Savoir tourner la page

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Sarah

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Vendredi 14 décembre

J'ouvre les yeux lentement. Je me sens tellement fatiguée que je n'ai aucune envie de bouger. Mes membres sont engourdis et tout mon corps me supplie de me rendormir. Je rêve ne que d'une chose : faire comme d'habitude, écouter la petite voix dans ma tête et me forcer à me rendormir afin d'échapper au monde réel. Néanmoins, ce matin, sans vraiment savoir pourquoi, je ne l'écoute pas. À la place, je tourne la tête et je regarde l'heure qu'il est. À moitié aveuglée par les chiffres rouges écarlates de mon réveil, le cadran m'indique qu'il est seulement 6h30. Pourquoi suis-je réveillée à cette heure si matinale ? Il est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Mon alarme ne doit sonner que dans une bonne heure et demie. Et comme les jours précédents, j'aurais traîné au lit autant que possible avant de devoir me forcer à aller au travail. Pourquoi est-ce différent aujourd'hui ? Le manque de sommeil peut expliquer mon état de fatigue. Je ne dors pas beaucoup en ce moment. Mes nuits se ressemblent. Soit j'ai un peu de chance et j'arrive à dormir au maximum trois heures par nuit, soit c'est l'inverse et mon sommeil est chaotique, ce qui fait que je tourne toute la nuit.  sans réussir à fermer l'œil. Mais qu'importe mon sommeil. Cela ne change pas le fait que je fais d'horribles cauchemars. Quand j'arrive à leur échapper, c'est seulement parce que le sommeil est aux abonnés absents et que je ne ferme pas l'œil de la nuit. Ces derniers jours, j'ai enchainé les nuits blanches. Impossible pour moi de fermer l'œil ou de me reposer sans être assaillie par ces cauchemars. La faute à cette période de l'année. Elle me rappelle un souvenir particulièrement douloureux que je préfèrerais oublié.

- Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, je grogne à moitié réveillée. Dans quelques jours, ça ira mieux.

Je soupire longuement et je me tourne dans mon lit. J'espère pouvoir profiter d'un moment de répit. Comme à son habitude, mon corps me réclame une chose que je n'ai pas eu depuis longtemps : une grasse matinée. Je rêve de pouvoir rester au lit toute la matinée sans me soucier de mon travail ou de quoi que ce soit d'autre. Mais c'est sans compter sur la couverture qui glisse le long de mon corps. Cette dernière termine sa route au pied du lit. L'agréable chaleur que me procurait mon épaisse couverture pendant la nuit cède alors la place à une fraîcheur glacée qui n'est pas la bienvenue. Le froid vient cueillir mon corps tout entier. Je frissonne au milieu du lit. Bien que l'appartement soit entièrement chauffé, le temps à Dublin n'est jamais très chaud. Et puis, la ville se prépare lentement à entamer sa saison hivernale. Cette année, elle s'annonce bien plus froide et rigoureuse que les années passées. La neige tombe déjà depuis quelques jours et les températures descendent très souvent dans le négatif. Les routes sont souvent gelées et les jardins ont, la plupart du temps, une fine couche de neige. Naturellement, les matins sont donc frais. Ainsi, quand je me réveille, j'aime rester le plus longtemps possible sous la couette, même si je ne dors guère, avant d'affronter la réalité et les dures journées glaciales. Mais aujourd'hui, le destin a décidé de n'en faire qu'à sa tête. La preuve en est : la couverture a glissé au sol.

Toujours allongée au milieu du lit, je suis prise de tremblements incessants. Mon corps devient glacé sans sa précieuse protection contre le froid. Il faut que je la récupère le plus rapidement possible si je veux pouvoir me réchauffer un tant soit peu. Sachant qu'elle ne va pas revenir dans le lit toute seule, je me résigne à me redresser. Toujours à moitié endormie, les yeux mi-clos, je me penche hors du lit pour ramasser la maudite couverture. Le jour ne s'est pas encore levé, ce qui fait que ma chambre est plongée dans le noir. À force de tâter le sol, je finis par trouver ce que je cherche désespérément. Je soupire longuement avant de me redresser une fois de plus. Cependant, j'ai beau tirer, je sens que la couverture fait de la résistance et a décidé de rester là où elle est.

Le prix de la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant