raconte avec encore une vive émotion, à quel point sa Miranda était une femme fantastique, combien leur incapacité à avoir des enfants les a minés , mais surtout avec quel force cette déchirante épreuve a scellé leur amour.

Il passe des heures à me raconter leurs road trips à moto à  travers les Etats-Unis ou le Mexique. Il me parle de son garage ou du diner que gérait Miranda, de sa cuisine inimitable, même si je ne me débrouille pas trop mal, selon ses dires ! Et depuis cinq ans, suite à un AVC qui l'a laissé paralysé du côté gauche, je passe moi ou mes collègues , mais souvent moi, car je cite : "mais où ils ont trouvé ces pintades incompétentes à ton boulot". Quand je vous dis qu'il est grincheux !
Sept jours sur sept, le matin et le midi, et deux après-midi par semaine, on fait sa toilette, ses repas, ses courses et l'organisation de sa vie en général. Le soir, c'est Thomas avec son équipe qui, je cite, "met au lit ce vieux grognon désagréable", mais vu qu'il connaît mon attachement à celui-ci, il fait preuve de beaucoup de patience et de douceur.


Aujourd'hui, c'est mardi, jour des courses chez Papi , puis je prépare les repas pour deux jours. Me voilà au supermarché avec mon caddie, ma liste de course longue comme le bras (Papi adore manger) à la recherche des "pop tarts", ses biscuits préférés (une crasse bourrée de sucre que lui seul adore). J'ai trouvé mon précieux butin, quand une grande main me pique la dernière boîte sur le haut de l'étagère sans aucune difficulté, (je ne fais que 1,58 m ). Je me retourne et là je fais face à un tee-shirt noir sur une montagne de muscles, je m'apprête à  remercier mon bon samaritain, quand celui-ci, en reculant d'un pas, me dit :


Angel : " Désolé poupée, mais j'ai vraiment besoin de ces biscuits."

Et là, je ne sais pas ce qui me choque le plus : son magnifique regard vairon, son petits air arrogant, ou le fait que ce grand escogriffe me pique sous le nez la dernière boîte de biscuits, mais je bogue l'espace de quelques secondes, avant de sentir la colère monter.

Angéline : " Cette boîte est à moi, j'allais la prendre, vous n'avez pas le droit , et si vous étiez bien élevé, vous me la donneriez, c'est comme ça que se comportent les gentlemen, et encore une chose : le "poupée" c'est périmé, vous devriez trouver autre chose."

Et là, ce crétin se met à rire, mais pas un petit rire, non, un bon gros fou rire qui me laisse perplexe, il rit tellement que j'aurais presque envie de rire avec lui, s'il n'était pas entrain de se foutre de moi. Lorsqu'il se reprend, des larmes pleins les yeux, il me dit :

Angel : " Un gentleman, poupée, franchement tu m'as bien regardé. Si c'est un coup d'un soir que tu recherches, il n'y a pas de soucis, c'est quand tu veux, mais un gentleman, sans blague, tu m'as tué."

Soudain, un grand baraqué avec une crête bleue :

Punk : Angel, t'as fini de draguer les ménagères, toi, c'est plutôt les chaudasses, pas les mégères."

s'exclame -t'il mort de rire de ses propres conneries.

Me voilà au milieu du rayon biscuits, rouge de honte et de colère. Je ne peux qu'assister complètement déconnectée, au départ de ces deux imbéciles avec ma boîte de biscuits. Purée, mais quelle tarte je fais. Je finis les courses de Papi entre colère et stupéfaction, mais arrivée chez lui, les bras chargés , c'est la rage qui domine et je ne peux m'empêcher de râler et de manifester ma frustration tandis que je me dirige vers la cuisine pour me délester de mes paquets.

Papi :"Que se passe-t-il, gamine, tu as l'air en rogne."

Angéline : "Imagine-toi qu'un stupide imbécile se prenant pour un dieu grec, accompagné de son benêt de service, d'ailleurs je suis sûre que c'est son mec, m'a piqué la dernière boîte de "pop tarts", je suis désolée, il m'a tellement gavé, cet abruti, que je n'ai pas su quoi dire."

Tout à coup, j'entends dans le salon de grands éclats de rire, je vais jusque là voir qui rigole ainsi et je tombe nez à nez avec trois baraqués habillés de vestes de cuir et parmi ces trois-là se trouvent les deux crétins du supermarché. Dans son fauteuil, mon Papi est mort de rire de ma gaffe .

Angel: "Un dieu grec ?"

Mon dieu, cachez moi.

THE ROAD DEVILS tome 1 ANGELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant