L'étoile

Chapitre 8 : souvenirs (première partie)

PDV extérieur

Lorsque Harry Potter et Draco Malefoy était en sixième année, beaucoup de choses changèrent. D'abord ce fut leur manière de voir l'autre qui changea. Ils n'en avaient pas conscience au début. Draco Malefoy s'était rendu compte des sentiments qu'il éprouvait pour son ennemi quand Harry Potter était entré dans son compartiment dans le Poudlard express. Il en avait pris conscience parce que, quand il avait frappé Harry, cela l'avait fait souffrir et parce qu'il avait eu des remords après l'avoir abandonné sous sa cape d'invisibilité. Draco avait définitivement compris lorsque le soulagement l'avait envahi en voyant Harry entrer dans la Grande Salle.

Cela avait pris plus de temps pour Harry. Lui aussi s'était senti mal après cet événement, comme si le fait que Draco le déteste avait soudain son importance. Mais il avait interprété ça comme une inquiétude. Harry se disait que si Draco Malefoy continuait de le haïr, il risquait d'aider les mangemorts à le tuer. Jamais il n'aurait imaginé ça puisse être de l'amour. Il fallut plusieurs mois pour qu'il comprenne. Quand il remarqua que son inquiétude concernant Draco virait à l'obsession, quand il remarqua que Draco était moins cruel lors de leurs disputes, quand il remarqua qu'il écoutait plus Hermione lorsqu'elle parlait de lui. Mais ce qui lui fit vraiment comprendre se déroula dans les toilettes de Mimi Geignarde.

Il entra alors en silence.

À l'intérieur, Draco Malefoy lui tournait le dos, cramponné des deux mains au lavabo, sa tête aux cheveux d'un blond presque blanc penchée en avant.

Quand il vit ça Harry eut pitié du Serpentard. Il avait envie de le prendre dans ses bras, de le réconforter.

— Non, calme-toi, dit la voix chantante de Mimi Geignarde qui s'élevait de l'une des cabines. Calme-toi... Dis-moi ce qui ne va pas... Je peux t'aider...

— Personne ne peut m'aider, répondit Malefoy, le corps tremblant. Je n'y arrive pas... C'est impossible... Ça ne marchera pas... Et si je n'y parviens pas bientôt... Il a dit qu'il me tuerait...

Avec un choc si considérable qu'il en fut cloué sur place, Harry comprit alors que Malefoy pleurait - pleurait vraiment -, des larmes coulant de son visage blême dans le lavabo malpropre.

À cet instant, les pensées de Harry Potter s'éparpillèrent : "le tuer ?? Comment ça le tuer ?" et Harry comprit qu'il ne pouvait pas imaginer sa vie sans Draco. Il eut soudain envie de se rapprocher de son ennemi, de passer ses bras autour de sa taille.

Malefoy sanglota, renifla puis, parcouru d'un grand frisson, regarda le miroir craquelé et vit par-dessus son épaule Harry qui le regardait.

Il fit aussitôt volte-face en sortant sa baguette. Instinctivement, Harry sortit la sienne.

Ils n'avaient tous deux aucune envie de se battre, l'un se savant déjà amoureux, l'autre le découvrant. Et pourtant...

Le sortilège de Malefoy manqua Harry de quelques centimètres, fracassant la lampe accrochée au mur, tout près de lui. Harry se jeta de côté, pensa "Levicorpus !", sa baguette brandie, mais Malefoy bloqua le maléfice et leva la main pour en envoyer un nouveau.

Leurs vieilles habitudes avaient repris. Ils allaient se battre jusqu'à ce que quelqu'un les arrête. Ou que ça finisse mal.

— Non ! Non ! Arrêtez ! s'écria Mimi Geignarde, l'écho de sa voix résonnant avec force sur le carrelage. Arrêtez ! ARRÊTEZ !

Ils voulaient tout deux écouter Mimi. Mais ils ne le firent pas. Harry Potter priait pour qu'un professeur arrive et les séparent. Draco Malefoy, lui, espérait que Harry arrêterait en premier.