— Sr Jaccob, se dit-il à lui-même.
Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il ajusta ses manchettes et son jabot. Le jeune homme se regardait dans le miroir, ne voyant que son costume bouger au rythme de ses mouvements. Le diable porta son regard océan sur les flemmes ardentes qui crépitait dans la cheminée d'ivoire.
À l'intérieur, il pouvait s'imaginer sa promise. Cette idée, de l'amener en enfer ne lui était pas anodine, mais il avait envie de régner sur les terres du Nagarr, à ses côtés.
Cette femme lui plaisait. Il aimait la voir contrarier. Son visage d'ange paraissait si naturel ainsi. Ses cheveux noirs lui rappelaient les plumes d'un corbeau, ses yeux bleus lui faisait penser à la plus belle fleur qui n'aurait jamais vue ailleurs que dans ses prunelles ardoises.
L'homme ferma les yeux et soupira d'envie de goûter sa chair. Il n'attendait que ce jour, ce jour où il prononcerait ses voeux et qu'à jamais il la possède. Il pouvait déjà la voir nue, dans son lit, le suppliant de la faire gémir jusqu'à épuisement. Cette idée n'était pas mauvaise, mais il était loin de gagner son cœur.
•
* *Elizabeth se trouvait dans sa chambre, ses pensées voguaient vers de nouveaux horizons. Les domestiques s'affairaient à la préparer. Une domestique serrait son corset, à en perdre haleine. Les mains de la princesse agrippaient solidement la poutre de son lit baldaquin, le teint bleu par le manque d'oxygène.
— Je ne peux plus... respirer, dit-elle d'une voix faible.
— Vous respirerez après le banquet, dit une femme dans un coin de la pièce.
— Je refuse de m'y rendre ! s'exclama Elizabeth.
— C'est à cause de cet homme ? Elizabeth, c'est un mariage, ce n'est tout de même pas la fin du monde.
— Parlez pour vous ! Je déteste cet homme, dit-elle en baissant la tête avant qu'une larme ne roule sur ses joues.
La vieille dame s'approcha de la princesse et ses yeux perçants examinaient son élève. L'écolâtrice s'en voyait déçue du comportement de la jeune femme.
— Récitez votre rôle, exigea-t-elle.
— Jamais une princesse ne doit se plaindre de sa condition. Elle épousera l'homme que son père a choisi sans dire un mot. Elle devra lui offrir des héritiers mâles, même si sa vie est en danger.
— C'est très bien, dit-elle comme si, elle s'adressait à un chien. Maintenant, récitez un verset pour avoir déshonoré votre rôle.
Elizabeth soupira et se tue, ne voulant pas faire grâce à Dieu pour cet homme qu'elle était forcée d'épouser dans quelques jours. La vieille femme s'empoigna d'une règle qu'elle fit claquer dans sa main. Elizabeth déglutit et récita :
— Notre père qui est aux cieux. Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur Terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Délivre-nous du malin. Car c'est à toi qu'appartient dans tous les siècles. Le règne, la puissance et la gloire, dit-elle à contrecœur.
— Maintenant, arrêtez de vous plaindre.
Elizabeth hocha la tête avant de pousser un cri de surprise. La femme qui s'occupait de son corset l'avait serré davantage.
*
• •Elizabeth sortit de sa chambre accompagnée de ses domestiques les plus fidèles. Les pans de sa robe turquoise glissaient sur le sol. Ses manches en dentelle tombaient légèrement sur ses épaules. Ses cheveux noirs étaient dressés sur sa tête et décorés de pierres précieuses et de colliers de perles blanches.
Ses yeux azur regardaient le sol. Jamais elle n'aurait cru qu'un banquet ne la dégoûte à un point de non-retour. Elle ne voulait pas le voir. Lui et sa grossièreté.
Ses pas s'arrêtèrent en haut de l'escalier qui trônait dans la salle de bal. La musique était à son comble. Le valet lui fit une gracieuse révérence et annonça :
— La princesse Elizabeth de Nagarr.
Les voix se coupèrent et des centaines de têtes la fixèrent administratives. Au loin, la jeune femme put apercevoir son futur mari. Elle redressa la tête faisant bonne parure. Le visage sérieux, Elizabeth descendit les escaliers un à un, pas à pas. Jaccob déposa sa coupe de champagne sur un cabaret et s'approcha d'elle.
Il lui tendit gracieusement sa main, qu'elle accepta à contrecœur. Elle devait faire bonne impression.
— M'accordez-vous cette danse ? demanda, Sr Jaccob.
Elizabeth scruta les alentours pour se trouver une issue, mais entre son oncle qui buvait des énormes cruches de bière à en être malade, son cousin gênant à souhait et son père qui la forcerait à danser de toute façon, son choix devait s'arrêter à lui. La jeune femme hocha doucement la tête.
Jaccob fit signe aux musiciens d'engager une nouvelle mélodie. Ces derniers sourires et mirent plus de conviction sur leur violon et le rythme de leur instrument s'accentuèrent.
L'homme la tira vers son corps, cette dernière resta surprise. Il plaça délicatement sa main sur le bas du dos de sa partenaire, Jaccob plongea son regard azur dans ceux de sa dame. Elizabeth du user de courage pour déposer sa main sur le torse de son futur époux. Les deux jeunes gens se mirent à tourbillonner au rythme de la musique.
— J'avais peur que vous ne soyez pas présente.
Les convives s'étaient écartés de la piste de danse, ils entouraient les deux jeunes gens. Les vieilles dames regardaient les futurs mariés, joyeux de cette union.
— J'aurais bien aimé, mais madame Savard m'a forcé à venir.
Jaccob sourit de plus belle, prit la main de sa belle et la fit tourner sur elle-même. Sa robe formait un léger dôme autour d'elle. Elizabeth revint dans les bras de Sr Jaccob, le teint livide. Cet homme lui faisait de l'effet, mais une chose la dérangeait. La princesse ne savait pas de quoi ça pouvait s'agir. Peut-être sa manière d'être ? Froide, mystérieuse, la prestance qu'il dégageait. Elle ne savait pas.
— Votre coiffure Milady est d'une étrangeté sans merci.
Elizabeth s'esclaffa de rire. Cet homme n'avait pas tort. La jeune femme avait toujours trouvé les coiffures de l'aristocratie, bien trop exagérées.
— Vous n'avez pas tort, elle est affreuse ! Vous ressemblez au juge Tifort dans cet accoutrement.
L'homme sourit avant de déposer délicatement sa tête dans le cou de la femme devant lui. Il huma son odeur de fraise qui s'en échappait. Elizabeth sentait son souffle chaud frôler sa peau. Sa respiration devint rapide, elle ne savait ce qu'il la prenait. La princesse avait envie de goûter les lèvres de son futur mari. Mais elle ne pouvait pas, pas ici, pas en public !
Jaccob plongea ses yeux océan dans ceux de sa bien-aimée avant de déposer fougueusement ses lèvres contre celles d'Elizabeth. Cette dernière se recula et lui donna une fesser sur la joue. L'homme mit sa main sur sa peau endolorie, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
— Vous n'avez pas honte !
— C'est ce que vous vouliez.
Elizabeth agrippa sa robe turquoise et monta les escaliers en trombe. Laissant en plan Jaccob au milieu des convives.
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La princesse damnée|| Tome 1
FantasiElizabeth de Nagarr, fille du roi des terres du sud. Promise au diable dès sa naissance, Elizabeth est loin de s'imaginer toutes les surprises qui l'attendent. Son futur époux Jaccob Tozaq est un homme froid, mais à l'apparence soignée. Elizabeth l...