Chapitre deux

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Le restaurant était d'une beauté divine. Bien que modeste, il était d'un aspect somptueux. Les couleurs chatoyantes qui ornaient les murs de ce lieu rendaient l'atmosphère paisible. C'était comme un cocon à l'abri de l'ambiance sinistre qui régnait dehors. Sans savoir pourquoi, je sentais que cet endroit m'apaisait. Je m'assis au comptoir et commandai un plat totalement banal : des nouilles avec des nems. Une dizaine de minutes plus tard, le serveur me ramena mon plat.

Soudain, une jeune femme entra dans le restaurant. Elle salua le personnel comme si elle les connaissait depuis une éternité. Or, je doute, vu son apparence, qu'elle soit en lien de parenté avec ces restaurateurs. Ensuite, la jeune femme vint s'assoir à mes côtés au comptoir. Elle me fit un sourire des plus ravissants. Je manquai de m'étouffer avec mes nouilles par tant de convivialités pour un étranger. Ce qui la fit rire.

-Que vous arrive-t-il cher monsieur ? Êtes-vous si peu habitué au sourire d'une jeune femme, me questionna-t-elle d'un air malicieux.

Je repris mes esprits et rétorquai.

-N'ai-je point le droit de m'étouffer avec mon plat de nouilles, chère madame ?

-Vous savez cher monsieur, je vous adore, si je ne devais pas passer un entretien de la plus haute importance demain, je postulerais dans votre boîte.

-Ma boîte ? Comment savez-vous que je suis dans une boîte ? Avez-vous les qualités requises pour un travail si haut placé même ?

-Il est évident que vous êtes un homme de bureau vu votre accoutrement. Et au sujet de mes qualités, vous savez, je ne pense pas que ce soit si compliqué d'être derrière un bureau et de blablater des choses à mourir d'ennui.

-D'accord, je vois. Désolé de vous le dire mademoiselle, mais méprenez-vous. Vous êtes complètement à côté de la plaque. Ces "choses à mourir d'ennui" comme vous le dites, sont celles qui contribuent aux besoins de la société dans laquelle nous vivons. Tâchez déjà d'être prise dans votre entretien puis revenez parler avec moi de choses concrètes.

-Je constate que vous êtes une personne, on ne peut plus susceptible, se moqua-t-elle. Je suis très qualifiée pour affirmer ce que j'avance. Ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à votre monde. Et je doute que vous engagiez des projets dans le but de répondre "aux besoins de la société" comme vous le dites.

-Eh bien, si "notre monde" vous déplaît tant, pourquoi y restez-vous ? Rien ne vous retient, déclarai-je agacé.

-J'ai mes raisons pour y continuer. Mais cela ne vous regarde point, conclut-elle elle avant de discuter avec le gérant de je-ne-sais-quoi.

Je fus bouche bée devant le comportement de cette énergumène. Comment pouvait-elle se permettre de porter un jugement sur ma personne. Je n'en pouvais plus de ses jérémiades. Je ne comprenais même pas comment on en était arrivé là. Cette femme que je trouvais, au commencement, si ravissante, n'était plus qu'un lointain souvenir. Elle était détestable.

Ne pouvant plus rester une minute de plus à ses côtés, j'interrompis sa conversation passionnante avec le gérant et lui demandai de me donner ma note afin de pouvoir payer. Je ne lui accordai pas la moindre seconde d'attention. Tandis qu'elle, me scrutait du regard. Ce qui avait le don de m'agacer. Une fois la note prête, je payai l'addition et m'apprêtai à partir. Mais avant cela, je jetai un dernier regard à cette petite insolente. Elle me regardait d'un air satisfait. C'était définitif, elle me tapait vraiment sur les nerfs. Avant de partir, je lui lâchai fièrement.

-Je vous souhaite de rater en beauté votre rendez-vous !

-Merci bien cher monsieur. Bonne soirée à vous, me répondit-elle avant de rire à nouveau.

Ma secrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant