Chapitre sept

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Nous nous assîmes à une table au fond de la salle. Un serveur vint rapidement prendre nos commandes. Il nous informa que les plats nous seraient apportés dans une dizaine de minutes. Nous le remercions, puis il partit.

À présent, toute mon attention était portée sur mon invitée. J'avais encore du mal à me dire que je me retrouvais à diner avec elle après tous ces événements. Elle avait vraiment le don pour créer des situations très rocambolesques.

La dénommée, Jordanne, était occupée à dessiner sur une feuille. Je n'avais aucune idée d'où elle s'était procuré cette feuille et ces crayons de couleur. Ni du moment où elle les avait sortis. Je ne percevais qu'une infime partie de son dessin. Elle avait l'air de cacher ce qu'elle créait. Je n'osais pas la déranger. Elle avait l'air si concentrée. C'était un miracle de la voir calme. Je me demandais ce qu'elle avait en tête à ce moment-là. Voulait-elle diminuer son temps de tête-à-tête avec moi ? Ou bien regrettait-elle le simple fait d'être ici avec moi ? En même temps, c'était-elle qui me l'avait réclamé cette invitation, non l'inverse. Cette fille était un vrai mystère. Bien qu'elle fût de nature extravertie, elle restait très évasive sur sa vie privée. Enfin bref, je devais trop me torturer l'esprit. Elle pensait probablement aux détails de son croquis.

Au bout de dix minutes, le serveur arriva vers nous, les mains chargées de nos plats. Quand la jeune femme le vit, elle s'empressa de ranger son matériel de dessin. Le serveur déposa nos plats en nous souhaitant une bonne dégustation, puis retourna à ses occupations. Nous commençâmes à manger dans le plus grand des calmes.

Je pensais que je devais rompre ce silence. C'était toujours elle qui le faisait, alors pour une fois, c'était à mon tour. Mais que devrais-je lui dire ? En réalité, j'avais une immensité de choses à lui dire, mais seulement par quoi commencer ? Qu'est-ce qui conviendrait le mieux à la situation ? Finalement, j'optai pour un sujet improvisé. J'en avais plus qu'assez de me torturer l'esprit pour des futilités. Je décidai que dans cinq secondes, je lui dirais la première idée qui me passerait par la tête. Cinq, quatre, trois, deux, un.

-Aimez-vous ce que vous mangez, demandai-je en regrettant instantanément mes mots.

Il n'y avait rien de plus nul que ce que je venais de prononcer. Je n'étais décidément pas doué dans la discussion spontanée. Elle semblait surprise de ma prise d'initiative et amusée de ma question. Mais, elle me sourit puis remplit sa fourchette d'aliments et me la tendit en disant.

-J'étais justement en train de savourer ce qui a dans mon assiette. C'est absolument exquis. Vous voulez goûter c'est cela ?

-Oh non, vous vous m'éprenez, ma demande n'avait pas de signification particulière, lui répliquai-je affolé.

-Oh, je vois. Après tout, au point où nous en sommes. Allez-y, goûtez. Je vous assure que c'est un délice.

-Sans façon merci. Ne vous en faites pas, je vous crois sur parole.

-Goûtez je vous dis. Pressez le pas, je vous prie, j'ai actuellement une douleur au bras.

-Qu'est-ce que vous êtes têtue mademoiselle Holmes.

Je me résignais à prendre une bouchée de son repas. Elle me donna à manger, puis attendit ma réaction.

-Alors ? Qu'en pensez-vous ?

-Aussi bon que vous l'aviez dit, m'exclamai-je en essayant de sourire.

Ma secrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant