Chapitre treize

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Le lendemain de mon entretien avec mademoiselle Holmes, je me réveillai avec des appréhensions. La veille, je m'étais laissé convaincre par leur gentil minois, mais à présent, je regrettais amèrement ma décision. Cette semaine était décisive pour l'avenir de mon projet, que j'avais longuement préparé. Je serais enfin fixé sur la réalisation ou non de ce centre commercial. J'en avais tant rêvé. Je pourrais enfin apporter un peu d'attractivité à cette ville. C'était cette même semaine, que j'avais décidé de me coltiner la plus enquiquineuse des stagiaires. Elle ne ferait que me faire perdre mon temps. Enfin bon, je ne pouvais désormais plus revenir en arrière, et en prendre la totale responsabilité.

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Sept heures trente retentit, j'arrivai au même moment devant l'immeuble. Je perçus au loin, à l'entrée, mademoiselle Holmes m'attendant. Elle me faisait de grands signes de main en m'appelant par mon nom.

-Monsieur Adams ! monsieur Adams ! Je suis ravie de vous voir, cria-t-elle.

Les passants autour de moi me dévisageaient, me priant de faire taire celle qui venait troubler leur tranquillité de si bon matin. Je n'en pensais pas moins qu'eux. Je me demandais comment cette jeune femme pouvait déborder d'énergie aussi tôt. N'avait-elle pas de bouton arrêt ? J'arrivai enfin assez près d'elle pour la réprimander.

-Mademoiselle Holmes, cessez de vous égosiller de si bon matin, je vous prie. Ne voyez-vous donc pas que tout le monde vous regarde ?

-Oh, je suis infiniment désolée monsieur Adams. Je n'avais pas prêté attention aux autres aux alentours. Il n'y avait que vous que je voyais. Vous illuminez tant le ciel de votre présence qu'il m'est difficilement possible de ne pas avoir que d'yeux pour vous, exagéra-t-elle sans moquerie, mais simplement dans un excès de joie.

-Mademoiselle Holmes, soupirai-je. Ce n'est pas en me faisant des éloges à tout va, que vous serez prise. Alors, calmez-vous et rentrons, il fait froid dehors.

-Vous dégagez une telle chaleur corporelle qu'il m'est ardu de ressentir le moindre froid environnant, me taquina-t-elle.

-Bon, j'en ai assez entendu pour le moment. Je rentre, me désolais-je devant ses propos.

-Monsieur Adams ! Attendez-moi, je vous prie. Même marcher, vous le faites à la perfection.

Aurais-je réellement droit à des compliments à tout bout de champ de sa part cette semaine ? En temps normal, ce n'était pas pour me déplaire, mais là, je n'étais vraiment pas d'humeur. Il était beaucoup trop tôt, surtout que je doutais fortement de la véracité de ses propos. Laconique. Comme d'habitude, je vis Rebecca à son poste de travail. Je me dirigeai vers elle, afin de la saluer.

-Bonjour Rebecca.

-Ah, bonjour monsieur Adams. Comment allez-vous ?

-J'ai été légèrement brusqué ce matin, sinon tout va pour le mieux, merci et vous ?

-Si vous allez bien, je ne peux qu'aller bien également monsieur, répondit Rebecca.

-Monsieur Adams. Je vous prie de m'excuser de vous déranger dans votre discussion, mais vous allez être en retard pour votre réunion avec vos collègues, si vous ne vous dépêchez pas, m'informa ma stagiaire.

-Quoi ? Déjà ! Je me dépêche dans ce cas. Mais au fait, comment êtes-vous au courant de cette réunion ?

-Mademoiselle Holmes est arrivée très tôt, elle vous attend depuis six heures du matin. Elle a eu le temps de se familiariser avec votre emploi du temps de la semaine ainsi que sur certains dossiers, m'expliqua Rebecca.

-Je dois admettre que vous faites preuve d'une grande efficacité, mademoiselle Holmes. J'apprécie énormément.

-C'est vrai ?! Merci, merci, en même temps, je me dois d'être exemplaire devant le meilleur des patrons, se réjouit-elle sans évidemment oublier de me complimenter.

-Je ne sais pas comment je vais finir indemne de cette semaine Rebecca, je vous le dis.

-Vous êtes véritablement une fiction à vous deux, se moqua Rebecca.

Mademoiselle Holmes se mit également à rire. Je regardais ces deux femmes rayonnantes de joie et ce fut un beau spectacle. Il y avait longtemps que je n'avais pas passé un matin si dynamique. L'atmosphère était tout de suite plus conviviale. Une voix me sortit de mes pensées.

-Monsieur Adams, il serait temps d'y aller, nous allons réellement finir par arriver en retard.

-Comment ça "nous" ?, dis-je, interloqué. Je n'ai jamais dit que vous viendriez avec moi.

-S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, me supplia mademoiselle Holmes.

-Monsieur, je crois qu'en tant que stagiaire, cela ne pourra que lui être bénéfique d'assister à ce genre de réunion de formalité. Il est primordial pour elle de se familiariser avec le fonctionnement de l'entreprise afin de ne point se sentir délaissée, la défendit Rebecca.

-D'accord d'accord, dans ce cas, essayez de ne pas vous faire remarquer, je compte sur vous.

-Je vous garantis de faire de mon mieux, Patron, répondit-elle, le sourire aux lèvres.

-Je m'attends au pire.

Ma secrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant