À sang chaud

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Hide arqua un sourcil face au geste d'Overhaul et à l'attitude de son aîné. La prenaient-ils pour une personne si faible que ça ? Elle sentit la main de Kai se crisper sur sa jambe tandis que Shigaraki lui lançait des piques qui firent doucement rire la jeune femme.

- Enlève tes pieds sales de la table, fit le boss

- Demande-le plus poliment, c'est vous qui demandez une faveur pas nous, répliqua le vilain

La femme du chef fronça les sourcils. Ils s'en seraient mieux sortis tous seuls sans l'aide d'une bande de dégénéré. Franchement qu'est-ce que Kai avait en tête ? Qu'espérait-il obtenir de ce groupe sans foi ni loi ? A part ternir la réputation du Shie Hassakai ! Il n'allait pas obtenir quelque chose qui serait à leur avantage et cela l'angoissait particulièrement. Elle jeta un regard à son frère espérant qu'il comprenne ce qu'elle essayait de lui transmettre silencieusement, cela n'échappa à son époux qui la regardait à ce moment-là. Hari posa doucement une main sur l'épaule de sa petite sœur, Shigaraki émit un ricanement moqueur, ne connaissant pas le lien de sang qui les unissait. 

- Revenons aux négociations, fit Hide pour la plus grande surprise de Kai. 

Elle croisa les jambes, affichant un masque d'impassibilité, elle reprit la parole avant même que Mimic et Kai ne puisse intervenir : 

- Vous acceptez une collaboration avec nous, sous certaines conditions, est-ce exact ? 

- Oui m-. . .

Le bleuté n'eut le temps de finir sa phrase qu'elle le coupa. Ce qui l'agaça et irrita légèrement le brun.

- Quelles sont ces conditions ?

- Tout d'abord, nous ne serons pas sous vos ordres, nous ferons ce qui nous chante, commença Shigaraki.

- Que c'est fâcheux, commenta Hide.

On aurait dit une partie de ping-pong interminable qui prit toute la salle au dépourvue, ils avaient fini par oublier toute la dureté de la jeune femme en affaire. Elle était tout le temps dans l'analyse, prévoyant chaque faits et gestes de son adversaire, devinant ce qui se passait dans la mécanique de son cerveau, cela lui donnait un coup d'avance à chaque fois que ce soit héros, vilain, yakuza ou civil. C'est ce qui avait fait, jadis, sa renommée dans le milieu, un caméléon une enquêtrice. Sa posture, son ton, ses mots, tout chez elle était calculé jusqu'au moindre de ses mouvements qui mettrait mal à l'aise n'importe qui, son époux, son frère et même Shigaraki semblaient désarçonnés par tant de maîtrise de soi. Il émanait d'elle une confiance dérangeante.

- Ce sera tout ? demanda-t-elle. 

- Non. Vous avez dit que vous aviez que vous aviez un plan, parlez-moi un peu de votre plan, c'est la moindre des choses, dit-il. 

A peine passa-t-il une main sous son manteau que les armes de la fratrie Kurono se retrouvèrent braquer sur le chef de l'Alliance, droits et sévères. 

- Tu prends un peu trop la confiance à notre goût, dirent-ils d'une même voix. 

Cette sensation d'harmonie entre elle et son frère la remplissait intérieurement de joie, comme si rien n'avait changé, comme s'ils n'étaient qu'encore des adolescents. Cette énergie qui circulait entre eux offrit à Hide une certitude qu'elle seule pouvait percer à jour : Hari ne les avait pas trahi. Elle en était certaine à présent, elle échangea un regard avec lui et ils se comprirent aussitôt. Quant à Shigaraki, il perçut le potentiel et la dangerosité des deux.  

- Chrono, Hide, laissez-le tranquille, leur ordonna Overhaul d'une voix calme.

Ils rangèrent leurs armes et la yakuza aux cheveux d'argent regagna sa place auprès de Kai, le chef de la ligue se figea momentanément à la vue du ruban rouge sang dans ses cheveux. Le professeur lui avait déjà parlé d'une yakuza dont le signe distinctif était ce fameux ruban, une légende urbaine de leurs jours. Cela ne pouvait pas être elle ! Ils ne connaissaient ni son identité, ni son affiliation et Shigaraki aurait bien aimé l'avoir dans ses rangs depuis qu'il lui avait conté cette histoire. Rien ne lui permettait de les rapprocher hormis ce ruban. Cette bande de rigolos ne pouvait pas compter dans leur rang une combattante aussi réputée ! Et puis si ça se trouve, c'était une pratique commune que les femmes yakuzas portent un ruban écarlate dans les cheveux. Shigaraki ne savait rien de leurs coutumes. 

- Tch ! Inutile de prendre la grosse tête tous les deux, vous n'êtes bons qu'à servir de bouclier, vous ne valez pas la vie de Magnet, bien que je dois avouer que je ne dirais pas non à la femme, les provoqua le chef des vilains.

Ce fut au tour d'Overhaul de perdre patience, le chef se leva dans l'intention de lui infliger la correction qu'il méritait pour avoir posé ses yeux sur sa femme mais, celle-ci l'avait devancé. Elle venait de lui décocher un violent coup de pied dans le visage, il n'aurait pas aimé être à la place de Shigaraki, qui envoya valser la main qu'il portait au visage. Cela déclencha une panique chez le vilain qui alla la chercher en vitesse pour la remettre à sa place. Il se jeta sur la femme yakuza afin de lui faire regretter son acte. Si Hide n'eut guère le temps de le voir venir, Hari, lui,  eut le temps. Il se propulsa sur sa cadette pour l'écarter de sa trajectoire. Emportés par l'élan du plus âgé, ils roulèrent sur le sol sur quelques mètres manquant de se prendre un mur. Shigaraki se rattrapa de justesse et Overhaul devait faire un effort pour conserver son calme, ils avaient vraiment besoin de cette alliance. 

- Enflure, marmonna le frère. 

Il regarda sa petite sœur, bien frêle à côté de lui, qu'il écrasait à moitié.  Il pouvait sentir le cœur de celle-ci qui battait à tout rompre sous le choc. Il se releva un peu, la gardant dans l'étreinte protectrice de ses bras et jetant des regards noirs au chef de la ligue. 

- Allez vous calmer dehors, Hide et Chrono, intervint la voix autoritaire du boss. 

- C'est tout ce que tu trouves à dire ? s'indigna son épouse.

Overhaul se massait les tempes comme s'il avait mal à la tête tandis que Madame Chisaki et Chronostasis bouillaient de rage, conscients d'avoir échapper de près à la mort. 

- J'AI DIT DEHORS ! VOUS REVIENDREZ QUAND VOUS SEREZ CALMES ! Rugit le brun. 

Cette scène semblait beaucoup amuser leur invité indésirable. Il n'en fallut pas plus pour vexer la fratrie Kurono qui sortit en furie de la salle, fermant la porte en un grand bruit qui les fit tous sursauter.  

Nos serments éternelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant