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- Spring Valley, Las Vegas, 22h46 -

- Takemichi -

De retour dans la chambre d'hôtel que je partage avec l'homme qui m'a sauvé du désert il n'y a même pas vingt-quatre heures, je descends ma deuxième cannette de bière en regardant les différentes chaînes d'informations où ma tête passe de temps en temps.

Comme un rappel au monde qu'un monstre tel que que moi est toujours tapi quelque part, prêt à sortir de sa cachette pour ôter des vies sans la moindre hésitation.

S'ils savaient...

Mikey a disparu depuis une heure déjà, je me demande ce qu'il trafique. Il parlait de tabac à rouler avant de se volatiliser, j'imagine qu'il est allé en acheter.

Pff, lui aussi préférait rouler ses clopes que d'en acheter déjà faites...

Malgré moi, je grince des dents et ouvre une troisième cannettes d'alcool en espérant qu'elle efface toutes mes pensées sombres.

En sautant dans cet avion, je voulais juste trouver un endroit tranquille pour mourir.

J'en pouvais plus et j'en peux toujours plus.

C'est difficile d'oublier ce genre de blessure, paraît-il. La douleur d'avoir aimer est irréversible.

Et celle d'aimer encore malgré tout est la pire.

Pourquoi ça a finit ainsi ? Pourquoi a-t-il fallu que je sois assez con pour lui offrir le meilleur de moi ?

Ma vie, ma virginité...

Je le déteste.

Je me déteste.

"- Woah doucement ! Qu'est-ce qui va pas ?" Me demande Mikey apparu soudainement de nulle part en me confisquant la canette que je peinais à décapsuler.

J'en étais à ma sixième, je pense, je ne sais plus. Je me sens bien désinhibé en tout cas. Je n'ai jamais eu d'affinité quelconque avec l'alcool de toute façon.

"- Ça t'aidera pas, crois moi.

- Et qu'est-ce que t'en sais !?

- Tu penses vraiment que te bourrer la gueule jusqu'à en oublier ton propre nom va changer quelque chose à ta vie ou t'aider à oublier tout ce que tu ressens ? Temporairement peut-être mais quand tu reviendras à la normale, t'en baveras encore plus."

Je n'argumente pas plus. Son ton était si réprobateur que j'ai l'impression d'être un enfant de huit ans qui vient de faire une grosse bêtise.

Je n'ose même plus le regarder dans les yeux, j'ai encore merdé.

J'arrête pas de le faire.

"- Et puis...si tu veux vraiment te bourrer la gueule, on a encore deux jours à Las Vegas. Tu peux toujours montrer de quoi t'es capable dans les millions de bars et clubs qu'il y a ici.

- Pff pourquoi pas...

- Ok, notre deuxième défi commence maintenant. On va dépouiller une banque de son patrimoine. T'sais y faire non ?

- Tss, ça se pose pas comme question.

- Bien, je vais faire quelques petites recherches pour trouver notre nouvelle cible."

Il récupère son ordinateur portable dans l'unique valise noire qu'il transporte avec lui et viens ensuite s'assoir sur le lit en face du mien.

Je prends un moment pour mieux le regarder. Je n'avais jamais réellement prêté attention à son physique, même si au premier abord je l'avais certes trouvé plutôt beau.

Beau hein ? Parfait plutôt !

Il a de longs cheveux blonds qui atteignent ses épaules et obstruent de temps à autres son regard sombre en amande. Regard sombre qui contraste avec sa peau aussi blanche que de la craie mais qui se fond à merveille sur son visage bien dessiné et ses traits fins.

"- Tu me mates là ?"

La question me sort de mes pensées et je rougis jusqu'aux cheveux en répondant que non.

Ça a le mérite de le faire rire ( Même son rire est parfait ) et il retourne à ses recherches.

Où ira-t-on tout les deux ? Loin, très loin sûrement. Ce n'est peut-être que par intérêt de son côté mais moi je veux que ce petit jeu auquel nous jouons dure pour toutes les années qu'il me reste à vivre.

Je ne guérirai jamais de cette blessure qu'il m'a laissé et je ne pense pas retrouver goût à la vie de sitôt. Cependant, je veux bien me laisser tenter par cette nouvelle aventure.

En espérant qu'elle ne finisse pas aussi mal que la précédente...

"- Bingo !" S'exclame le blond en face de moi en me montrant l'écran de son ordinateur.

"- Wells Fargo Bank ?

- Yep. Sur Decatur Boulevard. C'est le genre de petite banque au milieu de presque rien et au système de sécurité pas trop complexe. C'est dans tes cordes ?

- Ouais, j'pense pouvoir m'en occuper.

- Pas mal. C'est à mon tour de te montrer ce que je vaux, j'crois."

Son petit rictus fier fait naître un sourire doux sur mon visage. Il est aussi impulsif, irréfléchi et agité qu'un enfant de cinq ans.

C'est mignon.

On passe une grande partie de la nuit à échafauder un plan pour entrer et sortir de cette banque avec au moins cinq à six millions de dollars.

Je découvre son esprit calculateur et sans cesse en mouvement. À chaque faille, il trouve une solution et à chaque éventualité, une nouvelle possibilité.

Ce sera intéressant de travailler avec lui, je le sens.

Je ne vais pas m'ennuyer.

"- Tu penses qu'on devrait se renseigner sur le genre de coffre-fort qu'ils ont ?" Je lui demande en bâillant, déjà exténué par toutes ces heures de réflexion et mon périple dans le désert la nuit dernière.

"- Non pas la peine. Vu la structure, c'est forcément un coffre simple avec une ouverture mécanique. On avisera. Tu devrais dormir un peu, tu t'es pas vraiment reposé depuis le début de ta cavale."

C'est vrai, j'ai besoin de sommeil. Tout les muscles de mon corps sont alourdis et je me sens complètement exténué.

"- T'as raison. Je vais me coucher. Tu peux continuer sans moi.

- Pff comme si j'avais toujours eu besoin de toi pour ça. Dors bien, Hanagaki."

"- 'Nuit à toi aussi, Manjiro."

D'ɪᴄɪ ᴀ̀ ɴᴜʟʟᴇ ᴘᴀʀᴛOù les histoires vivent. Découvrez maintenant