Au gré du vent

25

Mes genoux repliés contre ma poitrine, assis par terre, je souriais. Encore. Toujours plus longuement. Sentir cette nouvelle chaleur dans ma poitrine me comblait. Pour la première fois depuis longtemps, mon esprit était apaisé. Les souvenirs, les rêves, les violences ; tous disparaissaient pour ne laisser place qu'à un seul visage. Je pouvais le dessiner sous mes paupières clauses : ses prunelles onyx, ses lèvres fines, son air flegmatique. Je me repassais les traits de son visage avec une facilité étonnante. Comme si mon esprit était une toile vierge, où je peignais le plus beau des tableaux : Sasuke.

Visualiser son visage dans mon esprit me calmait. Je continuais de reprendre mon souffle quand je me rappelais alors mon objectif premier, le retrouver. Je me redressais maladroitement sur mes jambes, épuisé par ma course effrénée. J'avais fuis ma prison à une vitesse déconcertante. Mais j'avais aussi fuis Gaara.

Mon cœur se serra douloureusement, je redoutais qu'il soit en colère contre moi. Je ne voulais pas le perdre. Sentir cette nouvelle protection sur moi, ce nouvel intérêt qu'on me portait, m'avait comblé de joie. Je ne voulais pas perdre cela.

Je ne voulais plus perdre quoi que ce soit, ni qui que ce soit.

Fermant fortement mes paupières, je ramassais mon sac que j'avais laissé tombé et le glissais par dessus mon épaule. Je sortis rapidement de la ruelle, et mon envie toujours plus pressante de retrouver Sasuke fit disparaître les traits bouleversés de Gaara de mon esprit.

Je remontais le dédale des rues, ne prêtant aucune attention aux larges graffitis qui barraient les murs abîmés de Konoha. Mes pensées s'enchaînaient les une après les autres, toujours plus vite. Serait-il heureux de me voir ? Agacé ? Surpris ?

Que me dirait-il ? Quelque chose de méchant comme « va t'en ! ». Ou bien serait il toujours aussi impassible et ne me lancerait qu'un simple : « tu peux repartir ». L'idée qu'il puisse me rejeter aussi facilement me brûlait la poitrine, comme s'il s'échauffait toujours davantage, comme une machine d'usine, jusqu'à exploser et me couper le souffle de tristesse. Je secouais la tête de droite à gauche, essayant désespérément de chasser ce mal-être de mon corps. Je continuais d'arpenter les rues de la ville quand une toute autre question vint me percuter de plein fouet :

- « Et moi, que lui dirai-je ? » soufflais-je à mi-voix.

Je m'arrêtais doucement, tétanisé. Je n'avais pas du tout réfléchis à ce que je pourrais lui dire. J'avais simplement obéit à cette volonté énigmatique, qui me poussait à le rejoindre. A vérifier qu'il allait bien, qu'il ne m'avait pas fuit. Moi, le démon.

Sans m'en rendre compte, j'avais repris ma route et en levant la tête je pouvais déjà apercevoir la clôture blanche de la maison de Mr. Uchiwa. Les battements de mon cœur s'accéléraient à chacun de mes pas. Ma poitrine me brûlait quand je franchis le portillon, et son grincement me fis sursauter. J'avais la douloureuse impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine quand je me décidais d'avancer vers la large porte en bois blanc. Comme si des aiguilles me transperçaient de toute part, la peur s'insinuait dans mon ventre, coupant mon élan.

J'étais à 50 centimètres de la porte, le poing levé, prêt à frapper. Pris d'un doute, alors que l'angoisse se repaissait de mes entrailles, j'eu l'envie de faire demi-tour. De rebrousser chemin, et d'oublier cette chaleur enivrante qui habitait ma poitrine depuis que j'étais arrivé à destination.

Aurais-je la force de surmonter un rejet ? Son rejet ?

- « Qu'est-ce que tu fais là jeune homme ? »

Je me retournais vivement vers cette voix, confus et gêné. Je trouvais derrière moi le maréchal-ferrant : Obito Uchiwa. Je tentais de reculer d'un pas, surpris et décontenancé, mais je fus vite stoppé par la porte dans mon dos. L'homme devant moi arborait la même expression que Sasuke : indéchiffrable. Il fronça les sourcils tout en avançant vers la porte. Je fis un pas de côté quand il sortir ses clés de sa poche. Je ne disais plus rien, entièrement figé. J'étais terrifié à l'idée qu'il puisse me chasser avant que j'ai pu voir Sasuke.