Chapitre 1

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Il fit une halte sur le parking d'un grand centre commercial à la sortie de l'autoroute pour Chicago. Il se dirigea donc vers une place assez loin de la grosse masse de voiture devant les portes du grand mall pour s'y garer. Quelques voitures trônaient déjà à cet endroit. Une fois garé, il sortit de la voiture et profita quelques secondes du soleil. Pour une fois, les rayons solaires parvenaient jusqu'à sa peau sans devoir passer par sa vitre. Ce fut une première depuis quelques jours déjà. Il se dirigea ensuite vers son coffre pour prendre une nouvelle bouteille d'eau. En y allant il vit qu'une femme dans la quarantaine à deux places de lui sur sa gauche semblait avoir du mal avec ses deux caddies. Elle était seule et ne semblait attendre ni un ou plusieurs enfants ni un mari potentiel qui pourrait l'aider. Notre jeune ami prit donc la décision de fermer sa voiture à clé pour aller aider cette pauvre dame. Il s'approcha et lui dit en lui montrant ses deux mains en signe de paix et en s'inclinant un peu sur le côté :

- Bonjour madame, vous avez peut-être besoin d'aide. Je peux vous aider ?

- Oh oui avec plaisir. Je ne serais pas contre, lui répondit-elle soulagée.

- Vous devez avoir tout une famille à nourrir avec autant de sac, sans être indiscret.

- Vous devinez bien, dit-elle en riant.

En effet, il avait bien deviné. L'ensemble des deux caddies avait rempli le coffre de quatre énormes sacs de courses. Une fois fini cette dame le remercia plus d'une fois. Il dût lui signifier autant de fois que ce n'était rien et que s'il lui avait proposé c'est que cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Elle tint par la suite à le remercier mais elle ne savait pas comment faire. Elle remarqua l'instant d'après sa voiture et le questionna :

- Cette vieille voiture là, c'est la tienne ?

- Ah, oui en effet pourquoi ?

- Tu dors dedans ? lui demanda-t-elle avec étonnement.

- Oui. Elle fait aussi office aussi de salle à manger, avoua-t-il.

- Ah je vois. Pour te remercier laisse moi t'inviter à manger alors. Quelque chose me dit que tu n'as pas l'air d'avoir avaler un vrai repas depuis un petit bout de temps.

- Ça me gêne mais je ne pense pas être en position de refuser.

Il aurait bien voulu refuser en effet mais son estomac lui hurlait d'accepter. Par ailleurs, cette demande lui semblait un peu étrange. Qui offrait à manger à quelqu'un qui l'avait simplement aidé à ranger ses courses ? Il trouvait ça bizarre et il ne devait sûrement pas être le seul à le penser. Cependant, elle n'avait pas l'air d'être du genre à lui vouloir du mal. Certes ce n'était pas suffisant mais il avait le sentiment qu'il pouvait faire confiance à cette femme. Puis il venait de remarquer sur la plage arrière de la voiture de la bienfaitrice de son estomac une brochure d'une sorte de stage zen. Ce petit papier avec pour image de fond un temple bouddhiste et un slogan : « La gentillesse est faite pour être rendue ». Il en conclut qu'elle devait être l'une de ces personnes qui ne pouvait vivre sans rendre toute la gentillesse du monde. Elle ne pouvait pas, par conséquent, laisser un pauvre petit jeune de vingt ans avec le ventre vide surtout s'il venait de lui rendre un service sans rien lui demander en retour.

- Bon je vous suis alors.

- Tu peux me tutoyer tu sais. Il n'y a aucun soucis. 

- Je te suis alors.

- Super. Il y a un petit restaurant à l'intérieur du centre commercial. Allons là-bas.

- Avec plaisir. J'avoue que je pourrais avaler n'importe quoi.

Et c'était vrai. Il avait tellement faim que là l'expression être tiraillé par la faim prenait tout son sens. La discussion se poursuivit par la suite sur le chemin vers ce petit restaurant.

- Au fait je m'appelle Nathaly. Je viens de me rendre compte qu'on ne s'était même pas échanger nos noms.

- Oh oui tu as raison. Moi c'est Caden. Enchanté, Nathaly.

- De même Caden, sourit-elle.

En discutant un peu avec elle, Caden remarqua très rapidement qu'elle semblait avoir la capacité de sourire très facilement. Il trouvait cela étrange. Enfin, on devrait plutôt dire inhabituel. Inhabituel était le mot. Il n'avait jamais vu quelqu'un sourire aussi facilement. Et il y avait aussi ce sentiment qu'il pouvait lui faire confiance sans avoir à se méfier comme avec tout le monde. Il ne ressentait pas ce besoin de cacher des choses ou de mentir plus que de raison pour se protéger. Il avait simplement le sentiment qu'il pouvait parler tranquillement. Cela n'était arrivé qu'auprès d'une personne: sa mère.

Ils arrivèrent enfin dans le restaurant. C'était un petit restaurant italien. Celui-ci n'avait pas de porte à proprement parlé. Il y avait une grande ouverture avec des paravents sur les côtés sur lesquels les gérants avaient installé de fausses branches d'oliviers pour rappeler l'Italie. Caden et Nathaly prirent place à une table sur le côté après avoir saluer le serveur au bar sur la gauche directement après l'entrée de ce petit restaurant. Comme il n'y avait encore aucun client le serveur les laissa s'installer là où ils le souhaitaient. Cette table qu'ils avaient choisi était une petite table ronde en bois clair pour deux personnes. les chaises étaient de la même couleur que la table et elles se trouvaient être assez confortable pour un petit restaurant à l'entrée d'un centre commercial. Le carrelage au sol était blanc et classique. C'était ces célèbres carrés blanc qu'on pouvait voir dans quasiment tous les restaurants italiens du monde. Quant aux murs ils étaient dans les tons orangers avec des petits tableaux illustrant des campagnes italiennes accrochés aux murs sans pour autant les surcharger.  Une fois assis, la discussion continua.

- Alors, Caden, si ça ne te dérange pas j'avoue que j'aimerais savoir pourquoi à un si jeune âge tu es sur la route comme ça à vivre dans ta voiture. Si tu ne veux pas en parler ce n'est pas grave hein mais j'avoue que ça m'intrigue beaucoup. 

- Pas de soucis ne t'inquiète pas. C'est une assez longue histoire mais je vais essayer de la faire courte.

- Je t'écoute, dit-elle.

- Je vivais avec ma mère mais il y a quelques années elle est décédée d'un cancer des poumons. Et depuis je suis sur les routes. Je cherche mon père. Il s'est juste montré il y a quelques années en me donnant la voiture et en disant des trucs sur la famille ou je ne sais quoi. J'avoue que j'étais plus occupé à m'imaginer lui mettre une belle droite qu'à l'écouter, pour être honnête. Mais il reste mon père et la seule famille qu'il me reste alors je me suis dit que le retrouver pourrait me donner une vie un peu plus confortable que celle que j'ai pour le moment.

- Oh d'accord je vois. Ce n'est pas l'histoire à laquelle je m'attendais. Je pensais plus à un festival automobile ou quelque chose comme ça, dit-elle en riant nerveusement.

- Je n'y avais pas pensé mais ça aurait pu être le cas c'est vrai.

Ils continuèrent ensuite à rire pendant au moins une bonne heure et même quelques minutes supplémentaires. Le repas passa si vite que Caden ne le vit même pas passer. Seul son estomac semblait se rappeler de ce qu'il avait ingurgité. La conversation avait été très intéressante. Pendant celle-ci il avait pu manger une pizza au chorizo sans avoir à se soucier de son appétit ou du fait qu'il devrait en garder pour les prochains jours.  Il avait eu ce sentiment qu'il avait à chaque fois qu'il discutait avec quelqu'un qui était cultivé. Cela le stimulait et lui plaisait. Il apprit par la suite que Nathaly était dentiste. Durant la suite de la conversation, Caden laissa échapper le nom de sa mère, Cerys. il avait dit qu'il avait toujours trouvé ce nom magnifique. Cependant, il n'avait jamais réussi à deviner de quel pays ce nom pouvait-il être originaire. Nathaly eut une réaction pour le moins inattendue. Elle paraissait assez surprise d'entendre ce nom sorti de la bouche d'un jeune inconnu qu'elle avait rencontré quelques heures plus tôt. ce n'était pas une simple surprise, elle paraissant véritablement sous le choc. c'était comme si sa vie venait de défiler devant ses yeux. 

Caden ne put s'empêcher de le remarquer. Il la questionna donc à ce sujet.

- Nathaly ? Tout va bien? tu as l'air sous le choc. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas?

Escaping WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant