𝐕𝐈. 𝐔𝐧𝐞 𝐑𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐓𝐫𝐚𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞

422 50 29
                                    

PDV: Sunghoon

In-Soo est venu me chercher. Il aurait pu se ranger dans leur camp, me maltraiter à son tour mais non. Il a choisi de m'aider. Le premier à le faire. Ni mes camarades, ni mes professeurs et encore moins mon père, n'ont levé le moindre petit doigt pour arranger la situation. Je me suis cru condamné à prendre des coups jusqu'à la fin de ma scolarité, jusqu'à ce que je m'éloigne de mon père. Pourtant, ce moment de paix semble être arrivé plus tôt que prévu.

Mes joues et mon nez sont extrêmement douloureux. Cela aurait pu être pire si In-Soo n'était pas intervenu. Mieux vaut ne pas y penser.

Un frisson agréable me parcourt le corps tandis qu'un tissu d'eau fraîche vient frotter mes blessures. Malgré les larmes qui floutent ma vue, j'entrevois les traits paniqués de In-Soo sur son visage. Ses gestes restent, néanmoins, doux et confortables. Je ne prononce pas le moindre mot, attendant patiemment qu'il finisse. Ça pourrait durer des heures, et je ne bougerai pas d'un poil. Je ne ferai rien qui détournerait son attention de moi.

Ce n'est que quand In-Soo s'arrête que je reprends ma respiration. Depuis tout ce temps, elle s'était coupée sans que je ne m'en aperçoive.

D'un mouvement délicat, le blond lâche le tissu au sol et pose sa main sur ma joue meurtrie. Il la caresse du bout des doigts dans un long silence où seuls ses pupilles semblent me parler.

-Tu vas mieux ? finit-il par demander d'un ton calme

Je me contente d'un hochement de tête positif. Les dernières perles d'eau terminent leur chemin sur ma peau, et In-Soo se met à les essuyer avec son pouce. Pour la première fois depuis des années, dire que je vais bien n'est pas un mensonge. Je ne suis sûrement pas le plus heureux du monde, mais en cet instant, mon cœur s'est enfin soulagé. Le moi d'hier m'aurait ri au nez s'il avait su.

-Sunghoon, si tu en a envie, tu peux m'en parler. J'écouterais volontiers.

J'ouvre la bouche puis la referme. Aucune syllabe ne daigne sortir. À la place mes pleurs reprennent de plus belle. Chaque jour, j'essaye d'oublier cet incident. In-Soo est forcément au courant. Il a entendu ce qu'ils disent sur moi. Même s'il m'aide, je le dégoûtes certainement.

Comme s'il peut lire dans mes pensées, In-Soo pose sa deuxième main sur la mienne et m'encourage d'un signe de tête à lui parler. Mon cœur bat vite. Je calme mes sanglots, ma respiration, puis je me lance.

-Ils ont commencé à me harceler il y a deux ans. C'était notre première année de lycée, et des rumeurs circulaient déjà à mon sujet. J'étais... différent. Les filles n'étaient pas celles qui attiraient mon attention.

In-Soo n'eut aucune réaction. Peut-être que ça ne le rebute pas autant que je pensais.

-Un des rares boursiers du lycée, Dae-Ho, contrairement aux autres qui s'éloignaient au fur et à mesure de moi, a voulu se rapprocher. Il était la définition du mec parfait. Nous sommes alors très vite passés de simple ami à bien plus. Le toit était notre lieu secret. C'était là que nous pouvions discuter et s'embrasser librement. Mais le jour de-

Par peur de laisser mes émotions prendre le dessus à nouveau, je m'arrête d'un coup et plaque mes mains contre mes lèvres, empêchant ainsi de sortir ne serait-ce qu'un son.

-Ce n'est pas grave, chuchota In-Soo, Inspire et expire lentement. Rien ne presse. Pas même les cours.

Comme il me l'a demandé, je remplis mes poumons d'air puis relâche tout pendant quelques minutes.

-Le jour de la Saint-Valentin, il m'a promis une surprise aux portes du lycée. Quand je suis arrivé, tout le monde me regardait avec un sourire mesquin collé aux lèvres. C'était comme une descente aux enfers pour moi. Sur les murs du hall étaient affichés des vingtaines de photos de moi en train d'embrasser ou d'enlacer Dae-Ho. Mais le pire dans tout ça, c'était la capture d'écran des messages entre lui et ses potes. Depuis le début, ça n'a jamais été réciproque. Ils se sont tous foutus de moi. Il avait besoin d'argent et avait parié cent mille won que je tomberai dans le panneau.

Je ferme les yeux, craignant qu'In-Soo se moque d'une seconde à l'autre. Mais ce moment n'arrive jamais. Au contraire, lorsque je rouvre les yeux, c'est un sourire plein de compassion qu'il m'adresse.

-Et les professeurs, ils n'ont rien fait ? demande-t-il

-Puisqu'ils n'avaient aucune preuve du responsable, c'est moi qu'ils ont sanctionné. D'après eux, ce sont mes erreurs et je suis l'unique fautif. Dae-Ho s'en est sorti indemne. C'est celui qui m'a frappé d'ailleurs.

À peine ces mots prononcés, In-Soo enroule ses bras autour des miens et pose son menton sur mon épaule. D'une main, il tapote alors dans un rythme agréable mon dos.

-Sunghoon, je suis là pour toi maintenant. Je ne les laisserai pas te faire du mal. Riki. C'est mon vrai nom. Je veux que tu le saches.

-Je te demande pardon ? Riki ? Mais Kang In-Soo...

-Désolé d'avoir menti, dit-il sincèrement

-C'est pas grave, je lui réponds après un certain temps

C'est un grand soulagement de le savoir à mes côtés quelque soit son nom et son prénom. On ne se connaît que depuis la veille pourtant il m'a aidé plus que n'importe qui sur cette fichu planète. Alors je suis prêt à prendre le risque de refaire confiance à quelqu'un.

In-S-... Riki et moi restons dans les bras l'un de l'autre pendant quelques minutes, accompagné d'un silence paisible. Les cours ont sûrement repris depuis mais je préfère cent fois plus ce moment réconfortable qu'aux cours. C'est le blond qui finit par briser le silence.

-Tu veux sécher les cours avec moi ? On peut faire ce que tu veux. Je veux juste que tu passes un bon moment, dit-il.

-Avec plaisir, répondis-je le sourire aux lèvres.

Cela aura probablement des répercussions sur mon père pourtant, ça ne m'inquiète pas. À cet instant, rien ne compte.

𝕯𝖊𝖑𝖎𝖈𝖎𝖔𝖚𝖘 𝕭𝖑𝖔𝖔𝖉 { 𝖍𝖔𝖔𝖓𝖐𝖎 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant