Chapitre 4 {partie 1/3}

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— Je ne comprends pas votre réaction princesse.

Elizabeth releva la tête et regarda son interlocutrice. Elle ne put réussir à lui accorder un simple sourire. Son cœur serré et brisé en mille morceaux par ce mariage, lui en empêchait.

— Il est plutôt bel homme, rajouta Judith.

Elizabeth haussa des épaules, sa préférée n'avait pas tort, mais le problème venait de la personnalité de son futur époux. Si grossière, si froide... si mystérieuse. Que lui prenait-elle ? La princesse ne pouvait pas avouer qu'elle l'aimait réellement. Le physique ne devait pas rentrer en compte. La personnalité, l'élément le plus important à ses yeux se trouvait en jeu.

— Il l'est certes, mais dans ses yeux, je ne peux voir qu'un monstre, dit-elle en baissant la tête.

— plaît-il ? demanda, Judith surprise. Je parie que c'est votre colère qui joue en compte.

Elizabeth soupira, elle tâta sa couverture de ses doigts délicats. Son lit, sa chambre étaient ses repères. Le seul endroit où elle pouvait avoir la paix de son père, de son rôle et de Sr Jaccob.

— Croyez-moi, il n'a aucun savoir vivre.

— Il s'exprime convenablement, son apparence est toujours soignée et son regard, Seigneur pardonnez-moi de ce péché, mais il est si mystérieux, si bleu. À votre place, je l'épouserai sur le champ.

— Rajoutez à présent qu'il est aussi bon avec ses mains qu'avec sa parole et je plaindrais le Seigneur de vous envoyer en enfer, dit Elizabeth d'un air amusé. Si vous y tenez tant, je vous le laisse.

Judith rigola timidement. La jeune servante prit du bout des doigts une fleur aux pétales bleues et la déposa dans les cheveux de la princesse.

— Votre père n'accepterait jamais. Ce ne serai pas convenable, dit-elle d'un ton drôlement sérieux.

Elizabeth n'avait pas l'habitude de parler sérieusement avec Judith. Les deux femmes se connaissaient depuis la tendre enfance, elles avaient grandi ensemble, leurs vingtaines d'années ne les avaient pas séparées.

— Parlant de votre père, celui-ci veut que vous allez le voir dans le jardin royal avant votre tour de calèche.

Les yeux ardoises de la jeune femme s'arrondirent, rare étaient ces moment où son père cherchait à communiquer avec elle. Habituellement, leur discussion se résumait à des simples phrases de courtoisie, rien de très sensationnel, des petites phrases obligatoires pour le maintien de l'ordre. Les célèbres « Bon matin, comment vous portez vous ? » « Vous êtes d'une beauté splendide, ce matin. » « Nous avons des invités, ce soir, très chère. ». La dernière conversation qu'Elizabeth avait entretenue avec lui fut une dispute. Elle ne lui avait pas reparlé depuis.

— Comme vous sortez à l'extérieur, je vous conseille de porter vos bijoux moins coûteux. Une ceinture de chasteté au cas où des bandits vous attaqueraient et...

— Judith, vous vous en faites pour rien. Il ne se passera rien. De toute évidence, mon père exigera que je sois accompagnée de chevaliers et en cas de problèmes, je demanderai à ces bandits d'attaquer Sr Jaccob.

— Vous n'avez pas honte ! s'exclama-t-elle.

— aucunement, renchéri Elizabeth.

La princesse se leva, sa robe blanche frôlait le parquet de bois de sa chambre. Elle ajusta son voile et porta son regard sur les flammes ardentes qui s'emparaient des bûches de bois pour les réduire en cendre. Un léger frisson l'a parcouru. Que lui arrivait-il ? Jamais elle n'avait renoncé à son rôle, jamais elle faillit à ce qu'on lui demandait. Il est vrai qu'elle y avait pensé. Se rebeller. Crier sur tous les toits de Nagarr qu'elle pouvait agir comme un homme.

Elle se sentait digne de diriger son royaume, se tenir devant une armée de chevaliers, combatte tel un homme, mais ces pensées lui étaient interdits. Une femme devait honorer son époux, promettre fidélité, un fils. Une princesse devait se présenter aux moments importants, sourire et montrer leur beauté.

— Vous devriez y aller, votre père vous attend.

Elizabeth sortit de sa rêverie et regarda sa préférée d'une mine moue. La jeune servante se leva, tenant dans ses mains un voile fin, d'un blanc si pur qu'il reflétait l'innocence dans sa composition.

Judith l'attacha dans les cheveux de la princesse et la força à sortir de sa chambre. Elizabeth se trouvait dans le couloir avec comme seule pensée : rejoindre son père pour lui parler.

Elle marchait dans les couloirs menant au jardin royal. Les corridors qu'elle arpentaient étaient soigneusement décorés de tableaux. Celui qui attira le plus son attention fut une femme. Elle avait les cheveux noirs, des yeux océan, une bonté divine se reflétait sur son visage. Sur une petite plaque d'or, il y était gravé « Assanéa ». La princesse sourit légèrement, elle prit une fleur violette, accrochée à ses cheveux et la déposa sur le meuble de bois.

Une des bougies déposées à ses côtés s'éteignît la sortant de ses pensées. La deuxième imita la première. Elizabeth sentit un frisson l'envahir et un profond pressentiment l'invitait à dire qu'elle n'était pas la bienvenue.
Elle prit ses jambes à son cou et s'enfuit du tableau. Elle devait s'éloigner !

Essoufflée, elle arriva à l'extérieur. Le soleil de midi était haut dans le ciel nuageux. Les oiseaux entamaient leur cycle migratoire. La princesse suivit les arbustes et le son faible de l'eau qui coule. Cela l'a conduit à une immense fontaine en pierre grise. Des têtes de dragons et de bélier. L'eau sortait de la bouche de ces animaux et retombait dans un bruit de ruissellement.

— Vous vouliez me voir père ?

Le roi William était un homme fort peu bavard. Sa chevelure d'orée commençait à déteindre sur le gris. Ses yeux noirs le rendait guère sympathique.

— Je vois que ta relation avec Sr Tozaq ne va pas bien.

— Comme je voulais dit père, je ne veux pas me marier. Il est grossier, inhumain et il est froid.

Le roi s'empara d'un mouchoir de tissu et toussa à l'intérieur. Elizabeth ne put s'empêcher que des tâches rouges s'étaient emparées de la couleur blanche de celui-ci.

— Vous allez bien père ? s'inquiéta-t-elle.

— Rien de grave, une petite toux.

Elizabeth resta peu convaincu de la réponse de son père. Elle ne pouvait pas croire que ce n'était qu'une simple toux, mais elle ne lui en glissa pas un mot.

— Je ne te demande pas de l'aimer, je te demande de le marier. Lui offrir au moins un fils et assumer ton rôle de reine.

— Pourquoi je ne pourrais pas gouverner seule ? Grand-mère l'a fait et elle a réussit avec brillance.

— Elle a fini guillotiné par l'ennemi. Bref de bavardage Sr Jaccob t'attend.

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Merci à ceux qui lise l'histoire. Je suis vraiment heureuse que vous vous soyez rendu jusqu'ici. Si exemple l'histoire vous inspire pour un fanart n'hésitez pas. Je pourrais la mettre en média et vous créditer dans le chapitre.

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La princesse damnée|| Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant