Chapitre 4 : Trop d'émotions

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   « Ail' ! » crie une voix familière près de moi.

   La sonnerie vient de retentir et je suis assise contre le mur du couloir, après m'y être glissée, à reprendre difficilement mon souffle. En sortant d'anglais, j'avais tant besoin de me défouler que je suis partie en courant, telle une dératée. Je me suis arrêtée au bout de quelques minutes à peine, toujours encore à l'intérieur du lycée, incapable d'aller plus loin. Ma respiration m'a brutalement quittée, et je peine à la retrouver. J'ai couru si vite, en même temps ! Je ne me serai jamais cru capable de faire un tel record, même s'il n'a pas duré. Il faut dire que depuis mon réveil, comme le reste, je n'ai pas eu le loisir de pratiquer de sport. Vous pensez donc bien le choc que j'ai pu ressortir, à tout reprendre brusquement. Me sentant défaillir, j'en ai profité pour m'adosser contre le mur, fermant les yeux. Mais lorsque je les ai rouverts, j'étais couchée par terre à suffoquer, telle une malade.

   Ce que je suis, au fond.

   J'ai profité de mon léger moment de reprise pour attraper mon portable et écrire à Finn : Batimt C bas escal.

   Voilà pourquoi il est présent, à mes côtés, tentant vainement de me faire reprendre entièrement connaissance. Je le sens m'attraper et me soulever pour me transporter, prenant soin de ne pas écraser ma cage thoracique. Ma vue est brouillée, mais j'aperçois devant moi des tâches qui, je le comprendrai plus tard, sont tous ces lycéens, curieux et pathétiques, s'écartant de notre chemin en n'agissant aucunement, sinon de regarder la scène. Pendant quelques instants, c'est le blanc total pour moi, jusqu'à ce qu'un bruit de sirène me fait revenir à la réalité.

   Je n'ai plus de souffle. Plus d'air. Plus de vie.

   Je ferme les yeux, me laissant sombrer lentement. Encore une fois, je refais une faible apparition et je peux voir, à travers le brouillard qui s'est emparé de mes yeux, qu'un homme est penché au-dessus de moi. J'essaye de bouger la tête mais me retrouve coincée, un masque à oxygène m'empêchant tout mouvement. Celui que je suppose être un infirmier le remarque, et il me dit, d'une voix ferme :

   « Il va falloir être forte Aileen. Tu as fait un très gros effort et tu as beaucoup de mal à t'en remettre. Il va donc de soi que tu ne paniques pas, que tu gardes calme et que tu respires tranquillement, et surtout, que tu restes avec nous. Compris ? »

   Je cligne un coup des yeux en esquissant un léger mouvement de la tête, montrant que tout est clair. Voilà quelqu'un qui sait parler aux gens. Quelqu'un qui sait se faire respecter.

   Bientôt, je sens que le véhicule dans lequel nous nous trouvons s'arrête, et l'infirmier reprend :

   « Bien. Nous sommes arrivés, maintenant, on va te déposer aux urgences et ils vont s'occuper de toi. Surtout, ne paniques pas, c'est le plus important. »

   Et c'est de là que, une heure plus tard, je me retrouve dans une chambre, avec Finn à mes côtés.

   « Ail', il va m'entendre ce prof à la con. Et pas qu'un peu ! »

   Je lui fais un léger sourire et pose une main très molle sur sa joue en secouant la tête. Les infirmiers m'ayant installé un appareil qui me permet de mieux respirer, je ne peux même pas embrasser mon copain. Alors que j'en ai bien besoin en ce moment même... Il profite alors du contact de mes doigts contre lui pour tourner la tête et déposer un baiser sur ma paume, avant de la prendre et d'y coller une myriade de bisous.

   « Ail', dit-il entre deux embrassade, me fixant intensément dans les yeux, ne me fait plus de peur comme ça. »

   J'acquiesce lentement, tandis que ses lèvres frôlent ma peau et remontent le long de mon bras en me procurant la chair de poule.

Raconte moi (partie 2) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant