Chapitre 11 : L'histoire touche à sa fin

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   « Qu'est-ce que c'est bon... T'es sûre que tu n'en veux plus Ail' ? »

   Je souris et, sans réponse, lui pique sa cuillère de sorte à lui voler du tiramisu.

   « Eh, mon dessert ! »

   Je ris légèrement, profitant de sa réaction pour laisser le couvert dans ma bouche, le temps que le parfum se diffuse bien dans ma bouche. Je la retire finalement, de la façon la plus sensuelle que je le peux, et la lui rends, avec indifférence. Son expression me montre clairement qu'il l'a oubliée, ses yeux restent rivés sur mes lèvres et je le verrais presque se passer un coup de langue sur les siennes. Mes joues rosissent, son index se pose sur le coin de ma bouche pour essuyer quelque chose qu'il dépose sur la serviette. Ma gêne disparue, je lâche un rire. N'est-il pas censé... Non. Bien sûr que non.

   Avant que je ne puisse écrire quoi que ce soit, il sourit et dit :

   « Je confirme bien que t'as vu trop de films. »

   Nouveaux rires, il finit son dessert en silence.

   Il est tout juste vingt-deux heures quand nous reprenons la route. Le dîner était très bon, et je peux dire que depuis mon réveil, je ne me suis jamais autant amusée. Le trajet, par contre, est bien calme. Finn a mis la radio qui diffuse des musiques d'ambiances, le son presque au minimum, le bruit du moteur les recouvrant presque. Chaque minute, mes yeux se posent sur le cadran central qui affiche l'heure. Le début du match s'approchant de plus en plus, je me mets étrangement à angoisser. La question de la blague est résolue, je me dis que je verrai bien par la suite. Je ne me demande plus s'il était sérieux, je verrai bien.

   De temps en temps, mon regard se dirige discrètement vers lui, et il arbore toujours ce sourire paisible. Sa main, qui a attrapé la mienne dès que nous nous sommes engagés sur l'autoroute, se serre un peu plus.

   « Je sens que ça va te plaire », dit-il.

   Le stade approche dangereusement, jusqu'à ce qu'il nous apparaisse au loin. Mais il y a un problème.

   Tout est éteint.

   Il se gare dans le parking vide et coupe le contact de la voiture, on se retrouve dans le noir. Les lampadaires de la route étant un peu loin nous entoure doucement, laissant percevoir les contours de chacun. Je tourne la tête vers lui, et l'observe un moment jusqu'à ce qu'il brise le silence en murmurant :

   « Ah ben, merde alors... »

   Il ouvre la portière, lâche ma main et sort. Je décide de faire de même, jusqu'à voir son ombre s'approcher de moi. Sa main s'empare à nouveau de la mienne, et je le sens me tirer en avant. Une faible lueur illumine son visage, il arbore une expression totalement stupéfaite.

   « Oh non, fait-il une fois que nous sommes devant le terrain, on l'a loupé ! Alors il n'avait pas été reporté... »

   Nous restons un moment ainsi, jusqu'à ce que, sous l'effet d'une poussée d'adrénaline, je coupe le contact qu'il y a entre nous pour passer sous la barrière.

   « Eh... ! » j'entends derrière moi.

   Je fais un grand sourire dans le vide et inspire un bon coup, sentant le vent frais –qui n'est par ailleurs jamais de bon présage, me chatouiller le visage.

   Je me sens libre. Tant libre !

   J'entends des bruits de pas étouffés par l'herbe derrière moi et me retourne lentement. L'ombre de Finn s'approche et je sens brusquement son corps contre le mien. Ses mains glissent dans le creux de mon dos, je frissonne et me laisse aller lorsque ses lèvres se posent sur les miennes. Rapidement notre baiser devient fougueux et je sens son cœur battre à une vitesse hallucinante contre ma poitrine. Je suis tant absorbée par lui que je ne sens même pas le mien, prêt à faire exploser ma cage thoracique.

   « Je t'aime, m'Ail », souffle-t-il entre deux baisers.

   Les papillons reprennent vie dans mon ventre, ils battent des ailes à puissance maximale pour prendre leur liberté. Je pose ensuite mes deux mains sur ses joues chaudes et le repousse légèrement, essayant de le fixer droit dans les yeux autant que je le peux. J'ai envie de lui faire parvenir ma pensée, mais rien n'y fait. Il essaye à nouveau de m'embrasser, ignorant mon message, et je le laisse faire pour cette fois. Je devine ses pupilles très dilatées et sens son souffle chaud contre mon visage, ce qui provoque en moi une explosion d'envolée de lépidoptères à l'air libre.

