- Prologue -
- Route 160, Sud du Nevada, 00h35 -
- Mikey -
Putain, elle est encore longue cette route ?
Quatre jours que je roule non-stop au milieu de nulle part dans le noir total. D'après l'gps j'ai dépassé les mojaves et je suis en plein Nevada, plus que quelques heures normalement avant Vegas.
Mais, moi je n'en peux plus. J'vais finir par bouffer le volant de mon SUV à force de tourner en rond.
Du moins, d'en avoir l'impression.
J'égorgerai le premier mec venu pour une boîte de clopes et peut-être aussi des ciseaux parce que j'ai les cheveux qui m'rentrent dans les yeux.
Du calme mon vieux, ça ne sert à rien de s'énerver.
Je souffle en allumant l'auto-radio éteinte depuis hier matin. Je zappe un peu pour finalement m'arrêter sur un canal d'infos.
C'est toujours mieux comme distraction que mes propres pensées.
"Derniers rebondissements dans l'enquête concernant le cambriolage de la banque Miaki au Japon. On dénombre maintenant cent vingt morts dans ce vol ayant entraîner une fusillade d'une ampleur inédite. Le principal suspect de cette tuerie de masse Takemichi Hanagaki aurait quitté le pays du soleil levant depuis bientôt une semaine d'après les informations obtenues par la police."
C'est quoi encore ce foutoir ? Deux jours loin du tintamarre des médias et à peine revenu dans l'actualité que je tombe sur une histoire aussi sordide.
Ça m'intrigue, honnêtement.
Comment peut-on tuer presque deux cents personnes juste pour un stupide braquage de banque ? J'en commets au moins cinq par semaine et j'ai jamais laissé cent vingt cadavres derrière moi.
J'essaie de garder un oeil sur la route en faisant quelques recherches sur mon téléphone que je viens de sortir de la boîte à gants.
C'est dingue, il y a des photos de lui partout sur le net et les chaînes de télévision. Une vraie chasse à l'homme.
Et moi qui pensait être devenu une petite star avec la mise à prix de ma tête l'année dernière, je découvre qu'il y a encore plus foutu que moi.
Mdr.
L'obscurité est si dense autour de cette route paumée que je ne vois pas la silhouette qui traverse soudainement la chaussée.
Je manque de la faire passer sous mes pneus. J'ai freiné si fort que même les vitres montées, j'ai pû entendre le crissement de mes pneus contre le bitume.
Non mais...
"- Hey ducon, tu peux pas faire attention quand tu traverses ?" Je gueule en baissant ma vitre.
Il ne me répond pas et me fixe avec surprise.
Tiens...
Je pousse mes phares au maximum pour avoir un meilleur aperçu de sa tronche. Elle ne m'est pas inconnue. Je viens de la voir à l'instant dans les médias.
Takemichi Hanagaki en personne.
Si ça ce n'est pas une drôle de coïncidence.
La première chose qui attire mon attention sont ses grands yeux bleus remplis de larmes et son air complètement paumé, on aurait dit un animal venant tout juste d'être abandonné sur le trottoir.
C'est tellement triste...
De plus, il ressemble plus à rien dans son sweat et son jean usés par la poussière de la 160.
Je sais pas depuis combien de temps il se prend pour Moïse dans le désert mais il a sacrément morflé entre le Japon et ici.
Mais surtout, qu'est ce qu'il fait ici ?
Il ne doit mon empathie qu'à son regard.
Je connais bien cette peine au fond de ses yeux pour l'avoir vu pendant longtemps dans mon miroir.
Je peux pas le laisser comme ça...
"- Ramène toi, on bouge."
Il hésite. J'aurais fait pareil si j'étais recherché et qu'un inconnu complet me proposait de m'emmener avec lui dans sa caisse en plein milieu du néant.
Je le vois faire un pas puis deux. J'ai pas toute la nuit alors je klaxonne pour le pousser à se dépêcher.
Il finit par claquer la portière côté passager avec un reniflement à en briser le cœur d'un bébé.
"- Où on va ?" Me demande sa voix encore éraillée à cause de ses sanglots passés.
"- Nulle part." Je lui réponds en démarrant la caisse.
"- Ça me va."
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D'ɪᴄɪ ᴀ̀ ɴᴜʟʟᴇ ᴘᴀʀᴛ
Fanfiction- Ils voulaient tout les deux se perdre. Aller si loin qu'eux-mêmes ne se retrouveraient plus jamais. Rien ne les avait prédestiné à se rencontrer sur cette route au milieu de rien. Et pourtant, même s'ils avaient tout perdu dans les aléas de la vie...