L'apothicaire

2 1 0
                                    

Pendant ce temps, Gordon Stewart courrait à toute jambe, une bouteille d'alcool blanc dans la main. Sous la neige, le village était calme. La place du marché était déserte. Les maisons plongées dans le noir total, la nuit ayant gagné le ciel. Il devait se hâter de rentrer avant que la nuit de l'engloutisse lui aussi. La neige aurait vite fait de faire disparaître toute trace de son passage. Malheureusement cela n'était pas une fin rare par ici. C'est ainsi que 6 ans auparavant, son épouse avait disparu, alors qu'elle s'était rendu chez l'apothicaire un soir d'hiver, dans l'espoir de sauver un malade.

Son épouse, dont ils avaient enterré le cercueil vide, avaient étudiée la médecine, la pharmacologie, et la botanique à un niveau lui ayant permis de gagner la confiance des villageois avec ses remèdes. La plupart des gens se rendaient chez elle lorsqu'ils n'avaient pas les moyens de payer un médecin ou un remède chez l'apothicaire, mais il n'était pas rare que des personnes plus aisées la visite pour l'efficacité de ses onguent.

La femme de l'Apothicaire lui même, avait visité Freya, c'était son nom, a multiples reprise. Et enfin, elle avait été  l'unique sage-femme des environs.

Cela ferait bientôt 6 ans qu'elle avait disparut. Tout d'abord portée disparue, recherchée lors de longues battues dans les sous bois recouvert de neige. Puis déclarée morte. Mais quelque chose au fond de l'âme de Gordon persistait à espérer qu'il l'a reverrait un jour. Il ne pouvait se résoudre à l'avoir perdu ainsi. C'était trop dur. Trop cruel.

Un jour alors qu'il était très malade, atteint de la peste, et que ses chances de survies étaient casi inexistante, Freya qui était alors enceinte avait chanté une chanson à son chevet, et lui avais dit "Tant que mon âme chantera pour ton âme alors nous ne serons jamais séparé." Il s'était rétablit le lendemain, et quelque part s'était senti comme si l'amour de Freya, et sa chanson l'avait sauvé.

Et aujourd'hui Gordon, ne pouvait se résoudre au silence. Il sentait la voix de Freya, chanter pour son âme, et cela ne pouvait dire qu'une seule chose. Elle était encore là, il le sentait. Mais tout en réalité ne pouvait que confirmer qu'elle était décédée. Et il ne pouvait faire vivre sa fille, Elisa, dans une chimère selon laquelle sa mère leur reviendrait un jour. Alors il essayait de faire son deuil. D'avancer.

A peine eût-il pénétré dans la maison, qu'Elisa se saisit de la bouteille, en le remerciant, avant de retourner à son patient.

Elle entreprit de désinfecter la plaie, une fois bandée de coton blanc, cela avait l'air bien moins inquiétant, même si bien sur ce n'était qu'illusoire. La probabilité pour que ce jeune garçon passe la nuit était si faible, qu'Elisa du se résoudre à se rendre au salon pour proposer au couple de venir voir leur fils. Sa fièvre n'avait pas baisser. Le chat, toujours allongé à ses côté, ronronnais comme si tout allait pour le mieux, et que le garçon n'était qu'endormi.

Elisa retourna devant la cheminée. Le feu qu'elle avait tant peinée à démarré s'était presque éteint, et il n'en restait que quelque braises face auxquelles elle se sentie découragée. Elle lâcha un long soupir, avant de sombrer sur le tapis.

Elle fut réveillé au petit matin par un éclat de rire suivi de larmes. Elle se leva, pour constater que le garçon était assis sur la table, la tête posé sur l'épaule de sa mère qui le serrait dans ses bras en sanglotant et en riant en même temps. Il avait survécut. Il semblait être en pleine forme.

Elisa n'osa s'avancer, mais elle n'en eu pas besoin que le père du garçon fut face à elle en deux enjambée.

- "Merci! Merci ! S'exclama-t-il en la serrant dans ses bras si fort qu'elle sentit ses pieds décoller du sol.

- Humpf...Derien." Souffla Elisa soulagée.

Elle se rendit au chevet du garçon et posa sa main sur son front. La fièvre était tombée. La peau du garçon était exempt de toute tache ou cicatrices.

Le Feu Qui Ne Brûlais PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant