Chapitre 10

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Kara

Le trajet s'écoule une nouvelle fois dans un silence lourd. J'aimerais briser ce silence, dire quelque chose, mais chaque tentative semble se dissiper avant même de prendre forme. Pour être honnête, j'aimerais lui dire merci, lui exprimer ma gratitude pour ce qu'il a fait pour nous aujourd'hui. Mais à chaque fois que j'ouvre la bouche, mes mots se meurent dans ma gorge. Le silence devient mon seul compagnon. Cette journée a été une épreuve pour moi, et sa présence à mes côtés, à cet instant précis, ne fait qu'amplifier la douleur. Sans le savoir, Nate m'a permis d'entrevoir ce que ma vie aurait pu être s'il en avait fait toujours partie.

Nous, réunis, unis pour le bien-être de notre fils... Se sentir soutenue, épaulée... il y a quelque chose de profondément rassurant dans cette idée. J'ai été seule si longtemps que j'ai oublié ce que cela faisait. Peut-être que le moment est venu de rouvrir cette porte. Après Nate, j'ai scellé mon cœur, l'enfermant à double tour. Je ne voulais plus y penser, ni de près, ni de loin. Mais, je dois l'admettre, avoir quelqu'un à mes côtés aujourd'hui, dans cette épreuve, m'a permis de voir les choses sous un autre angle. Partager les aléas de la vie, cette complicité qu'on se forge à deux... ça me manque.

— Tout va bien ? La voix de Nate me tire de mes pensées.

— Oui, tout va bien ! Monsieur Hariston... je... merci pour tout ce que vous avez fait aujourd'hui. Vous n'étiez pas obligé.

Ma voix semble faible, hésitante. La situation est nouvelle, et l'air de Nate est si différent que je ne sais plus comment réagir. Depuis notre rencontre, c'est la première fois qu'il m'adresse la parole sans animosité, et ça me déstabilise.

— Ne me remerciez pas, me répond-il. Je n'ai rien fait d'extraordinaire. C'est moi qui devrais vous remercier, en réalité.

Je fronce les sourcils, surprise, ne comprenant pas.

— Pour ce midi, dit-il, l'air légèrement embarrassé. Je vous dois des excuses. Je n'aurais pas dû réagir ainsi, alors que vous tentiez simplement de m'aider. Enfin...

Il se racle la gorge. Et là, un souvenir surgit. Je me rappelle qu'il m'avait confié, un jour, quand nous étions encore ensemble, combien il trouvait difficile de s'excuser. Il avait même comparé cette sensation à celle d'un fer chaud enfoncé dans la gorge ! Je m'étais moquée gentiment de lui à l'époque, trouvant sa comparaison absurde, mais aussi un peu drôle. C'est difficile pour lui, je le sais, et pourtant, il fait l'effort de le faire.

— Ne vous en faites pas, j'ai compris, lui dis-je, avec un sourire apaisant.

Il tourne brièvement la tête vers moi, croisant mes yeux pendant un instant. Une lueur étrange traverse ses prunelles, mais il se reprend rapidement, acquiesce et se recentre sur la route. Je suis presque certaine que le silence nous enveloppera à nouveau, mais contre toute attente, sa voix brise l'immobilité de l'instant, légère, presque désinvolte :

— Je ne savais pas que vous pratiquiez les sports de combat.

Je reste figée, les yeux écarquillés, stupéfaite par ses mots.

— Pardon ?

Mon expression doit être aussi déconcertée qu'amusée, car je perçois un petit rictus naître sur ses lèvres, à peine perceptible.

— Vous avez un excellent coup de main pour attraper les cheveux de quelqu'un, et vous êtes plutôt rapide. Je tâcherai de m'en souvenir à l'avenir.

Son ton est neutre, ni amical ni froid, mais quelque chose dans sa manière de parler me laisse un doute. Si je ne le connaissais pas, j'aurais juré qu'il s'amuse un peu de la situation, bien que son visage affiche une impassibilité de marbre.

Dynastie Hariston : Un Héritier Secret [ EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant