𝐗𝐕𝐈. 𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐮

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PDV: Sunghoon

Ma chaussure tape frénétiquement sur le sol dans un silence absolu. À cause de ma réputation déplaisante au lycée, j'avais appris à tout faire sans un bruit. Je n'avais pas besoin d'attirer davantage l'attention sur moi avec des bruits aussi futiles.

Parfois échapper au public devenait inévitable, comme aujourd'hui. Les épreuves orales devant mes camarades n'étaient malheureusement pas une option mais une nécessité pour ne pas faire chuter ma moyenne parfaite.

-Jang Mickey. Park Sunghoon. Commencez lorsque vous êtes prêts, annonce la professeure de philosophie

Mickey hoche la tête et s'éclaircit la gorge. Tandis qu'elle se trouve à gauche de l'écran, où notre diaporama est affiché, je suis à droite, près de la sortie. Je mentirais en disant que rejoindre Riki où qu'il soit parti après notre quatrième heure de cours ne me vint pas à l'esprit.

-Sommes-nous des produits de notre environnement, modelés par les normes et les attentes de la société, ou possédons-nous une essence innée qui échappe à l'influence d'autrui ? interroge la brune de sa voix aiguë et pleine d'assurance, Il est clair que la tension entre le conditionnement sociétal et l'authenticité individuelle nous pousse à nous demander si notre identité est déterminée par des traits inhérents constituant notre for intérieur, plutôt que par la perception de forces extérieures...

Si ce sujet n'avait été le préféré de Mickey, jamais je ne l'aurais choisi. Il est évident que les idées préconçues de la société et ma véritable nature n'ont pas fait bon ménage par le passé et me le rappeler une énième fois ne m'était pas d'une grande utilité.

Avant que le harcèlement ne commence, ce type d'exercice ne me posait aucun problème. Au contraire, j'aimais partager avec la classe mes connaissances. Loin d'être l'une de leur victime favorite, ils m'observaient tous d'un œil attentif. Je parvenais à les captiver cinq, dix, quinze minutes, le temps qu'il me fallait pour discuter de n'importe quel sujet. À cette époque, mon père semblait m'avoir fait don de sa parole envoûtante, qui même alcoolisée restait claire et distincte. Mais lorsqu'ils avaient découvert mon homosexualité et jouèrent de ma naïveté, je m'étais retrouvé seul, avec pour unique solution de me faire oublier.

Dorénavant, les exposés tordaient et tournaient mes intestins dans mon ventre et mon cœur battait à une vitesse incontrôlable. Malgré ça, c'est ma respiration qui me donnait le plus de fil à retordre. J'aspirais et expirais avec difficulté, puis elle se coupait brutalement pendant des secondes aussi lentes que des minutes avant de me laisser reprendre.

Je reçois un coup de coude et d'un regard pressant, Mickey me supplie de parler. Je me rends alors compte de tous les visages tournés dans ma direction, attendant avec ennui ma partie. En dépit de mes organes en pagaille, je me lance et ouvre la bouche, cherchant en vain mes mots.

C'est tout ce qu'il fallut. Une seconde d'hésitation pour entendre les chuchotements des élèves.

-Notre vraie nature reste inébranlable malgré l'influence de la société, affirmé-je, les yeux perdus dans le vide afin de ne pas affronter leur regard désapprobateur, car elle résulte d'une combinaison de traits personnels et d'expériences de vie uni-

-Je vais faire une petite sieste, me coupe une fille du premier rang, Réveillez-moi quand il aura fini.

Celle-ci baille et deux de ses amies ricanent. Le petit groupe pose ensuite leur tête contre leur paume et ferme les yeux.

-Sérieusement, pourquoi tu joues le timide devant nous ? Pourtant t'as pas attendu longtemps pour ouvrir tes jambes devant Dae-oh, gronde un autre élève, mimant une gesture inapproprié

𝕯𝖊𝖑𝖎𝖈𝖎𝖔𝖚𝖘 𝕭𝖑𝖔𝖔𝖉 { 𝖍𝖔𝖔𝖓𝖐𝖎 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant