En désaccord

Chapitre 8

Toute résistance est inutile

– Ellie ?

Je sursautai en entendant mon prénom. Après le déjeuner, j'avais décidé de rester dans la salle de restauration pour travailler. Assister aux répétitions de Travis était tentant, mais dangereux pour ma productivité. Même en tournée, Travis était sollicité et son planning était encore plus serré qu'en temps normal.

– James, se présenta l'homme. Je fais la régie en salle, ajouta-t-il.

– Oh, oui, bien sûr.

J'accueillis sa main dans la mienne et la serrai doucement. Il m'offrit un petit sourire, un peu timide et très mignon.

– Est-ce que Travis m'a demandé ? l'interrogeai-je en rassemblant rapidement mes affaires.

– Oh non. C'est toi. Enfin c'est pour toi que je venais.

– Oh. D'accord.

Je m'arrêtai net dans ma frénésie de rangement et mon cœur reprit un rythme normal. J'adressai un sourire à James et repoussai mes cheveux sur mes épaules.

– Parfois j'oublie que j'ai ma propre vie, continuai-je.

– Travis est très...

– Très. Oui, ça suffit à le définir, le coupai-je. Il est très. Tu me cherchais ? demandai-je en tentant de réorienter la conversation.

– On va dans un bar ce soir et je me disais que tu voudrais peut-être nous accompagner.

– Je...Euh...

– Mais tu es peut-être occupée et...

– Non, non. C'est... Pardon, j'ai l'habitude d'être dans l'ombre de Travis et je suis surprise qu'on me voit, à vrai dire. Avec plaisir, oui.

Le visage de James s'illumina et un large sourire barra son visage. Je n'étais pas sortie depuis des lustres. Mon travail avec Travis m'avait encore plus éloigné de soirées festives ou de moments de distraction. En regardant James, je prenais maintenant conscience que cette soirée, seule, sans aucune obligation professionnelle, allait me faire du bien.

– Ca t'ennuie de me donner ton numéro ? Histoire que je t'appelle quand on part.

– Non, bien sûr ! Je dois passer à l'hôtel avant pour me changer, donc on se tient au courant ?

L'échange des numéros nous prit quelques secondes. James s'éclipsa quelques minutes plus tard, me laissant avec mes mails en attente et un planning déjà plein à craquer. La répétition dura encore une heure, avant que Jerry, le garde du corps de Travis, ne se râcle bruyamment la gorge devant moi pour signaler sa présence.

– On a fini, dit-il quand je relevai la tête.

– J'arrive. Dans quel état est-il ?

– Fatigué.

– Merde, je voulais revoir son agenda pour les prochains jours avec lui.

– Tu peux toujours tenter ta chance.

Sans me le demander, il s'empara de mon carnet de notes et de mon ordinateur portable. Je le suivis dans le dédale des couloirs de la salle de concert jusqu'à l'imposant 4X4 aux vitres teintées qui nous attendait. Travis y était déjà installé, lunettes vissées sur le nez et sa capuche rabattue sur sa tête.

Je m'assis près de lui, pendant que Jerry grimpait à l'avant.

– Décommande ce qui est prévu ce soir, murmura Travis.