Une fois la prière de l'aube terminée, mon père pris son chapelet, égrena quelques perles et puis me dit, viens fils ! tend tes mains et dis amine. Je ne sais pas ce qu'il disait, mais ça semblait venir du cœur et bizarrement, c'est comme s'il voulait me montrer la beauté du coran et me pousser à bien apprendre, car je ressentis des frissons quand il récitait des versets avec sa voix grave. Je n'ai pas tout compris, mais à la fin, il m'a demandé de faire une Fatiha parce qu'il me l'avait déjà enseigné ainsi que quelques sourates pour faire la prière. Et, sachant que pour la salatoul Fatiha qui est la prière sur le prophète, je ne m'y connaissais pas. Il me demanda juste de faire ya latif 7 fois. Chose que j'ai fait et que je continuai de faire à chaque fois que je pensais à ces moments, car ça me paraissait si facile. Nous sortîmes de la chambre et je vis ma mère en train de balayer la cour de la maison. Ne voulant pas pleurer tôt le matin parce qu'on dit chez nous que les pleurs matinaux portent malheur, je dis juste : au revoir mère et elle me répondit au revoir fils. Mais il y avait aussi une autre raison pour laquelle j'ai évité de pleurer. Il y avait six autres enfants qui allaient faire le voyage avec moi et je ne voulais pas qu'ils me prennent pour un faible.
Nous arrivâmes au point de rendez-vous, tout le monde était prêt. Dès que mon père aperçu le marabout, il me demanda de hâter le pas pour ne pas manquer du respect au marabout et aux enfants qui nous attendaient. Mon père salua longuement le marabout et lui présenta ses excuses pour le retard et me dit "cireyam, sa yehi tinno, mi resndimo allah". Il m'encouragea et pria pour moi une dernière fois et me montra le dos. Je voulais tant lui courir après mais il se précipita de disparaître très rapidement afin que je ne songe à revenir. Mon marabout se pencha sur moi et me dit "Tokoro" qui veut dire homonyme, car c'était mon homonyme. Il s'appelait cire sabbé. Il est temps de partir. Restez derrière moi et si vous avez besoin de boire, faites-le-moi savoir.
Nous quittâmes notre village natal gawde boffe. Nous nous dirigeâmes vers Taredji. Avant que les cases disparurent derrière la montagne, on arrivait à apercevoir le haut des cases de nos concessions, car le village était petit et on pensait à nos parents. Nous étions sept mais ne formions qu'un derrière notre marabout parce que nous avions peur. La vérité est que l'on a jamais osé arriver à ce stade de la foret. Nous étions tous apprenti berger, mais on ne sortait pas du village. Il y avait assez d'herbe pour nourrir le bétail. L'autre raison est que la foret était habité par des djinns. Des diables qui hantaient nos nuits, car à chaque fois que l'on faisait un dégât. On nous menaçait de nous amener à "thingoli " qui est selon ceux qui l'ont connu une créature dont la longueur n'a pas de fin. Si tu le vois, il vaut mieux ne pas lever les yeux. Il y avait aussi "guital gotal" , qui est une créature avec un seul œil sur le front, mais celui qui nous faisait le plus peur, c'est "kablamala", ce djinn qui prenait l'apparence qu'il voulait. Parfois, c'était un enfant, parfois une femme, parfois une vache. La seule chose qui nous permettait de l'identifier était qu'à chaque fois que l'on était en face de lui, tout notre corps tremblait mystérieusement, nos cheveux semblaient avoir été verser d'un pot de gel. Mais heureusement que l'on avait notre marabout devant, de temps en temps, on l'entendait réciter une sourate que j'ai sue par la suite qu'elle s'appelait ayat al koursiyou. On ne voyait rien, mais lui, il paraîtrait bien que oui ou bien peut-être, il sentait leur présence. Dans tous les cas, lui paraissait ne pas avoir peur. On marcha à peu près huit longues heures avec un peu de repos, puis on arriva à ce qui me paraissait être l'actuel Alana ou Mafré. Mon marabout qui avait deux sacs en cuirs sur son dos appelé "soumalé". La première contenait du couscous, le fameux lathiri ndiorndi, compagnon des voyageurs et la seconde contenait de l'eau. Il mélangea vite fait et nous donna. Je n'ai jamais mangé une chose d'aussi insipide. Il n'y avait ni du lait ni du sucre. Mais après une demi-journée de marche, nous mangeâmes tout et très rapidement. Nous nous reposâmes une heure et demie puis se mime en route. Nous gravîmes la montagne de Mafré appelé " toulel mafre", puis nous arrivâmes à diollol wowrou et enfin à toulde baddé qui jouaient office de tableau d'entrée à Taredji.
Il y avait quelques concessions, mais la plupart étaient déserte à cette époque de la saison. Nous nous installâmes dans une maison d'un cousin à mon marabout et nous nous reposâmes, car il commençait à faire nuit. Le lendemain, notre marabout nous demanda d'aller voir s'il y avait assez de maison dans le village parce qu'il nous était impossible de rester dans un village désert.
Ce fut mon premier jour en tant que disciple coranique, ce fut le premier jour où je marchai de maison à maison à la recherche de quoi manger. Les habitants qui rester dans le village étaient heureux de nous voir. Il suffisait qu'ils nous voient venir de loin pour nous apporter de quoi manger et de quoi boire. J'étais surpris de voir des mendiants aussi gâtés, mais hélas, c'était la belle époque. Les questions venaient de tout bord. D'où est-ce que vous venez ? Qui sont vos Parents ? Qui est votre marabout ? ... Et nous, surpris par cette hospitalité, on n'hésitait pas à répondre la bouche pleine, car il faut l'avouer, le repas que nous a servi le marabout était pire que la bouffe des prisonniers. Mais ce qui m'a le plus marqué ce jour, c'est que moi et mes compagnons avaient tellement mangé que nous n'en pouvions plus. On dirait qu'il y avait de la concurrence entre les femmes. Chacune voulait nous montrer son talent de chef cuisinier. Nos ventres criaient au secours !, mais on nous forçait de manger à chaque fois que l'on se présentait devant une maison, espérant avoir du lait ou du sucre ou des habits. Ce fut sans doute ma plus belle journée.
Une fois à la maison tokoro notre marabout était surpris de voir tout ce qu'on a ramené. Il ne pensait pas qu'à ce temps de transition entre la saison des pluies et la saison sèche, les habitants allaient être aussi généreux. Après la prière, nous sommes allés à la foret pour récupérer du bois mort afin de pouvoir apprendre la nuit. À cette époque, il n'y avait ni d'électricité ni de lampe pétrole ni d'autres appareils pouvant servir à procurer de la lumière.
Ainsi, lorsque la nuit tomba, nous allumâmes notre grand feu au milieu de la maison et nous, nous mime autour avec nos ardoises en bois faites toutes par samba labba, le charpentier du village. Et il fut juste question pour le marabout de voir chacun ce qu'il savait déjà à travers ses parents. J'étais le plus calé parce que mon père était marabout, mais les autres étaient tous au point de départ avec l'apprentissage de l'alphabet arabe ( baa, signikogne, alif, lam, mimrak.......). Nous étions tellement fatigués par le voyage que nous sommes tous endormi, nos ardoises à la main à côté du feu. Le marabout nous réveilla et nous partîmes nous coucher.
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De la mendicité au trône
Short Storyceci est une oeuvre qui retrace la vie de mon pere. Un homme de valeur , halpoular de sang, français d'adoption. Un mendiant qui a vecu comme un roi. Un enfant des rues de la capitale qui a fait la france et plein d'autres pays. Sur ce livre son his...