PDV L :
Alors que la Lune commençait doucement à décliner pour laisser place au franc soleil de l'Espagne, Isabella, elle, ne déclinait pas malgré la nuit blanche qu'elle venait de passer. Elle ne voulait sous aucun prétexte avoir à quitter son lit aujourd'hui. Étouffant un bâillement prononcé, elle posa un regard vif sur les lignes manuscrites qui lui tendaient les bras. La partie rationnelle de son être lui imposait un repos immédiat. Mais toute rationalité l'avait quittée depuis que son étrange et pourtant bigrement intéressante lecture avait débutée. N'écoutant que sa curiosité, elle se saisit du texte et ses yeux se posèrent sur les premiers mots.Ormuz
Arabie
Juin 1527Poser le pied sur terre portugaise ne me chantait guère mais avais-je vraiment le choix ? Ce morceau de terre entourée d'eau est un carrefour marchand d'une puissance inestimable. Grâce à la ruse d'Esteban nous avions pénétré à l'intérieur de la forteresse et visité le souk, typique de la région. Chacun d'entre nous cherchait à localiser Wagafayat auprès des habitants.
Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis s'avancer depuis le bout de l'allée, l'alchimiste au corset rouge ! Elle, que je croyais disparue on ne sait où, se tenait là à quelques mètres de moi, un léger sourire aux lèvres. Elle avait cet air mystérieux qui pouvait indiquer un piège comme toute autre chose. Sans prononcer le moindre mot, d'un geste de la main, elle m'invita à la suivre à travers les ruelles vers Dieu sait où. Mon alerte au danger se réveilla et me fit hésiter pendant quelques instants avant de m'engager dans ses pas. Si elle était seule elle pouvait être maîtrisable mais si elle m'attirait dans un guet-apens....pourtant une confiance aveugle me dictait qu'il n'y avait aucun risque. Nous déambulâmes quelques minutes dans les rues de l'île d'Ormuz. Je la suivais, à distance respectable prêt a fuir. Mais fuir qui ? Fuir quoi ?
Elle se figea devant la façade d'une maison et souleva le rideau avant de s'engouffrer à l'intérieur. Je la suivis, prudemment. Les endroits sombres ont mauvaise réputation...
Je me rendis alors compte que nous nous trouvions dans une taverne à la mode arabe. Au fond de la salle près d'une lucarne, la jeune femme me regardait, son sourire mystique collé au visage. Je m'assis en face d'elle. Un thé plus tard, elle m'avait révélé les ambitions et les manigances d'Ambrosius à Ormuz. Le fait qu'elle me livre d'aussi importantes informations m'alertait. En vertu de quoi faisait elle cela ? Sa réponse fut laconique. « Pour m'avoir aidée à m'enfuir à Patalla. Je n'ai plus de dette envers vous désormais »
Une nouvelle fois, ce n'était pas la charité qui la poussait à agir ainsi mais plutôt son leitmotiv « ne rien devoir a qui que ce soit, ami ou ennemi ». Elle prit congé rapidement et s'éloigna seule. Elle avait pris de gros risques pour moi. Mais n'y avait-il pas anguille sous roche ?
J'étais heureux de l'avoir revue, j'avais compris par ses paroles qu'elle était très engagée aux côtés d'Ambrosius et qu'elle poursuivait la quête en sa compagnie. Malheureusement c'était probablement la dernière fois que nous nous voyions puisque j'allais repartir pour l'Espagne sous peu.
A vous, belle demoiselle,Capitaine Mendoza
Ignorant si c'était le fait de la fatigue ou un excès d'émotions, Isabella se laissa tomber en arrière, le regard rivé sur son plafond alors qu'un élan d'amour pour lui l'envahissait. Ses lectures avaient réveillé les souvenirs qu'elle avait enfouis au plus profond d'elle même pour ne pas souffrir. Et ce, depuis des années.
Elle ne lui avait jamais dit à quel point elle l'aimait...
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A la lumière de tes mots
FanficUne histoire épistolaire. Deux personnes au destin lié malgré elles. Dix ans après la quête. Les Mystérieuses Cités d'Or. Isabella-Mendoza.