Chapitre 10

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Voilà un mois que, toutes les nuits, je me réveille en hurlant, en proie à d'horribles cauchemars. Je vois une épidémie, je vois du sang, je vois des morts. Beaucoup de morts. Dans chacun de mes songes, un visage revient plus particulièrement. C'est un spectre d'une pâleur effrayante, vêtu d'une capuche noire lui recouvrant les yeux. Inlassablement, il répète: "Vous avez échoué... Vous avez échoué..." Je vois des femmes qui crient et qui pleurent, des hommes éplorés, du sang souillant la terre.

Il faut que ça cesse. Je ne dors plus. Je ne mange plus. Je ne ris plus. Je pense sans arrêt à mon court séjour infernal et à ces cauchemars qui hantent mes jours et mes nuits. Je dois trouver une solution à tout cela, et au plus vite. Peut-être faut-il que je confronte mon destin...

Je commence à prêter plus attention à ce qui se produit durant mes visions. Peu à peu, j'arrive à en distinguer l'idée principale. Chaque fois reviennent les visages torturés et accablés des femmes, crispés de douleur. Elles sont rondes, comme sur le point d'accoucher. Sur le point d'accoucher... Et soudain, tout devient rouge, le désespoir envahit l'atmosphère. Je sens la mort, même si je ne la vois pas. Puis, le spectre réapparaît, et répète sa litanie jusqu'à ce que j'en crie d'horreur.

Jour après jour, tout devient plus clair. J'ai une idée floue de ce qui va arriver, mais je n'arrive pas à la préciser. Pourtant, je sais que ce fléau est pour bientôt. Chaque fois, mes songes m'en révèlent un peu plus. Parfois, même, je rêve éveillé, me faisant comprendre l'urgence du message. Je vois des familles endeuillées, et des couples brisés.

Jusqu'à ce jour fatidique, ou je reçois enfin le dernier morceau du casse-tête. Comme toujours, je vois des visages, tant de visages anonymes, rongés par la tristesse. Puis, tout devient rouge, mais cette fois-ci, j'entends un cri, un cri bestial, mais pourtant porteur de la révélation. Deux petits mots qui me permettent de trouver la clé à l'énigme qui me torture depuis si longtemps.

Deux mots... Seulement deux mots, portant toute l'imperfection du monde...

"Mon bébé!"

Pleurs, sang, mort.

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