   Tout à coup, je sens une, puis deux, puis trois gouttes s'écraser sur ma tête. On se détache tous les deux, et je me mets à rire doucement. Je recule d'un bon pas et lève mon visage vers le ciel, sentant l'eau frapper mes joues, mes paupières, et mon front, puis glisser sur mon menton.

   Il fait froid, mais je me sens libre, et c'est un effet si agréable que je souhaiterais rester ainsi pour le restant de mes jours, avec Finn à mes côtés. Je le vois qu'il se tourne vers moi et me lance vers lui pour me jeter dans ses bras, avant d'enlacer sa taille de mes jambes. Sa surprise est telle que nous manquons de tomber, mais il se reprend vite et pose ses mains sur mes hanches, de sorte à me soutenir.

   « Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime ! »

   Ses paroles ont contre moi un sentiment tellement passionné et heureux à la fois que je ris doucement, puis l'embrasse délicatement. Notre baiser retrouve la fougue de celui d'avant, ses mains glissent sous ma jupe trempée. Il me serre les cuisses et ses lèvres se pressent de plus en plus fort contre les miennes, tandis que je resserre l'étreinte de mes jambes autour de sa taille. Comme si nous ne formions plus qu'une seule personne, la même pensée nous traverse et nous nous détachons brusquement. Mes pieds retrouvent le contact du sol, sa main attrape la mienne et nous courant vers la voiture, tels deux amants emplis de bonheur et d'amour.

   Finn ouvre la portière côté conducteur et s'installe tandis que je me glisse à ses côtés, sur le siège passager. Il insère la clé pour mettre le contact, mais notre coup d'œil empêche la suite. L'obscurité de l'endroit ne me cache pas l'expression de son visage, qui indique clairement ses intentions. J'enjambe le levier de vitesse pour me retrouver assise à califourchon sur ses genoux, et nos baisers reprennent. Tous plus fous les uns que les autres, de nouveaux papillons arrivent pour se coincer entre nous et nous faire frissonner de leurs douces ailes colorées. Sa main m'enlève la veste et défait la tirette de ma robe, qui retombe sur mes jambes. Il passe des mains fraîches dans mon dos, provoquant ce dressement subit de mon léger duvet. Dépourvu à son tour de tout haut, je m'amuse à faire glisser mon index sur son torse en mordillant doucement ses lèvres. Mon souffle s'accélère à chaque pas de plus que nous faisons, et nos cœurs ont atteint une vitesse incontrôlable et totalement incroyable. L'amour fou qui nous lie prend le dessus et nous entraine dans une danse folle de passion qui nous attire toujours plus l'un à l'autre.

   Nous y sommes enfin.

   Dans une voiture, un soir à vingt-deux heures passées. Qui l'eut cru ?

   La peur s'empare brusquement de moi lorsque nous aboutissons presque au moment fatidique, et Finn le remarque de suite. Il s'arrête de faire tout mouvement, et dit d'une voix étouffée :

   « Ail', tout va bien ? »

   Je commence lentement à paniquer, mon souffle se coupe abruptement et Finn rompt le contact qu'il y a entre nous, inquiet.

   « Ail', je t'ai fait mal ? »

   Je me redresse en inspirant et expirant autant que je le peux, non sans peine. Les larmes me montent doucement aux yeux avant de venir dévaler mes joues, et je me sens m'anéantir de l'intérieur, petit à petit.

   Je n'aurais jamais pensé parvenir à cette fin.

   J'ai tout gâché. Tout. Pas uniquement ce moment magique avec Finn, non. Mais aussi toute ma relation qui nous liait tant avec lui.

   Cette sensation ressentie lorsque nous ne faisions qu'un, c'est elle qui m'a fait comprendre. Je l'ai déjà vu.

   Je l'ai déjà vécue.

   Mais pas avec lui. Avec un autre. Un autre qui m'a détruit ma vie déjà une fois, et maintenant une seconde. Un autre qui, j'en suis dorénavant sûre, m'a volée mon innocence et mon couple que je formais si bien avec Finn.

   Lucas.

Raconte moi (partie 2) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant