Partie 2 :Le Long Voyage

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Les premières pluies sont tombées, le paysage est beau. 

La verdure est très jolie à voire, les arbres ont fleuri, les feuilles sont passées de jaunes tombantes à vertes smaragdines et les fruitiers commencent à donner des fruits. Il fait beau temps, le ciel est presque tout le temps couvert en cette période de saison de pluie et le climat est favorable, ni trop froid ni trop chaud.

La date butoir est arrivée. C'est le moment de partir. Partir loin de la famille, endosser mon rôle d'ainé et faire face à la vie. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait, mais une chose était sûre, j'étais prêt à m'engager, j'étais persuadé que je devais faire ce voyage. Je devais quitter très tôt cette fois, car le voyage allait être long. Ma mère semblait être triste et mon père semblait être inquiet. Inquiet de laisser son fils entre les mains de dieu, face à son destin et surtout à la merci des blancs. Mon père m'avait préparé deux amulettes magiques qu'il avait remis à ma mère pour qu'elle me le couse. La première, je devais l'attacher toujours sur ma main droite, elle attirait la chance et mettait de la baraka dans tout ce que je toucherais et la seconde, je devais me l'attacher au tour de la taille, elle était censée me protéger des mauvais sorts, de la langue et des yeux et était aussi une anti-prison ; tant que je l'avais sur moi, aucune personne ne pourrait me mettre derrière les barreaux peu importe son grade.

L'horloge devrait afficher 3h du matin, j'étais déjà prêt. Mes parents étaient debout et n'attendaient que moi. Ma maman me prépara un petit déjeuner copieux pour m'aider à affronter cette route qui s'annonce difficile. Avant de partir, mon père m'invita à m'assoir et me dit ceci : "Mon fils, je te laisse entre les mains de dieu, il saura te protéger, mais n'oublie jamais d'où tu viens, c'est la chose la plus importante que je puisse te dire, car si tu n'oublies pas tes origines, tu ne laisseras pas tomber les enseignements qu'on t'a donnés. Tu es un musulman, ne délaisse jamais la prière où que tu sois, ne touche pas à l'alcool, ne fume pas, ne touche jamais au bien d'autrui, que la faim, la fatigue, la pauvreté ne te pousse jamais à perdre ta dignité, sois digne, juste et respectueux. Toute personne qui te fera du mal, pardonne lui et éloigne-toi de la violence dans toutes ses formes. Que ma bénédiction soit avec toi fils ! "          Ma mère en sanglot voulait y rajouter quelques choses, mais elle était déjà en larme, elle me dit juste que le bon dieu te protège mon fils et elle me remit un sac en cuir rempli de nourriture : du couscous, du sucre, de la viande cuisinée et séchée et de l'argent environ 50 fcfa. 

Le départ était donné, j'étais en sanglot. Je ne voulais pas que mes parents me voient en train de pleurer, ce qui pourrait me faire passer pour un faible et je n'arrivais pas à dissiper cette peur, j'avais peur surtout de ne plus revoir mes parents qui commençaient à prendre de l'âge, j'avais peur de cette distance et de la solitude qui l'accompagne, mais je ne pouvais plus faire un retour en arrière.

 Me voici sorti de la maison, direction Podor ou je devais prendre le bateau à destination de saint louis.


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 05, 2022 ⏰

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