Children of the Sun (Terminée)

Chapitre 3 : Sun

Sun repensa à sa conversation avec Neven. Peut être avait-il raison. À vingt et un ans, elle-même se trouvait barbante à en mourir. Elle avait beau être passionnée par ses vieux livres poussiéreux, parler plusieurs langues, elle demeurait pourtant seule. Ses uniques sorties consistaient à aller au parc ou dans la forêt. Elle y appréciait le calme et la compagnie des animaux. Un jour, elle y avait trouvé une créature repoussante : mi-poilue, mi-dégarnie. Elle ressemblait à une espèce de chien tout décrépi qui avait un grognement semblable à un roquet ayant un complexe de sa petite taille. Sun décida de la prénommer « Bèl » , « beau » en créole, en totale contradiction avec son apparence. Elle avait mis plusieurs mois avant de pouvoir l'apprivoiser, cela lui avait d'ailleurs valu bon nombre de morsures et de griffures.

Bèl était donc son seul véritable compagnon. Aujourd'hui, l'horrible bestiole avait décidé de s'étendre sur l'oreiller de sa maîtresse présumée. Sun déposa ses sacs, ce dernier bailla de sa bouche édentée dont s'échappa une odeur d'égout. La jeune femme pouffa de rire et lui tapota la tête affectueusement tout en s'installant près de lui.

Elle se plongea dans un livre retraçant l'histoire des sorciers et des mages pour son examen à venir alors que sa tête n'était pas aux révisions. La proposition de Neven flottait dans l'air. Elle se demanda s'il l'avait invité par courtoisie afin d'en profiter pour rencarder sa sœur. Sun en avait l'habitude, d'autant qu'ils iraient très bien ensemble. Toutefois, il ne lui semblait pas avoir remarqué un quelconque intérêt de son camarade envers elle.

— Aïe, Bèl, ronchonna-t-elle.

La petite bête la sortit de ses pensées en lui croquant le bout de son doigt qui dépassait de l'ouvrage. Elle regarda au loin et vit sur la colline un signal lumineux.

Il était là. N'existait-il pas un moyen de communication dénommé le téléphone portable ? Peut-être qu'il avait quelque chose à lui raconter. De toute façon, elle relisait la même phrase depuis quelques minutes déjà.

Guidée par la curiosité, elle enfila rapidement ses Doc Martens pendant que Bèl s'agrippa sur son épaule. Il en profita pour mâchouiller une de ses locks pendant qu'elle dévalait l'escalier. Dawn qui se prélassait dans le canapé, son portable à l'oreille ne l'avait même pas vue.

La colline se situait à quelques centaines de mètres de chez les Akaya, à la même distance que la maison des Ham-lîn. En quelques minutes seulement, Sun pouvait arpenter le chemin boisé menant à sa destination. Elle longea un court chemin en terre en direction du signe lumineux qui avait cessé d'apparaître.

Les oiseaux chantaient à tue-tête, perchés sur les branches de hauts sapins. Sun pouvait y sentir le printemps et la terre humide. La jeune femme les observa distraitement sans se rendre compte que leurs piaillements avaient soudainement cessé.

Tout à coup, Sun fit instinctivement un bond sur le côté lorsqu'un violent courant d'air et de sable manqua de peu de la toucher. Un rire malicieux s'éleva alors que Neven se matérialisait devant elle.

Agacée, Sun demanda sèchement :

— Mais quel âge as-tu Neven ?

Ce dernier se tint les côtes en riant aux éclats malgré son visage dissimulé sous une grande capuche. Apparemment, il trouvait cela très amusant. Malgré le regard assassin qu'elle lui adressait, elle ne put s'empêcher de prendre le temps d'observer son visage anguleux. Il avait cet air joyeux et avenant, comme à son habitude. Souvent, elle pensait qu'ils auraient dû échanger leur prénom car il était bien plus solaire qu'elle en règle générale.

Sa peau diaphane contrastait avec ses cheveux noir de jais qui lui tombaient sur les yeux, avec une fâcheuse tendance à rebiquer sur les côtés. Aujourd'hui, Neven avait les iris bleu ciel, semblable à deux topazes. Il avait trouvé, il y a des années de cela, le moyen de modifier la couleur tirant sur le prune de ses yeux d'origine. Il en avait été si fier au grand dam de ses parents, de nature discrète.