chapitre 4

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Assise dans mon canapé, le regard dans le vide, la télévision en fond, je repense à ce que ma grand-mère à dit. L'accident était-il prémédité ? Non, je ne pense pas que mes parents auraient mis la vie de leurs enfants en danger. Dans ma cave, j'ai encore quelques cartons qui appartenaient à mes parents, je devais les trier une fois prête mais je n'ai jamais réussi à mettre les mains dedans. Peut-être qu'aujourd'hui est LE jour pour mettre la main à la pâte. Je reste devant cette grande porte en bois pendant quelques minutes, j'espérais ne jamais avoir à faire ça : fouiller dans leurs affaires personnelles. Mes mains tremblent juste à l'idée de mettre cette fichue clé dans la serrure.

"Nous avons tous notre jardin secret ma chérie, avant vous, nous avons eu une vie bien remplie, une vie que les enfants ne doivent pas connaître, nous emporterons nos secrets avec nous."

Et si je tombais sur quelque chose que je ne suis pas censé savoir ? Je prends mon courage à deux mains et ouvre la porte. Tous les cartons sont empilés par catégorie, je vais commencer par les photos – que j'ai déjà vu des milliers de fois étant petite -.

Le mariage de papa et maman, comme tout enfant, on ne connaît pas la moitié des invités, mais j'aimerais savoir si cet oncle mystérieux est sur les photos de mariage de mes parents. S'il était si important aux yeux de papa, il devrait être sur l'une d'elle. Je feuillette... et je ne le vois nulle part. Peut-être que papa n'avais plus de contact avec lui à ce moment-là ?

Maman avait une manie de faire des arbres généalogiques avec des photos très gênante de toute la famille, peut-être que le frère-jumeaux-alias-l'oncle-mystérieux est sur cet arbre ?

*DING DONG*

Forcément, quand ça commence à être intéressant... je remonte ouvrir la porte et tombe nez à nez avec ma grand-mère.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je viens vérifier que tu ne t'aventure pas dans le passé de tes parents.

- *rire*

- Anna, ne t'aventure pas là-dedans, tu es bien trop fragile.

- Fragile ?! Sérieusement ? Qu'est ce qui pourrait être pire que de découvrir qu'un oncle sorti de nulle part à provoquer l'accident de mes parents qui a rendu invalide mon petit frère ?!

- Bien trop de choses ma petite.

- Sors de chez moi, quand tu auras une information importante tu pourras retraverser cette entrée.

- Tu ne dois pas en vouloir à Thibaut.

- Il sait des choses que j'ignore, et j'aimerais savoir lesquelles.

- Tu le sauras, un jour...

Sur cette phrase, Grand-Mère sorti. Des larmes roulèrent sur mes joues, je sais que mes parents ont un passé, comme tout le monde, mais de là à ce que personne ne m'en parle...

*Maëlys*

- Salut ma belle !

- Salut !

- Ça te dirait de sortir ?

- Oui, pourquoi pas !

- J'ai quelque chose à t'annoncer, rejoins-moi au Starbucks.

Sur ces mots, elle raccroche. Je descends fermer la cave à clé, remonte prendre une douche, enfiler une robe, et pars en direction du Starbucks. En arrivant devant le Fast Food, j'aperçois Maëlys, avec mon petit frère. Nous nous installons à une table, après une bonne heure, j'apprends donc que ma meilleure amie est avec mon petit frère depuis un an et demi, et qu'ils ont décidés d'emménager ensemble, ils ont la bénédiction de ma grand-mère.

- Mais... tu as 16 ans !!!

- Et voilà, je le savais... arrête de me voir comme un gamin !

- Maëlys, tu ne peux pas emménager avec mon petit frère, c'est encore un gamin, il n'a que 16 ans, tu ne pourras pas gérer son lycée, ses rendez-vous au Centre... ce n'est pas à toi de gérer tout ça en plus de ton travail...

Thibaut lève les yeux au ciel, et part dans la direction opposée de notre table.

- Écoute Anna, ton frère n'est plus un enfant, en plus il fait d'excellent progrès au centre, et les professeurs sont d'accord pour lui envoyer tous ses cours par mail pour qu'il puisse suivre comme s'il était au lycée. Laisse-lui sa chance. Il ne grandit pas comme les autres adolescents de son âge, il est bien plus mature que tu ne peux l'imaginer. Arrête de le couver... Tu le freines...

- Je le freine ?!

- Est-ce que tu as déjà demander à ton frère pourquoi il ne veut plus que tu l'accompagnes au centre ? Au lycée ? Anna, il a perdu ses jambes, pas sa langue, ni sa tête.

- Je ne comprends pas ?

- Tu décides tout à ma place depuis que les parents sont morts, tu décides de ce que je dois faire ou ne pas faire, j'ai le droit de décider ce dont j'ai envie de faire ou pas.

Je n'avais pas entendu mon petit frère arriver.

- Aujourd'hui j'ai réussi à faire un pas, un véritable pas, avec mes jambes, mon évolution est formidable en quelques mois. Quand tu m'emmène, tu es souvent, pour ne pas dire tout le temps, négative. Tu étais persuadée que ce centre et ses exercices ne servaient à rien, que je ne retrouverais jamais l'usage de mes jambes, mais quand tu n'es pas là, je pense tout le contraire, et ça à porter ses fruits... Tu es tellement ancré dans ton idée, tu te sens tellement responsable de l'accident que tu emmènes tout le monde avec toi, dans ta négativité. Je pense qu'avant de m'aider, tu devrais t'aider, toi.

Mes yeux me brûlent, je ne sais pas quoi dire. Je le sais, dans le fond, qu'il a raison. J'ai arrêté la thérapie pour me concentrer uniquement sur mon petit frère, sans me rendre compte que je le freinais au quotidien. Mon petit frère m'embrasse et repart avec Maëlys. En partant j'entends Linda – qui est de service - crier mon nom.

- Attends ! Tu allais oublier ton sac.

- Oh merci Linda.

Une fois à la maison, pour éviter de penser à ce que m'a dit Thibaut, je retourne à la recherche de cet arbre, je trouve des carnets, pleins de carnets... on dirait de vieux journaux intimes... à l'intérieur je trouve une grande feuille, l'arbre généalogique ! En l'ouvrant, des dizaines de cartes d'identité et passeport tombent. Je ne fais pas attention, c'était certainement aux membres de la famille décédés. Je parcours l'arbre, les derniers membres sont mes parents, Thibaut et moi. Du côté de la famille de Papa, rien n'est écris. Peut-être que Maman ne connaissait pas non plus l'existence de cet oncle. En parcourant les photos, je ne trouve aucunes photos de moi étant bébé. Nous avons dispatché les cartons chez Grand-Mère et chez moi, je lui demanderai si je peux faire un tour dans les siens, ou j'attendrais qu'elle soit au centre avec Thibaut. Je trouve également des cassettes "2008", c'est sûrement des vidéos de mon petit frère, je la mets de côté.

Je m'attaque aux cartons "babioles", tous les petits trophées de maman quand elle faisait de la majorette, les voitures miniatures que Papa collectionnait envelopper dans du papier bulle... le dernier bâton de maman, le premier qu'elle avait gagné... "Regarde ma chérie, regarde comme Maman était fière d'elle sur cette photo ! Elle avait gagné son tout premier bâton de majorette ! Elle en était si fière qu'elle le montrait à chaque occasion *rire*." Le pire, ce sont les souvenirs.

19h00

Il est temps d'arrêter de resasser tout ça et d'aller chercher de quoi manger, avant de refermer le carton, je prends la petite boîte à bijoux que Papa a offert à Maman pour leur anniversaire de mariage. Je veux simplement récupérer les alliances que j'ai mise dedans, pour pouvoir les mettre dans ma vitrine, où un présentoir à bijoux les attends. Pas d'alliances... elles sont peut-être tomber dans le fond du carton. Je reviendrais chercher demain. Je me lève, referme tous les cartons, et les replaces comme ils étaient. Je ferme la porte à clé, à contre-cœur.

Je pars en direction du Mc Donald, j'attends au Drive. Au moment de payé, j'attrape mon portefeuille et quelque chose en tombe. Je paie et m'arrête plus loin pour ranger ce qui est tombé... une photo, avec un mot "je ne peux rien te dire, mais je peux te mettre sur la piste. Linda." 1980- Valentin & Alix, je retourne la photo et la regarde attentivement. Mes...parents.

The other life ( EN RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant