Le début d'Overhaul

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Hide descendit les marches, bien qu'hésitante, tripotant nerveusement les anneaux à son doigt, elle avait accepté de lui donner une seconde chance bien qu'elle appréhendait le reste. Allait-il vraiment se racheter ? Allait-il vraiment lui prêter plus d'attention et laisser la petite Eri tranquille ? La jeune femme n'avait pas pris la peine de s'habiller, c'est donc en chaussettes et vêtue seulement de ses sous-vêtements et le grand tee-shirt de Kai qu'elle descendit. Elle avait en revanche pris le temps de coiffer sa longue chevelure blanche qui lui tombait dans le bas du dos. Les yakuzas qui passaient par là, vaquant à leur occupation quotidienne, ne pouvaient s'empêcher de la regarder. 

Il n'y avait guère de femmes dans le clan et quelques instincts en eux faisaient qu'ils ne pouvaient  se retenir de l'observer ainsi, sans toutefois faire davantage bien que certains le voudraient bien, mais le fait est qu'ils savaient les humeurs et la rage de celui qu'on appellerait dans les jours qui succèderont à celui-ci : Overhaul. Il faut dire que Hide était loin d'être laide et possédait de magnifiques courbes féminines qui en faisaient rêver plus d'un au quartier général. Naturelle, spontanée, sans artifices, cela ne l'empêchait pas d'être femme, on en faisait plus des comme elle. A l'heure où les jeunes filles cachaient leur visage sous des couches de peintures, elle semblait venir d'un autre temps. Et sa peau, d'une blancheur immaculée, semblait rayonner sous les rayons célestes. 

Elle posa ses iris d'argent sur les deux criminels qui l'observaient, ceux-ci détournèrent le regard, bredouillant des excuses et la priant de ne pas rapporter cet incident à son époux. "Pensez-vous vraiment que j'aie besoin de mon époux pour me défendre ?" leur avait-elle alors rétorqué. Elle arqua un sourcils puis, continua sa descente, tranquillement, pour aller rejoindre le brun dans la véranda. Au départ, elle ne vit pas l'homme qu'elle était venu voir mais elle put à loisir contempler la table qui avait été si soigneusement dressée. Un bouquet de roses rouges ornait le centre, deux assiettes avaient été placé accompagnées chacune d'un tasse de thé fumante desquelles se dégageaient une agréable senteur fleurie, qui poussait à croire qu'on avait mis dans cette tasse les fleurs les plus parfumées du jardin,  et d'un jus d'orange qui mélangeait son effluve fruité à celle de la tasse, tant d'arômes qui n'auraient pas dû aller ensemble mais dont le tout se mêlait en une parfaite symphonie des saveurs.

Enfin elle entendit la voix douce, teintée d'une pointe d'autorité, de son mari. Elle se tourna vers lui en une rotation. Kai avait les cheveux courts auburn et hirsutes, ses prunelles avaient la couleur du miel, il possédait des cils inférieurs et des sourcils longs et fins. Sa peau était pâle. Il avait trois piercings à l'oreille gauche et arborait en permanence un masque de tissu noir qui couvrait le bas de son visage, qui était pourtant fort joli. Il avait une carrure fine et dans la moyenne, un mètre soixante-dix-neuf. Une chemise accompagnée d'une cravate gris pâle ainsi qu'un pantalon noirs habillaient un corps sculpté par les combats rapprochés dont ce jeune homme de vingt-sept ans avait été friand dans sa jeunesse et dans lesquels il continuait d'exceller. Des gants chirurgicaux blancs emprisonnaient ses mains, bien qu'on pouvait distinguer la bosse faite par l'alliance à son annulaire gauche. Il tendit, non sans hésitation, ce qui était surprenant venant de cet homme qui semblait habituellement si sûr de lui, ses bras à la femme aux cheveux blancs devant lui.

Hide afficha une attitude perplexe, délibérant encore et se posant mille questions. Ce fut donc à pas feutré qu'elle alla se blottir dans les bras qui lui avaient tant manqué, bien qu'elle n'oserait le dire à voix haute. Il les referma doucement sur elle, humant le doux parfum de ses cheveux. Elle leva son regard vers lui et porta timidement la main au masque du brun qui la regardait faire avec une certaine appréhension que lui donnait sa mysophobie. Il arrêta, comme un réflexe, le geste de son épouse qui le couvrit de réprobation. Ce n'était pas comme s'ils étaient mariés depuis cinq ans maintenant et qu'ils avaient eut deux enfants ensemble, il y a trois mois de cela, bien qu'il ne fut présent à leur naissance alors qu'elle aurait eut besoin de lui, lui avait-elle fait remarquer pour son plus grand damne. Il réitéra l'excuse de la mission que lui avait confié le boss, ce qui n'était pas au goût de sa femme qui lui lança qu'au moins lui, le boss, avait été là alors que ce n'était pas ses enfants. Il soupira.

