Bordel, Ellie, arrête, je suis en plein fantasme
– Ellie ?
Je sursautai et me frottai les yeux pour effacer les preuves de ma micro-sieste. J'avais dû fermer les yeux dix minutes, pas plus. Et bon sang, j'avais oublié ce que c'était de dormir dix minutes dans le calme et le silence.
Installée dans l'immense salle à manger de Travis, je me relevai de mon fauteuil et me dirigeai vers lui. En un mois, j'avais appris ses rituels. Travis entrait dans sa maison, se débarrassait de ses chaussures dans le couloir – les jetant parfois aléatoirement contre les murs, juste pour rire -, ronchonnait tout en cherchant son téléphone portable, beuglait mon nom et, invariablement, finissait face à moi :
– Je meurs de soif, déclamait-il.
Lors de ma première soirée, j'avais commis une terrible bévue : je n'avais pas vérifié le stock de bouteilles dans le réfrigérateur. Pour une raison qui m'échappait, Travis voulait qu'il y en ait toujours vingt et en buvait au moins cinq à chaque retour de soirée. J'avais eu droit à un sermon en bonne et due forme et à une explication en règle de mon rôle primordial – et qui n'apparaissait pas sur la fiche de poste – de porteuse d'eau.
Remplir le réfrigérateur de ses bouteilles était devenu une obsession.
– Il y a de l'eau dans le réfrigérateur, dis-je en retenant un bâillement.
Sans attendre, je le devançai dans la cuisine et ouvris le réfrigérateur pour m'emparer de deux bouteilles. Je lui en tendis une, ignorant le regard perçant de Travis.
– Tu dormais, lança-t-il.
– Non. Je t'attendais.
– Tu dormais.
– Travis, je t'assure que...
– Tu as un post-it collé sur la joue. Je préfère me dire que tu dormais plutôt que d'imaginer que tu fais ça consciemment.
Sans ménagement, il le décolla de ma joue. Mon visage chauffa de honte : dormir était une chose, se faire prendre en flagrant délit de sieste et de mensonge en était une autre. Je n'aurais pas été contre une disparition magique.
– Désolée, marmonnai-je. Je suis éreintée.
– Question d'habitude.
– Tu ne dors jamais ? l'interrogeai-je.
– Si. Au bout d'un moment, ton corps et ton cerveau s'habituent à l'économie de sommeil. Tu m'attendais pour quelle raison ? demanda-t-il en rouvrant le réfrigérateur.
– Revue d'agenda.
Travis leva un sourcil, pendant que je m'agitai, bougeant d'un pied sur l'autre. Je savais déjà que j'allais me prendre un savon.
– Tout a été modifié pour demain, précisai-je.
– Je croyais que j'avais dit : pas de changement à moins de 48h ?
– Je sais, je sais...
– Ellie, tu dois être plus ferme. Si certains bougent des rendez-vous, ils assument.
Il but la moitié de sa bouteille d'eau d'un trait, me fixant d'un œil sombre. La vie de Travis était si planifiée que le moindre imprévu devenait immédiatement ingérable. Entre les séances en studios, les interviews, les rendez-vous avec la maison de disque, les photos et les soirées festives, son agenda ne tolérait aucun retard.
Tout était toujours parfaitement minuté.
– Je croyais avoir été clair. Pas de trucs de dernière minute. En particulier sans m'en parler.
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En désaccord
Romance"Travis est la fiche de poste". C'est avec cette phrase qu'Ellie a compris qu'elle aurait dû lire cette offre d'emploi avant de se présenter à l'entretien. "La violence est exclue ?" C'est avec cette phrase qu'Ellie a décroché son poste d'assistant...