Chapitre 8

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-Je ne comprends pas... Les gens que tu as tué... Je m'éloigne de lui et m'assoie sur mon lit en l'observant. 

-Je ne me souviens que vaguement de mon passé avant que le Shield ne me sauve mais je me rappelle chaque personne que j'ai tué. Chaque visage est marqué au fer rouge dans mon esprit.  J'ai trouvé cette solution pour enlever un peu du poids qui pèse sur mon âme. Lorsque j'ai rencontré Tony, la culpabilité m'a envahi avec tant de force que j'ai cru perdre la tête. Mon ami avait pensé que dessiner les visages de mes victimes sur du papier pourrait m'apaiser. Il n'avait pas tout à fait tord, chaque fois que je fessais un cauchemar, qu'un souvenir me revenait, je prenais un crayon et dessiné le visage qui me hantait. 

James tourne les pages les unes après les autres et attrape un autre carnet sur l'étagère au-dessus de mon bureau. Il l'ouvre, tourne les pages et en prend un autre. Chaque carnet est fait de 80 pages doubles et j'en ai remplis 6 en entiers. Un visage sur chaque page, 320 visages par carnet. Je me souviens de chaque visage. Il attrape le premier que j'ai fait, il l'ouvre et regarde la première page en arrêtant de bouger. 

-Qui est cet homme ? Il se retourne lentement vers moi et me tend mon carnet, je n'ai pas besoin de voir le portait qui se trouve sur la première page, je le connais par cœur. Mon croquis représente un homme de dos en uniforme de sergent.

-C'est l'homme dont je te parlais tous à l'heure. 

-Tu l'as tué ? 

-Je l'ai cru longtemps, mes souvenirs n'étaient pas fiables, je me souvenais d'un homme et je me souvenais de sa mort. C'était une période où j'étais une tueuse sans pitié, il n'a pas été difficile de faire le lien. Aujourd'hui, je sais qu'il n'est pas mort de ma main. 

Je me saisi de mon carnet et observe le dos de mon soldat. Mes doigts caressent le dessin avec douceur. Aujourd'hui, je sais. Je sais que l'homme qui hantait mes rêves se trouve devant moi et j'ai beau vouloir rattacher ces deux hommes pour qu'il ne fasse qu'un, je ne leur trouve aucune ressemblance. 

-Tu l'as aimé ? Je relève lentement mon regard pour le plonger dans le sien. Ton regard change quand tu regardes le portrait. Je suppose donc que tu l'as aimé. Je l'observe en souriant avant de regarder à nouveau le dessin.

Si j'ai aimé le Sergent James Buchanan Barnes ? Je l'ai aimé de toutes mes forces. Du jour de notre rencontre jusqu'au jour de ma disparition. Je l'ai aimé à l'instant où nos regards se sont verrouillées, je l'ai aimé lorsque je voulais le haïr, je l'ai aimé avec tant de force que ça me fessait mal.   

J'ai aimé cet homme à en crever, prête à donner ma vie pour le revoir seulement une heure, après sa disparition. Je ne crois pas qu'il existe un amour plus fort que celui que j'ai ressenti pour mon sergent, l'homme qui me souriait avec malice lorsque je voulais lui arracher la tête. L'homme qui, sans jamais le savoir, me redonner le sourire lorsque je le voyais revenir sain et sauf d'une mission. Je me mentirais si je disais que mes sentiments ont disparut mais malgré l'attirance que j'éprouve pour l'homme qui se trouve devant moi, il n'est pas mon James. Il ne l'est plus comme je ne suis plus le sergent instructeur Cassandra O'Connell. 

L'homme qui me fait face n'est plus celui que j'ai aimé. Je le sais, pourtant, mon cœur bat plus vite lorsqu'il pose son regard sur moi. Pourtant ma respiration s'accélère lorsqu'il me touche, pourtant une nuée de papillon s'envole dans mon ventre lorsque je suis proche de lui.

L'amour que j'éprouve pour James n'est pas mort malgré la torture, malgré l'oubli, malgré la douleur, malgré la haine... Je pense sincèrement que cette flamme qui a prit possession de moi lorsque j'ai rencontré James ne pourra jamais s'éteindre. 

Je ne peux évidement pas lui dire tous ça. Je garde donc les lèvres closent durant un long moment, essayant de trouver les mots juste pour lui parler sans trop en dire. 

The Red Swan -Fini-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant