chapitre 12

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J'ouvre petit à petit les yeux, aveuglée par la lumière. Je ne reconnaît pas tout de suite l'endroit. Je suis seulement vêtue d'une blouse blanche. J'en déduis que je suis à l'hôpital. Une silhouette est dos à moi, face à la fenêtre.
- Où suis-je ?
La silhouette se tourne face à moi. Justin me regarde, les yeux brillants.
- A l'hôpital.
Des larmes roulent sur ses joues.
- Ju'? Que se passe-t-il ?
- Tu as nous a fait très peur. Tu es restée inconsciente deux jours.
2 jours ?
- Les médecins disent que c'est un choc émotionnel intense.
J'essaie de me remémorer les derniers évènements quand un médecin entre dans ma chambre.
- Vous êtes réveillée !
Il a vraiment l'air heureux, c'est flippant.
- De quoi vous souvenez vous Mademoiselle ?
- J'ai passé une soirée superbe avec mon frère et nos amis.
- Et ensuite ?
- Nous sommes allés nous coucher.
- Ensuite ?
- Rien, je me souviens avoir rêvé de ma mère.
Justin regarde le médecin avec insistance.
- Bien, je reviendrais plus tard. N'hésitez pas à m'appelez si vous vous souvenez d'autre choses.
Il s'en va et ferme la porte derrière lui.
J'interroge Justin du regard.
- Tu as rêvée de ta mère ?
- Non, je sais ce que j'ai vu. Juste, ma mère est censé être morte Justin.
- Mais visiblement elle ne l'ai pas.
- Va t en. Je suis fatiguée.
- Pardon ?
- Laisse moi s'il te plait.
Il ne bronche pas et sors sans un mot. Il y a deux jours, j'ai vu ma mère dans mon salon, blessée par les morceaux du présentoir brisé, je sais ce que j'ai vu, je sais que c'est réel, mais je ne veux pas croire qu'ils aient simulés leur propre mort. Je pourrais ressentir une joie immense, être submergée par toutes les émotions positives qui puisse exister, mais à la place, je ressens de la colère. Une puissante colère. Mes parents sont vivants, -oui parce que maintenant je suis sûre que mon père à écrit cette fichue lettre. Je suis en colère car ils ont mis leurs enfants en danger, dans cet accident, mon frère à perdu l'usage de ses jambes. Nous avons des parents horribles. On frappe à la porte de ma chambre, rompant toutes mes pensées.
- Oui ?
- Hey... salut frangine.
Mon frère et sa petite amie entre.
- Salut vous.
Maëlys m'enlace fermement et Thibaut se contente de prendre ma main. Ma meilleure amie s'écarte de moi et brise le silence.
- Justin nous a raconté. Où est-il d'ailleurs ?
- Je l'ai renvoyé chez lui. J'avais pas envie d'entendre ce qu'il avait à me dire.
- Mais Anna ? Il est resté à ton chevet jusqu'à ton réveil !
- Et donc ?
- Tu aurais pu lui accorder un peu de temps . . .
Mon frère prend le relais.
- Je sais que tu ne veux pas l'entendre, mais il sont toujours là. L'homme chez Grand-Mère Anna, c'est notre père. Evidement je ne te demande pas de leur pardonner, mais simplement d'écouter ce qu'ils ont à te dire.
- Tu ne les a pas amenés ici rassure moi ?
- Non, évidement que non.
Je ne le montre pas mais je suis soulagée.
- Justin devait te la donner mais il n'a pas eu le temps.
Thibaut me tend une enveloppe blanche déjà ouverte, je la regarde avec dégoût.
- T'inquiète pas. Ce n'est rien de ce que tu pense. C'est une lettre du tribunal.
Une lettre du tribunal. Pire qu'une enveloppe pleine de photos finalement. C'est forcément pour Dylan. Je fais glisser le papier hors de l'enveloppe.
- Procès, 23 octobre.
Thibaut me regarde avec insistance.
- Tu compte me dire ce qu'il s'est passé avec ce gars un jour ?
- C'est du passé.
Comme à chaque fois qu'on parle de lui, je deviens froide. C'est quelque chose que je ne peux contrôler.
- Je pense que c'est important que tu en parle. Même à quelqu'un d'extérieur.
Je sais que Thibaut fait référence à ma psy, et je compte prendre rendez vous pour parler de tout ça, une fois rétablie. Maëlys évite mon regard. Evidement, c'est la seule personne à qui j'en ai parlé - hormis grand-mère - et elle ne voulait pas que j'aille au commissariat. Elle disait que je ne devais pas mêler la justice à tout ça, alors que j'étais impliquée, je ne pouvais pas laisser passer ça. Je n'ai jamais compris sa réaction et je n'aurais peut être jamais de réponse.
Thibaut brise de nouveau le silence.
- Tu ne veux pas laisser une chance à Justin ?
Bien évidement, j'ai envie qu'il revienne, mais j'ai peur des réponses qu'il aimerait que je lui donne. Je suis consciente que si je veux que notre relation fonctionne, il faudra que je lui parle de certaines périodes de ma vie, dont celle avec Dylan.
- Anna ? Tu m'as entendu ?
- Oui. Et je vais l'appeler ne t'en fais pas.
- Que tu ne veuille pas m'en parler je comprends. Mais les secrets dans une quelconque relation, crois moi, ce n'est jamais bon. Ca finira par vous détruire.
Je n'y crois pas, mon frère me fait la morale sur ma toute nouvelle relation.
- Thibaut. Je sais ce que j'ai à faire.
Il a l'air de vouloir dire quelque chose mais Maëlys le fais taire en mettant sa main sur son épaule. Elle prend la parole.
- On va te laisser te reposer. Réfléchi pour Justin mais ne te mets pas la pression.
J'acquiesce sans un mot. Ils me font un signe de la main et s'en vont-elles en fermant la porte délicatement derrière eux. Je saisis mon téléphone qui a été rechargé pendant mon inconscience. Je repense soudain aux appels anonymes que je recevais il y a encore quelques jours, ces appels chargés de sanglots. Peut être était ce ma mère finalement ? De toute ma vie, je n'ai jamais entendu mes parents pleurer, et encore moins être rouge de colère. Je suis quand même perturbée. J'allais parler au cimetière avec des personnes qui n'ont jamais existés, de simples cercueils vides. Des larmes roulent sur mes joues.
* appel entrant, grand-mère*
Je souffle un bon coup, renifle bruyamment et décroche.
- Allô ?
- Bonjour ma chérie. Justin m'a dis que tu étais réveillée, j'ai voulu m'en assurer ! *rire*
- *rire*. Merci Grand-Mère. Tu es sorti de l'hôpital ?
- Oh oui bien sur. Ils en avaient marre de m'entendre jacasser.
- *rire*. Comme je les comprend !
- Et toi comment tu te sens ?
Je fais part à ma grand-mère de mes inquiétudes concernant ma mère dans mon salon et du procès concernant Dylan. Ma grand-mère a été la première personne à qui j'ai parlé de mon ex et de ses activités extra-conjugales. Elle ne l'avait pas apprécié dès leur première rencontre, elle le trouvait particulièrement louche et mystérieux. "Un homme mystérieux c'est bien évidement, ça met du piquant. Mais un homme trop mystérieux, c'est louche et dangereux.", elle m'avait mise en garde mais je ne l'ai pas écouté. Aujourd'hui, malgré mon manque d'attention à l'époque, elle me rassure en me disant que je ne serais pas seule pour ce combat. Pour finir, je parle de Justin.
- Ma chérie, il n'est pas du genre à juger qui que ce soit. De quoi as-tu réellement peur ?
- Qu'il me voit d'une autre manière.
- Il te verra comme une femme encore plus forte qu'il ne l'aurait cru. Pas comme une victime chérie. Les respect s'imposera encore plus.
- Tu as peut être raison.
- Evidement ! J'ai toujours raison.
Je ris face à son égo énorme. Pour finir notre discussion, elle m'informe qu'elle aura sa première séance de chimiothérapie dans quelques semaines mais quelle ne souhaitait pas être accompagnée. Sur le coup, cela m'attriste un peu, mais je comprends sa décision. Je ne lui pose aucune autre question sur son cancer, je ne suis pas encore prête à les poser. Peut être m'en parlera t elle sans que je ne demande. Nous prenons congés en nous promettant de nous revoir très bientôt. Je fais le tour de mes récentes notifications sans rien remarquer d'important. Je le repose sur la table de chevet à côté de moi et ferme les yeux.

The other life ( EN RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant