Chapitre 12

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N.D.A: En média, c'est Freida Pinto. Franchement, je trouve que c'est elle qui représente le plus fidèlement l'idée que je m'étais faite de Cassie :)


-À table!

L'odeur alléchante du bacon, des œufs et du sirop d'érable me tire de mon sommeil le lendemain. Étrangement, j'ai passé une nuit assez calme, la première depuis si longtemps...Au lieu de mes cauchemars quotidiens, j'ai rêvé... D'elle. Et ça m'a fait du bien. Ce n'était pas douloureux, comme à chaque fois que j'aborde ce souvenir. Tu ne la considères plus que comme un souvenir, maintenant, me souffle ma conscience d'un air désapprobateur. Je me ressaisis. Il faut à tout prix que j'arrête de me ressasser cette histoire. J'ai fait ce que j'ai pu, et j'ai échoué. J'ai échoué à la sauver...

J'observe la chambre qui m'a été assignée. Elle est assez simple, sans aucune décoration. Malgré tout, je la trouve accueillante. Je traverse un couloir au bout duquel je me retrouve dans la cuisine. Cassie y est déjà, tournée vers ses fourneaux. Charlie est attablé devant un bon déjeuner, l'air joyeux. Il m'accueille à la table avec effusion.

-Alors! Bien dormi?

Nous parlons de choses anodines comme le temps qu'il fait ou le prix du beurre, mais je vois bien que Charlie brûle d'envie de me demander la véritable raison de ma visite. Je n'ose cependant pas le dire devant son épouse. Je ne veux pas l'effrayer, pas après l'hospitalité dont elle a fait preuve. Je lui parle plutôt des contrées que j'ai traversées depuis la dernière fois qu'on s'est vus.

La journée passe assez vite, sans que je trouve le courage d'annoncer ma triste mission. Malgré sa curiosité, mon ami ne me pose aucune question, respectant mon mutisme. Cassie, en vraie hôtesse modèle, est aux petits soins avec moi. Son sourire chaleureux me fait réellement du bien. Ça me brise le coeur de penser que cette femme perdra peut-être son enfant, elle qui ferait une si bonne mère. Et Charlie est si enthousiaste à l'idée d'être père... Je me fais la promesse solennelle que j'essayerai de mon mieux d'empêcher cette catastrophe.

Le lendemain, mon hôte me propose une partie de pêche «entre hommes». Je devine qu'il compte me tirer les vers du nez lorsque nous serons seuls.

-Enfin, débarrassée de mon homme! Tu es un vrai miracle ambulant, Feu Ardent. Grâce à toi, je peux enfin respirer un peu! me dit Cassie, les yeux rieurs.

Charlie lui répond par une moue enfantine. Je leur envie leur bonheur. Ils ont l'air si heureux...

-Alors, Feu Ardent, tu vas me dire pourquoi tu as agi si bizarrement ces derniers jours? J'ai l'impression de ne plus te reconnaître. Avant, tu étais si volubile qu'on pouvait s'asseoir des heures sans parler, seulement écouter tes récits et tes histoires imaginaires. Hier, c'est à peine si tu as enfilé plus de deux mots de suite!

Voilà le moment que je redoutais. Je sais que Charlie se retenait depuis le début de notre sortie, et l'atmosphère était étrangement tendue entre nous deux, malgré ses tentatives pour prouver le contraire. Le voilà qui craque. J'ai tant pensé à ce que j'allais lui répondre que les idées s'emmêlent dans ma tête.

-Eh bien... Vois-tu... C'est très délicat à dire. Je vais te mettre en contexte : je vais tout te raconter, depuis le début, si tu me promets de ne pas m'interrompre et de m'écouter jusqu'à la fin.

Autant Charlie est blagueur, autant il peut être extrêmement sérieux. Son visage devient grave et attentif, alors que je commence mon récit. Il est pendu à mes lèvres jusqu'à ma dernière phrase, honorant sa promesse : il ne m'interrompt pas une seule fois. Je lui raconte tout, du petit village jusqu'à mes visions traumatisantes.

-...Et c'est pour cela que j'ai décidé de venir vous voir, toi et ta femme, pour tenter d'empêcher ce fléau de s'abattre sur la Terre.

Mon ami est bouche bée. Je l'observe attentivement, craignant sa réaction. Une ombre passe dans ses yeux, et son visage se rembrunit. Aïe.

-Tu sais, si tu veux que je m'en aille, je te comprends parfaitement. Mais, je t'en prie, n'affole pas Cassie avec ça. Je me sentirais coupable si elle finissait sa grossesse dans la peur. Ma mission est importante, mais je ne veux pas troubler ta vie de famille. Tu n'as qu'un mot à dire, et je m'en vais. Je trouverai bien de quoi m'arranger.

Charlie ouvre la bouche, et me dit :

-...

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