Chapitre 8

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Lorsque je reprends conscience, je suis brièvement pris de panique. Je n'ai que des souvenirs flous de ce qui s'est passé hier soir, et un atroce mal de tête me vrille le crâne. Je m'assois tant bien que mal sur le matelas crasseux qui m'a servi de lit de convalescence. Je me rend compte que je suis dans la maison où se sont tenues les réunions. Elle est d'aspect assez banal, malgré sa taille imposante. D'une chambre au deuxième étage me parviennent des éclats de voix étouffés, comme enrobés dans de la ouate. Je découvre qu'un bandage me couvre la tête, et je l'enlève aussitôt.

Après un bref moment d'hébétude, je sors dehors. Je m'engage vers la petite épicerie, là où j'ai laissé ma tente. Tandis que je me ressasse les souvenirs de la veille, une effervescence s'empare du village. Les gens courent et, bientôt, ça se transforme en panique. Instinctivement, je regarde vers les collines, et je les vois. Les cavaliers noirs. Que nous veulent-ils encore? Ils nous ont envoyé ici, dans cet endroit de malheur, que peuvent-ils nous faire de plus? Ils sont sûrement revenus parce que nous avons tous survécu. Ou parce que nous sommes tous morts.

Ainsi, pour la deuxième fois, la palissade, toute récemment reconstruite, cède sous les coups de nos assaillants. Ils entrent en trombe mais, au lieu de les retenir, le champ de force s'écarte pour les laisser passer.

Plutôt que de se ruer tout de suite dans la bataille, le plus grand, qui doit être le chef, s'avance. De sa voix d'outre-tombe, il nous dit:

"Les humains sont si... Pathétiques" On peut entendre le mépris dans sa voix. "Vous aviez l'air... Différents. Comme à tous les millénaires, nous imposons une épreuve à un groupe d'humains. Chaque fois, à cause de leur paresse intellectuelle et leur lâcheté naturelle, les hommes échouent. Pour les punir, un fléau frappe leurs populations toutes entières."

Voilà comment s'expliquent les ravages qu'ont causé toutes ces épidémies qui ont fini par réduire la population humaine de moitié, me dis-je. Le chef continue: "Chaque millénaire, nous tentons de rendre les hommes plus endurants, et surtout plus intelligents. Malheureusement, notre travail n'a jamais porté fruits. Vous ne faites pas exception. À cause de votre tentative lamentable..." Une vision s'anime, et nous nous revoyons tenter de forcer le champ magnétique et nous faire repousser comme de vulgaires pantins. "...Toute l'humanité subira un grand coup qu'elle n'est pas prête d'oublier..."

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