Juste une semaine passée à taredji mais à vrai dire cela me semblait être une éternité tellement je pensais à mes parents. Mon père et surtout ma maman, cette brave dame qui se bat de l'aube à la nuit pour le bonheur de son époux et de ses enfants. Je ne l'ai jamais vu se lamenter parce qu'il y avait beaucoup de travail à faire. Non au contraire, on dirait même qu'elle s'ennuyait quand il n'y avait pas de choses à faire. Elle se réveillait bien avant l'aube, faisait ses ablutions et se mettait à prier. Une fois ceci terminé, elle balayait la cour de la maison en même temps, surveillait la marmite au feu qui contenait notre petit déjeuner. À cette époque il n'y avait pas du café et du pain comme aujourd'hui, on buvait le matin du bouilli chaud à base de maïs et de mil que l'on mélangeait avec du lait caillé de vache sans sucre qui était une denrée rare. Aussitôt que l'on avait terminé de manger, elle rassemblait les ustensiles de la cuisine, les lavait puis les ranger dans sa cuisine.
La montre devrait afficher normalement à cette heure huit heures et demie, c'est à cette heure que "thirngel" comme on l'appelait tous, partait traire le lait de nos vaches. Le village de gawde boffe n'était pas très habités, car la population était partagée entre gawde, dioundou et roundo. Même taredji n'existait pas, c'était juste un lieu d'escale même si certaines familles avaient commencé à s'installer pour de bon. À gawde boffe, tous les bovins du village étaient regroupés à la même place, thirngel et les autres femmes arrivaient à traire le lait de plusieurs vaches en quelques minutes. Parfois, je me disais que ce n'est pas juste de l'habitude, mais aussi un peu de magie. Elles s'y prenaient très bien et très arrivés à gérer, même les vaches folles comme je les appelais. Ce sont ces vaches qui étaient très agitées, qui refusaient de donner le lait à leurs petits et qui faisaient fuir tous les enfants. Le plus souvent, on attache un long bâton sur la corne pour pouvoir les maîtriser.
Une fois cet exercice quotidien terminé, maman revenait à la maison avec sa calebasse pleine de lait et elle se mettait à le bouillir puis passait à la fermentation. Parfois, je la regardais et je trouvais tout ce qu'elle faisait normale, mais au fur des années, je me suis convaincu qu'elle n'était pas normale, car elle ne se fatiguait jamais. Elle buvait juste un peu d'eau et se mettait à se préparer pour la cuisson du déjeuner. Il n', il n'y avait pas de légumes ni certaines épices, mais les femmes arrivaient toujours à servir des plats succulents. Je ne sais pas quels étaient leurs secrets, mais je sais juste qu'à chaque fois qu'elles partaient cueillir du bois mort dans la foret, elle rapportait aussi des feuilles d'arbres de tout genre qu'elles faisaient sécher puis piler et transformer en poudre. Maman était une championne dans le village, c'est pourquoi elle gardait toujours le sourire quand elle cuisinait, parfois, elle semblait rire comme si elle discutait avec sa marmite, mais peut-être que c'est le plaisir de ceux qui auront le plaisir de manger qu'elle ressentait. Confiante de ses capacités à concocter des plats succulents, elle trouvait toujours un plaisir à faire le tour du village avec trois à quatre calebasses sur la tête qu'elle remettait aux voisins. Il fallait la suivre pour voir le sourire des récipiendaires, pour comprendre l'importance du partage, de la solidarité quand on vit en société. Je n'avais pas de montre, mais l'heure devraient être au alentour de quinze heures, c'est à cet instant de la journée que nous prenions une sieste juste après la prière. L'habitude de faire du Thé après les repas n'est venu que des années après.
Avant la prière de l'après midi, elle se réveillait et se mettait à coudre des habits qui n'étaient même pas déchirés. C'était juste sa méthode pour avoir quelques chose à faire. Une fois la prière terminée, elle se mettait encore à côté de sa marmite pour la cuisson du dîner, car on mangeait tôt et on dormait très tôt pour bien se reposer. À part certains jeunes qui faisait la vie nocturne ("hiirde"), les vieux et les enfants dormaient une fois les ventres pleins. Quand j'y pense je me dis oh que la vie était belle ! la vie était tellement simple et facile. On avait besoin que de la nécessité pour vivre. Ah la belle époque !
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De la mendicité au trône
Short Storyceci est une oeuvre qui retrace la vie de mon pere. Un homme de valeur , halpoular de sang, français d'adoption. Un mendiant qui a vecu comme un roi. Un enfant des rues de la capitale qui a fait la france et plein d'autres pays. Sur ce livre son his...