- Eh bien mon cher ami fuyant, qu'as-tu à répondre à cela ? Cela fait trois mois que je m'occupe toute seule de trois enfants, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, sans aucun jour de repos, ni aucun moment de répit car quand je ne m'occupe pas d'eux, je m'occupe de vous. Sais-tu, Kai, que s'occuper de nourrissons n'est pas de tout repos ? Il faut leur donner le sein, les changer, prendre leur bain, veiller à ce que tout aille bien ! Ajoutant à cela une petite fille de six ans, traumatisée et en retard pour son âge par votre faute ! 

- C'est pour le bien commun.

Il restait calme et stoïque, ce qui contrastait fortement avec la fureur de sa jeune épouse, qu'il essayait, en vain, de calmer. 

- Pour le bien commun ! Vraiment ? Regarde-toi, mon pauvre époux, même toi tu as fini par croire à tes propres mensonges ! Dois-je te rappeler le jour où tu m'as arraché cette enfant des bras pour la conduire je ne sais où et lui faire subir d'atroces tortures ? La pauvre en est revenue toute traumatisée ! Tu la traites en paria alors qu'elle est la petite fille de celui qui t'as élevé comme son propre fils ! Ce même que tu as plongé dans le coma parce qu'il était contre ton projet ! Ce sera quoi la prochaine étape ? Tu traumatiseras nos enfants et tu me détruiras ?

- Je ne pourrais jamais vous faire ça et tu le sais très bien, Hide ! T'ai-je déjà lever une seule fois la main dessus, sur toi ? Ou même sur les enfants ? Ai-je déjà fait pression morale sur toi ? Je ne t'impose rien si ce n'est de prendre Shin, Mimic, ou Hari, Hari serait préférable, avec toi quand tu sors ! Je le fais dans l'unique but de vous protéger !

- Alors pourquoi le fais-tu sur Eri ? Elle n'a rien demandé ! Ce n'est qu'une enfant. . .

Les larmes avaient envahis l'argent de ses yeux, cette image était insoutenable pour le brun qui, se rendant compte qu'il avait crié, baissa la voix et alla l'étreindre pour la réconforter, retirant même son masque pour poser ses lèvres fines sur son front. 

- Hide, Eri n'est pas Kiko, ce n'est pas notre fille. Si je fais ça, c'est à contrecœur, Je le fais pour le clan, pour nous. Les yakuzas ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, surveillés en permanence par les héros, obligés de raser les murs quand ils sortent. Hide, Je sais que cela va à l'encontre même de nos principes, et je ne m'en réjouis pas, mais s'il te plaît, sois patiente, je t'en prie, je rétablirais notre puissance d'avant. Je te demande juste de rester en dehors de tout cela, des affaires pour l'instant très obscures du Shie Hassakai, je confierais Eri à l'un de nos membres, toi, concentre-toi sur nos enfants. Ce sont des nourrissons encore, ils ont besoin de toute ton attention.

- Ils ont aussi besoin de la tienne, Kai. Ils ont aussi besoin de leur père.

Elle sanglotait, son époux essuya les perles salines de ses pouces, soucieux. 

- Je te promets de passer plus de temps avec vous en contrepartie, cela te convient-il ? Fit-il.

- C'est trop de pression, ça me fait mal au cœur de sacrifier une enfant alors que moi-même je suis mère. 

- Je sais, c'est pourquoi, pour ton bien et le sien, je vais te séparer d'Eri, limiter vos contacts. Kiko et Kiyo ont besoin d'une mère forte, alors soit forte comme jadis, si ce n'est pas pour moi, fais-le pour eux. Ils en auront besoin si jamais les héros nous arrêtes, Hari et moi.

Il posa sa main sur sa joue.

- Ne dis pas ça, je t'en prie.

- On ne sait pas ce qui peut nous arriver, peut-être qu'un jour nous ne reviendrons pas. . . dit le brun.

- Je ne veux plus entendre un mot de plus à ce sujet ! Je suis fatiguée, Kai, je ne dors presque pas. . . J'ai besoin d'aller me reposer. . . Avant que les jumeaux ne se réveillent parce qu'ils ont faim. Et si tu vois mon frère, dis-lui que j'aimerais lui parler, s'il te plaît.

En vérité, elle voulait juste s'en aller, se réfugier dans la chambre et pleurer. Elle avait élevé Eri comme sa propre fille et l'aimait comme telle. Soudain, elle sentit ses pieds quitter la terre ferme, elle eut tout d'abord un accès de panique mais se rassura en sentant l'odeur familière de son frère. Elle posa sa tête sur l'épaule de celui-ci, visiblement épuisée. Kai lui demanda de porter Hide jusqu'à la chambre, mais elle attrapa le bras de son époux lui demandant de rester avec elle pour la journée. Il réfléchit longuement puis finit par céder et son aîné put enfin l'emmener se reposer.

Nos serments éternelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant