chapitre 10

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          Nous restons un peu au lit, à discuter, à s'embrasser. Vers 11 heures, nous prenons une douche ensemble, ce qui nous a valu un énième round. Justin s'habille d'un jean bleu clair déchiré avec un t-shirt blanc. Quant à moi, j'opte pour une petite robe à manches longues marron et un collant de couleur chair. Avant de descendre, il m'aide à changer les draps et mettre nos vêtements éparpillés sur le sol dans la machine à laver. Après cela, Justin fait la vaisselle pendant que je range le salon et remet tout en ordre. Nos tâches respectives terminées, Justin m'apporte l'enveloppe.
     - Tu veux peut-être la jeter ?
Je secoue l'enveloppe, perplexe.
     - Il y a vraiment quelque chose à l'intérieur.
     - Oui Anna, comme toujours...
     - Non, quelques chose de solide.
J'ouvre et fais glisser le contenu sur ma table basse. Deux écrins en velours, un rouge et noir.
     - Sûrement les alliances.
J'avais raison, les alliances étaient sous mon nez. Sans un mot, je les saisies pour les mettre sur le présentoir - qui les attend depuis bien longtemps - dans ma vitrine.
     - Anna, tu ne te poses pas plus de questions ? Elles disparaissent puis réapparaissent comme par magie.
     - Ce sont des bijoux de valeur Ju', d'importance familiales, ça n'a pas d'importance.
     - Et si elles étaient fausses ?
J'éclate de rire.
     - C'est toi Sherlock maintenant ? Ne dis pas n'importe quoi ;
Je m'arrête devant la dite vitrine. Il faut que je me pose les bonnes questions. Et surtout que je reprenne cette satané thérapie avant de déraper.
     - Ma grand-mère nous attend, on y va ?
Justin acquiesce. Durant le trajet, la tension est palpable. En arrivant devant chez Grand-Mère, Justin sors en premier et vient m'ouvrir la porte. Thibaut nous regarde depuis le perron, le sourire aux lèvres. Je lui lance :
     - Voyeur !
     - Dit-elle !
Justine Ricane. J'avais oublié le petit épisode d'espionnage où j'ai été pris la main dans le sac par le même homme avec qui j'ai couché il y a moins de 24 heures. A cette pensée, mes lèvres s'étirent et mes joues rosissent. Je viens à la rencontre de mon petit frère qui m'enlace. Il me chuchote :
     - Tu me racontera plus tard hein.
     - Non mais tu peux rêver.
Il me lance un clin d'œil une fois détachée de lui. Ma grand-mère me regarde avec un air désolé, puis me tend les bras. J'hésite mais des bras féroces me pousse contre elle, Justin. Je lui lance un regard désapprobateur et fini par resserré mon étreinte autour d'elle.
     - Je suis désolée ma chérie.
     - Moi aussi, j'aurais aimé que tu me dises certaines choses.
Je me retire de son étreinte. Elle sert les garçons de leur boisson préférée, et elle m'entraîne à l'intérieur de sa somptueuse maison.
     - Alors ? Comme ça, toi et Justin ?
     - Je ne sais pas vraiment ce qu'on est tu sais.
     - Ah les hommes ! Tu devrais simplement lui poser la question.
Je déglutis. Poser la question. Je ne l'avais fait qu'une seule fois dans une relation, et j'avais été blessée, dans tout le sens du terme.
     - Oui, tu as peut-être raison.
Nous sommes interrompues par de gros fracas à l'extérieur et la voix de Justin.
     - Sortez d'ici, vous n'êtes pas le bienvenu.
Nous sortons. L'homme aux ressemblances troublantes était là, planté devant Justin, juste à côté d'une chaise renversée. Grand-Mère s'avance et me protège avec son bras.
      - Entrez les enfants, j'arrive dans quelques minutes.
Thibaut tenta de prendre la parole mais elle le fit taire d'un geste de main. Nous entrons dans la maison mais restons tout les trois assez près pour entendre leur conversation.
     - Sheila, Thibaut est au courant et Anastasia a compris, j'en suis sûr.
     - Anna, elle s'appelle Anna.
     - Oui bref, je peux les voir maintenant.
     - Non, tu ne peux pas. Va-t-en, c'est pas le moment.
     - Tu le regretteras.
     - Oui, j'ai déjà entendu ça quelque part.
Nous entendons des pneus crisser sur le gravier et partir trombe, puis, un nouveau fracas.

     12h30

          Il y a une heure, Grand-Mère s'est évanouie, nous attendons dans la salle d'attente des urgences quand Thibaut décide de prendre la parole.
     - Ces temps - ci, Grand-Mère a eu beaucoup de rendez-vous à l'extérieur. Vous pensez que ça peut être lié à son malaise ?
Des talons claquent dans l'escalier quand Maëlys pointe son nez.
     - Pardon ! J'ai fais au plus vite. Linda n'a pas pu se libérer.
Je ris de nervosité.
     - Qu'est-ce qu'il ya ?
     - Tu t'excuses mais on t'a entendu à l'autre bout de l'hôpital avec tes talons.
     - Oui, c'est vrai, j'avais un entretien pour ma boutique, je n'ai pas eu le temps d'aller me changer, je suis directement venu ici.
Le médecin se racle la gorge.
     - Vous êtes tous de la famille ?
Nous nous exprimons en chœur.
     -Oui.
     - Votre grand-mère a fait un malaise mais rien d'alarmant. Nous allons quand même la garder en observation mais je pense qu'elle sera libre d'ici deux petits jours.
Thibaut pose la dite question.
     - Vous savez de quoi ça peut venir ?
     - Votre grand-mère nous rend régulièrement visite ces derniers temps. Mais je ne peux pas vous dévoilez la raison, c'est confidentiel.
Encore une fois, avant que mon cerveau ne soit informé, je m'exprime.
     - Secret confidentiel ? Vous vous fichez de qui ?
     - Mademoiselle, calmez-vous.
     - Moi me calmer ? Vous venez de nous dire qu'elle venait régulièrement. Si elle ne veut pas nous dire pourquoi, qui le fera ?!?
     - Ce sera son choix Mademoiselle.
     - Son choix ?!?
Justin et Maëlys m'excusent, me prennent de force par le bras et m'entraînent à l'extérieur de l'établissement. Ma meilleure amie tente une première approche.
     - Ma biche, ça ne sert à rien de t'énerver, tout le monde cherche des réponses, pas seulement toi, mais on va les trouver.
Justin nous regarde à tour de rôle. Voyant que ce que Maëlys avait dit n'avait eu aucun impact, il tente à son tour.
     - Ma puce, fais comme moi.
Il inspire et expire bruyamment.
     - Maintenant, écoute - moi ok ?
Sa voix est si douce que ma tête acquiesce sans demander son reste.
     - Maëlys a raison sur un point, nous attendons tous des réponses mais ne t'attends pas au pire. Je sais absolument ce que tu ressens, mais, ma puce, ta grand-mère ne vas PAS t'abandonner.
Il a touché dans le mille. Ma peur de l'abandon depuis la disparition de mes parents est devenue plus intense. Des larmes roulent sur mes joues, je les essuient par fierté, rompant leur trajectoire.
     - Ne te cache pas de moi. Pleure si tu en ressens le besoin. Mais n'oublie pas, peu importe la raison de la venue régulière de ta grand-mère dans cet hôpital, elle s'en sortira. Avec nous tous à ses côtés.
Je m'effondre dans ses bras, il m'enlace très fort et embrasse le haut de mon crâne.

C'est décidé, je crois que je vais écouter ma grand-mère. Je me retire de ses bras et demande à Maëlys de nous laisser un instant, puis la remercie. Je me dandine sur moi même, ce qui arrache un sourire à Justin.
     - Tu vas me la poser ta question ?
     - Hein ? Comment tu sais ?
     - Sûrement parce que je me pose la même.
Je souris et moi lance.
     - Qu'est-ce que l'on est toi et moi ?
     - Qu'est-ce que tu voudrais que l'on soit ?
     - J'ai peur Justin, tu le sais même si tu ne sais pas vraiment pourquoi.
     - C'était un idiot. Tu veux que je lui casse les genoux ?
     - C'est inutile, je pense que les détenus en ont déjà fait leur sandwich.
Justin qui se dandinait, s'arrête net.
     - Quoi ?
     - Les détenus doiv. . .
     - Oui, j'ai bien compris mais, pourquoi ?
     - C'est du passé, peu importe.
Il m'enlace encore très fort, un peu trop fort.
     - Ju, tu m'étouffe.
Il relâche son étreinte. Il me fixe et m'embrasse langoureusement, comme pour panser mes blessures.
     - Plus personne ne te fera de mal.
     - Plus jamais ?
     - Plus jamais.
Il m'embrasse encore.
     - T'as eu ta réponse ?
     - Je crois oui.
Le rouge me monte aux joues.
     - Allez, allons voir ta grand-mère.
Nous entrons dans l'hôpital. Maëlys m'envoie un sourire désolé, sûrement à cause de son manque de tact.
Nous sommes autorisés à aller voir Grand-Mère deux par deux. Pour passer le temps, je fais des aller-retour à la cafétéria. Au bout du cinquième retour, Justin s'agace et me propose d'aller à la boutique pour dénicher une jolie peluche rigolote à Grand-Mère alias Mamie Sheila, comme il adore l'appeler. Nous faisons le tour du magasin et trouvons un petit panda avec un bandage autour de l'oreille tenant une pancarte "bon rétablissement", vraiment trop mignon. Mon petit ami insiste pour payer, ce qui me gêne.
     - D'accord mais tu restes à la maison ce soir.
     - Oh non, pitié, pas ça.
Il fit la moue et nous éclatons de rire. Nous repartons dans la salle d'attente, la peluche sous le bras, nos doigts entrelacés. Le silence s'abat sur la pièce malgré que Thibaut et Maëlys soient revenus. Le médecin revient nous voir pour que le deuxième couple - alias Justin et moi - rendre visite à Sheila. Nous suivons sa blouse blanche qui virevolte à chaque mouvement jusqu'à la chambre de Grand-Mère. Nous entrons à pas feutrés. Elle est concentrée sur l'écran de télévision suspendue au mur de la chambre quand elle nous remarque.
     - Oh les enfants, entrez ! Je ne vous ai pas entendu !
Je lui tend la peluche, qu'elle serre tout contre elle.
     - Ca va mieux ?
     - Oui ma chérie, mais prend le fauteuil ne reste pas debout ! Toi aussi mon garçon !
Nous nous installons sans un mot.
     - Je n'ai pas été tout à fait honnête avec vous. Thibaut n'a pas bien pris la nouvelle mais je sais qu'il s'en remettras. Que vous vous en remettrez.
Justin me prend le main.
     - De quoi tu parles ?
     - Je suis atteint du cancer. Je n'ai pas voulu commencer la chimio pour ne pas vous alarmer mais je vais le faire.
Les larmes me montent de nouveau aux yeux. Justin resserre sa main autour de la mienne.
     - Oh non ma chérie, ne pleure pas, je vais vite guérir ! Je suis entre de bonnes mains je te le promets ! Oh, viens là ma chérie.
Je me lève et prend ma grand-mère dans mes bras. Nous restons 30 minutes avec mamie et rentrons tout les quatre. Maëlys ramène Thibaut à la maison et reste avec lui le temps que Sheila soit de nouveau sur pieds. Quant à Justin et moi, nous prenons la direction du fast Food, puis du supermarché pour acheter de quoi manger ce soir. Ensuite nous rentrerons dans ma petite maison.

The other life ( EN RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant