Ma secrétaire

Chapitre quatorze

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La réunion battait son plein. Tous mes employés avaient parfaitement suivi mes directives et la finalité de ce projet me semblait correspondre à toutes mes attentes. Mademoiselle Holmes, elle, pendant tout l'entretien, c'était endormie. Bien qu'au début, elle avait l'air intéressée, rapidement, elle paraissait s'ennuyer jusqu'à s'endormir sur la table. Attitude que je trouvais totalement déplorable. Je me faisais violence pour ne pas faire un scandale.

Je ne l'avais pourtant point forcé à y participer. Alors, je restais dans l'incompréhension face à son comportement. Soudain, sans réelle raison, mademoiselle Holmes se réveilla. Elle leva sa main de façon à demander la parole, je supposai. Je l'autorisai donc à parler.

-Je souhaitais vous informer que je trouve votre projet, bien que plaisant, il n'en est pas moins inadapté pour notre ville.

Un énorme brouhaha se fit entendre. Tout le monde fût stupéfait des mots prononcés par cette jeune effrontée. Après avoir dormi pendant près d'une heure, elle osait manquer de respect à notre projet. Elle, qui n'était pas qualifiée dans le domaine.

-Puis-je vous demander ce qui vous fait penser cela, l'interrogeai-je dubitatif. Vous ne pouvez même pas imaginer le nombre d'heures de travail qu'il y a eu derrière pour vous entendre simplement dire, au bout d'une heure de sieste, que ce projet est "inadapté pour notre ville".

-Eh bien, je suis cet œil extérieur dont vous aviez besoin. En tant que citoyenne, je me mets à la place de la population. Je peux vous dire que nous n'avons pas besoin d'une source de problèmes dans cette ville. Ici, il n'y a pas foule, l'atmosphère est saine. Pourquoi vouloir ramener une foule et de la pollution. Avez-vous pensé aux voitures qui circuleront partout dans les rues ? Ou encore aux prix qui deviendront exorbitants ? De plus, notre planète manque déjà de verdures, pourquoi vouloir la ravager avec votre grande bête de fer. Pourquoi désirer faire d'une ville si calme, un orchestre ambulant ? Je suis désolée de vous le dire, mais ce projet est une mauvaise idée qui n'apportera que des inconvénients.

-Je n'avais jamais pris toutes ces facettes en considération. Vous avez sans doute raison, mademoiselle Holmes, admit Johnson d'un air coupable.

-Comment ? Johnson, cessez de dire des âneries ! Le projet est parfait pour donner du dynamisme à cette ville. Il répond en tous points aux attentes de la population, ripostai-je.

-Qui vous a dit qu'il a besoin de dynamisme ici ? Pour ma part, j'aime cette atmosphère paisible. Je n'avais pas tort, quand je vous disais que vous, les PDG, n'avez en tête que vos intérêts personnels. Avez-vous demandé ne serait-ce qu'une fois aux habitants, les premiers concernés, ce qu'ils pensaient de ce centre commercial ? Ce dernier risquant de dénaturer la ville. Évidemment j'en doute.

-Mademoiselle Holmes, je ne vous ai point demandé votre avis. Sortez immédiatement ! Nous n'en avons que faire de vos états d'âme. Le projet restera tel quel, pestai-je plus qu'agacé.

-Patron, la jeune fille n'a pas tort, me dit un de mes employés.

-Je confirme Patron, hier encore, je me suis disputé avec ma femme car, elle non plus, n'approuvait pas ce projet, surenchérit un autre.

-Et donc ? Je devrais renoncer à mon rêve dans le seul but que cela n'en convienne qu'à certains ? Cela fait des mois que j'y travaille et je n'ai point l'intention d'y renoncer.

-On ne vous demande pas d'y renoncer, simplement ce n'est pas adapté pour notre ville. Vous pourrez toujours établir une telle construction dans une ville qui en aura réellement besoin. Vous-même, par la suite, vous regretterez votre décision, monsieur Adams, m'affirma mademoiselle Holmes.

-Mais dans ce cas, mademoiselle, que proposez-vous de plus bénéfique à la ville, demanda Johnson, curieux.

-Vous allez certainement me trouver trop ambitieuse. Malgré tout, j'aimerais implanter un parc naturel dans le centre-ville, balbutia-t-elle.

-Comment ?! Oui, effectivement, c'est beaucoup trop ambitieux. Je ne vois pas en quoi votre projet est meilleur que le mien, sachant qu'il prendra un temps largement plus considérable.

-Néanmoins, à long terme, il sera inévitablement judicieux. Je pense fortement que cela nous permettra d'apporter du "dynamisme" mais plus sur le quotidien des habitants et non sur l'atmosphère. Le parc favoriserait les sorties en famille et serait un moyen de prendre un bol d'air frais pour toutes les personnes sous tension.

-Mademoiselle Holmes, vous êtes fabuleuse ! Je trouve l'idée tout bonnement ingénieuse, s'exclama Rebecca en ouvrant la porte d'un bon.

-Rebecca ! Mais que faites-vous là ?

-La réunion s'éternisait, je m'inquiétais, se justifia Rebecca.

-Bon dans ce cas, je propose un vote à main levée. Le projet qui recevra le plus de votes sera celui que nous présenterons devant les investisseurs dans une semaine.

-Mais non, le projet est déjà trouvé. C'est le mien qui doit être pris. C'est quand même moi qui décide.

-Procédons aux votes, conclut Johnson.

Je n'en revenais pas, plus personnes ne faisaient attention à moi. Ils étaient tous sous le charme du projet de mademoiselle Holmes. Comment pouvaient-ils l'accepter si facilement et abandonner sans le moindre remords un projet sur lequel nous avions travaillé pendant des heures et des heures.