Chapitre 8 : Je t'aime !

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   Dimanche 26 octobre 2014

   Quelle nuit ! Je me suis vraiment éclatée avec Finn. J'ai tout oublié cette soirée, grâce à lui. James qui est parti, mon engueulade avec mon père, ma fuite, tout. J'ai juste pensée à nous deux. Il est génial. Il a des mains parfaites, douces, une bouche qui m'emporte ailleurs, agréable et... magique. Il me fait tout oublier, me fait me perdre en lui, me fait m'enfoncer de plus en plus dans ce qu'on appelle l'amour. Avec lui, j'oublie dans quel monde nous vivons, j'oublie les pires choses qu'il soit pour ne penser qu'à lui, pour rire et vivre, être heureuse. Il est un peu comme un livre. Beaucoup disent qu'ils lisent pour s'évader dans d'autres vies et ne plus penser à celle qu'ils vivent dans ce monde de fou. Eh bien moi, je ne me perds pas dans mes romans, mais dans mon copain.

   Le fait d'écrire me donne une idée. Je ferme doucement mon carnet, veillant à ne pas réveiller Finn qui dort encore. Il est 9h57 et cela faisait déjà une bonne heure que je ne dors plus. Je cherche dans ses tiroirs une feuille blanche et prends un de ses stylos de couleur turquoise, celle qu'il préfère. Je trace ensuite quatre mots d'une écriture soigneuse, pour y dessiner par la suite, un couple de dos se tenant la main et partant vers l'horizon, vers l'avenir. Je suis surprise d'ailleurs du résultat, de ce talent que je n'avais pas découvert depuis que je suis réveillée. Je m'occupe ensuite des ombres pour leur donner du relief et décide de laisser le tout en noir et blanc, de sorte à ne pas gâcher le texte écrit dessus. Ma main glisse toute seule, comme si je ne m'étais jamais arrêtée de dessiner.

   Une fois terminé, je souffle doucement un coup sur le papier pour enlever les restes de gommage, et le tends devant moi pour l'observer. Le résultat me plait bien, je dirais même qu'il est assez réussi. Je souris, lorsqu'une voix rauque et fatiguée s'élève dans la pièce :

   « Qu'est-ce que tu fais, princesse ? »

   Je me tourne vers Finn, à moitié dans les nuages, en lui rendant son beau sourire matinal. Il se frotte les yeux, voit ce que je tiens en main et se lève avec lenteur.

   « C'est quoi ? » me demande-t-il en s'approchant de moi.

   Il se penche par-dessus ma tête, met ses mains sur mes épaules et je relève les yeux de sorte à voir sa réaction. Toute trace de fatigue a disparue, il arbore maintenant une expression émerveillée.

   « Wow, princesse ! C'est... magnifique. »

   Il prend la feuille et lit à voix basse les quatre mots qui s'y trouvent, avant de me regarder à nouveau, les yeux ronds.

   « Alors là, Ail'... » murmure-t-il.

   Je lui souris et il dépose le dessin délicatement sur le bureau, avant de me prendre les mains et de me lever pour m'attirer contre lui. Jusqu'à ce qu'il se rappelle d'une chose et qu'il se mette à pester.

   « Ah merde ! C'est vrai qu'on est le petit matin... »

   Je ris et esquisse un geste de la main pour lui faire comprendre que ce n'est pas grave. Il reprend alors la feuille et commence à marcher partout dans la chambre et en la collant contre les murs pour savoir où l'accrocher. On finit par trouver tous les deux un endroit parfait : juste au-dessus du lit, au mur perpendiculaire à celui envahi par toutes les photos de nous deux. Pendant que je le mets dans un cadre -il y a absolument tenu, et que je le dispose correctement sur un clou déjà présent, il sort de la pièce et je l'entends qu'il bricole quelque chose. Lorsque j'ai terminé mon affaire, je le rejoins dans le bureau de la maison et vois qu'il traficote quelque chose. A mon arrivée, il range tout précipitamment, gardant pour lui le mystère de ses actes, et nous décidons de descendre prendre le petit déjeuner, en compagnie de Sandra.

   « Ça va les jeunes ? nous demande-t-elle lorsque nous pénétrons dans la cuisine. Vous avez bien dormi ?

   - Oui m'man. »

   Je hoche la tête au moment où son regard croise le mien, et un sourire se forme automatiquement sur mes lèvres. Un sourire. Que j'offre à une personne autre que Finn.

   « Eh bien, renchérit-elle, l'expression malicieuse, la nuit a été mouvementé, apparemment ! Rien qu'à voir votre tête... Et puis, je vous rappelle que les murs ne sont pas très bien isolés... »

   Mon visage change brutalement de couleur, accompagné de celui de Finn. Avec du recul, c'est vrai que je n'ai pas vraiment pensé à être discrète. Entre mes rires et mes cris de surprise, Sandra a eu tout le loisir de nous imaginer toute la soirée. Au vue de notre réaction, elle se met à se moquer gentiment de nous, et un son clair emplit la pièce bien silencieuse de gêne. Personnellement, je n'accepterais pas que quelqu'un nous charrie à ce point sur ce sujet. S'en est terriblement désagréable et perturbant pour nous. Peut-être est-ce le fait qu'il s'agit de la mère de mon copain qui ne me fait aucunement penser ça. Au contraire, même si je suis embarrassée, notre discussion cache un côté amusant.

   « Eh, je rigolais ! s'exclame-t-elle tout à coup. Mais à voir votre tête, ça en dit long. »

   On se jette tous un dernier regard, avant d'éclater de rire, tous les trois, telle une bombe prête à exploser. En voilà une, de vraie famille !

   Lorsque nous sommes enfin calmés, Finn et moi nous installons au côté de Sandra et mangeons tranquillement. Quelques bribes de conversations se font percevoir entre eux, mais ce n'est jamais quelque chose de vraiment important.

   « Aileen, me dit-elle subitement, ma chérie, tu sais que tu peux rester ici aussi longtemps que tu le souhaites. Mais il va quand même falloir que tu parles à Nicolas. Être violent comme ça avec ses enfants... C'est pour ça que je vais m'en charger aujourd'hui. »

   Des frissons me parcourent de la tête au pied.

   « Maman... fait Finn, inquiet, tu es sûre ?

   - Oui. On ne peut pas laisser passer ça. »

   J'acquiesce, le sujet est clos.

   Le petit déjeuner terminé, mon copain et moi nous précipitons dans la salle de bain de sorte à renouveler notre jeu de la veille. Cette fois ci, lui gagne avec succès et il disparaît rapidement. Je le rejoins quelques minutes après, mais il me fait rapidement ressortir.

   « Attends deux minutes. »

   Je fais ce qu'il me dit, et lorsqu'il rouvre la porte, Finn me dit, me prenant délicatement la main :

   « Ferme les yeux s'il te plait. »

   Je suis ses ordres et me fais conduire dans la pièce, puis sens le contact de ses doigts sur ma taille, son corps contre mon dos et son souffle dans ma nuque.

   « Il faut seller le pacte », me murmure-t-il d'une voix rauque.

   Mes paupières se soulèvent lentement, pour me faire voir une affiche quelque peu semblable à la mienne, faite ce matin-même. Un léger rire sort de ma bouche, et je suis touchée par le fait que mes quatre mots ont l'air de lui tenir à cœur. Au lieu d'avoir fait un dessin, Finn en a profité pour imprimer en grand notre image que j'aime tant, celle où nous sommes assis face à face, pour y écrire la petite phrase dorénavant si importante pour nous. Il me la chuchote doucement dans l'oreille, et je me tourne vers lui, les larmes aux yeux, émue par son geste.

   Je m'empare lentement de son visage pour (enfin) embrasser ses lèvres, et un nuage de papillon en profite pour s'envoler de mon ventre. Après un long moment très agréable, je me détache de lui, prends mon courage à deux mains et ouvre doucement ma bouche. Aucune crise n'a l'air de vouloir faire son apparition, je commence donc à articuler, sans sortir de son tout de même, nos quatre mots. Ses yeux restent emprisonnés dans les miens, un sourire grandissant s'affiche sur son visage et il presse ses lèvres sur les miennes, chaudement, sûrement, passionnément.

   Car oui, Finn.

   Pour toujours mon amour.

Raconte moi (partie 2) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant