Prologue

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Au début, cette vie n'était pas forcément jolie mais elle lui plaisait un minimum. Elle était facile. Il n'était qu'un gamin d'une quinzaine d'années qui vivait chez sa mère dans une toute petite ville du Texas. Il n'avait aucune responsabilité et cela lui plaisait bien. Il devait juste se pointer à l'école et faire en sorte de ne pas trop être à l'écart. Sa mère l'aimait au début, il en était certain. Mais plus il grandissait et plus il ressemblait à son père physiquement même s'il avait les cheveux un peu plus long. Sa mère l'avait mis au monde à cause d'un viol par une sorte de mafieux, enfin c'était comme ça que tout le monde le qualifiait, qui s'était ensuite barré comme un voleur. Un début de vie en grand manque de joie, n'importe qui pourra en convenir mais la réalité était ce qu'elle était et on ne pouvait rien y faire. Alors, elle avait commencé à le détester sans qu'elle ne puisse rien y faire. Sa haine pour son violeur était si grande que l'amour qu'elle avait pu porter à son fils semblait négligeable voire inexistant. C'était bien malheureux mais les sentiments sont souvent trop fort. Quand il eut 17 ans elle le jeta dehors un soir. Mais il avait toujours pensé que c'était pour éviter de le frapper ou de lui faire du mal, même verbalement. Malgré tout ça il ne lui en voulut pas du tout. C'était comme ça. Il avait, semble-t-il, compris les sentiments de sa mère et cela lui allait. Ce n'était pas non plus quelque chose d'unique chez l'humain d'accepter d'endurer ce que nous ne devrions pas accepter d'endurer par amour pour un être cher.

À l'école les autres avaient peur de lui à cause de ce qui se disait sur son père et du fait qu'il avait mis une raclée à coup de chaise à la raclure du lycée. Tous avaient eu le plaisir d'avoir cette raclure dans son lycée. Tous avaient aussi eu cette irrésistible envie de priver cette fameuse raclure de l'ensemble de ses dents. Mais peu avaient réussi à passer outre la peur de passer du de la victime au héros. Ce souvenir où il fut le héros de tous pendant un court instant était très plaisant pour lui par ailleurs. Plus tard, quand il réussit à obtenir son permis, son père s'était montré, il avait déblatéré un ensemble de conneries sur la famille et il était reparti en lui laissant sa voiture. Il avait toujours eu, enfin depuis cette seule et unique interaction avec son géniteur, une impression étrange. Son paternel semblait si différent de toutes les autres personnes qu'il avait pu côtoyer avant. Tout le monde était différent, enfin c'est ce que ses professeurs lui racontaient en espérant le voir devenir quelqu'un qui suivraient les règles comme les autres et surtout car on leur avait appris à dire ces choses. Mais avec son père c'était différent, très différent. cette impression très étrange et indescriptible ne le quittait pas. Enfin, peu lui importait à vrai dire. En plus, la voiture était super. C'était une magnifique Pontiac Firebirds de 1970. Mais les ennuis avaient commencé à arriver. Il avait dû dire adieu à cette ville. Mais honnêtement, ça ne l'avait pas dérangé. Il avait pris le volant et Il s'en était aller avec quelques affaires qu'il avait fourré dans un sac de sport noir qui lui servait de passager et de confident.

Aujourd'hui était un jour classique de sa vingtième année. Beaucoup d'années avaient passé. Il avait appris à arnaquer, marchander, et surtout à se défendre contre tout et tout le monde. Il avait commencé à chercher son paternel. Ses conneries sur la famille n'étaient peut-être pas entièrement des mensonges et la curiosité s'était bien assez emparé de lui. Il devait savoir. Et puis, il se disait qu'il avait beau avoir l'air stupide dans son souvenir, ce n'était pas impossible qu'il ait eu un éclair de génie à un moment. Certains trouvaient bien Dieu. Son père pouvait bien trouver la capacité à être moins stupide.

Enfin bon. Avant tout cela il fallait bien le retrouver. Comment jouer avec un jouet qu'on avait perdu après tout ? C'est pour ça qu'il avait pris l'autoroute vers New York. Les 5 heures de routes l'avaient presque forcé à cogiter quelques peu. Il avait toujours eu des interrogations sur les gens bien évidemment. Mais il s'était aussi très souvent dit que le fait que la vie était belle et qu'elle valait la peine d'être vécue n'était finalement qu'un mensonge, comme celui du père Noël. Dans cette petite ville d'où il était originaire on se disait vite que la mort n'était peut-être pas si odieuse. Certains la désiraient même très fort et lui le premier. Mais il avait vite compris que c'était inutile de se dire ça. Les gens voulaient vivre et faire tout ce qu'ils pouvaient pour posséder le fruit de leurs désirs aussi vite que possible. N'avait-il pas raison ?

Sur la route il avait compris pas mal de choses. Mais la plus flagrante était que tous les humains de ce pays étaient en fait les mêmes. Ils n'étaient animés que par deux désirs. Tel des animaux la majorité d'entre eux n'agissaient qu'en fonction de ce qui pourrait leur rapporter le plus sans se soucier de la méthode, et comment paraître le plus égoïste tout en se disant qu'ils étaient l'exact contraire. Ils étaient tous persuadés d'être parfaits, des élus de Dieu et que les autres ne constituaient que des pions seulement utiles pour démontrer leur soi-disant suprématie. Les blancs avaient été des champions dans ce domaine par ailleurs et de tout temps, c'est ce que ses années de lycée lui avait enseigné au préalable. Malgré tout ils fonctionnaient tous de la sorte alors que chacun était le pire de son espèce à sa façon. C'en étaient risible et franchement déprimant à regarder. Mais ça lui faisait du spectacle sur la longue route qui était la sienne. À propos de celle-ci, elle était de plus en plus longue et chaque kilomètre qu'il parcourait semblait lui en rajouter deux. C'était interminable. Il n'en voyait absolument pas la fin. Il se disait de plus en plus que l'univers tentait de le persuader que rencontrer son paternel était une mauvaise idée et étant relativement superstitieux il y crut comme un débile. C'est pourquoi il fit une halte près de Chicago. Il était temps de s'arrêter. Pas seulement à cause de la fatigue, quelque chose lui sommait de s'arrêter.

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