Fiction OrelxGringe - Une autre fin.

Partie 10.

« Mm... Guillaume ? »

Il sortit de ses réflexions en entendant Aurélien l'appeler et se rendit compte que sa main avait migré sans qu'il ne s'en rende compte sur la gemme pendue à son cou.

« Euh, je... Je me demandais... Pourquoi tu ne t'es pas débarrassé de cette gemme ? Si c'est elle... qui t'a apporté ce fardeau ? Cette prophétie... »

La gemme lui sembla briller un instant lorsqu'il la toucha du bout des doigts et il recula précipitamment la main. Aurélien attrapa son collier dans sa main et le regarda un long moment sans rien dire avant de relever la tête, les sourcils légèrement froncés.

« Je ne peux pas... m'en débarrasser. C'est ma destinée. Je crois... que le collier ne peut marcher sans moi... J'ai essayé de fuir, mais tu vois, ça n'a servi à rien, dit Aurélien d'un air las. Et puis... ce collier est aussi très important pour moi. Les gens du village m'ont raconté que je l'avais autour du cou lorsqu'ils m'ont trouvé. C'est la seule chose... qui me rattache à ma vie d'avant.

— Ta vie d'avant ? Tu ne t'en souviens pas ? demanda-t-il en attrapant délicatement la main d'Aurélien de la sienne. Tes... parents ?

— Non... répondit le plus jeune en secouant la tête. Je ne me rappelle de rien. Ni de leurs visages, ni de qui ils sont... Ni de qui je suis. »

Guillaume se rapprocha du plus jeune en l'entendant dire cela et passa sa main dans ses cheveux. Aurélien lui lança un regard surpris à ça et il força un petit sourire sur ses lèvres.

« Tout à l'heure tu m'as demandé... si l'histoire était déjà écrite. S'il n'y avait pas de libre-arbitre et si ainsi tu étais condamné à suivre ton destin. Tu te rappelles ? dit-il doucement et Aurélien hocha la tête lentement. Je crois que c'est faux. Tu vois... tu as essayé de t'enfuir déjà. Et je ne pense pas que ça, les créateurs du jeu l'aient prévu.

— Tu... Tu crois ? bredouilla le plus jeune. Pourtant... Ils m'ont retrouvé. L'histoire qu'ils avait imaginée s'est déroulée comme prévu.

— Peut-être, mais laisse-moi te dire quelque chose. Tu n'es pas censé te rebeller contre l'histoire qu'on t'a choisi. Tu n'es pas censé parler ainsi, me dire tout ça... Tu me l'as même dit toi-même, non ? Que les mots te paraissaient compliqués à venir ? »

Aurélien hocha la tête, les larmes aux yeux, et il se remit à caresser sa joue sans pouvoir s'en empêcher.

« Le début de l'histoire... Je veux dire le moment où les soldats t'ont traîné jusqu'à lui... je l'ai rejouée plusieurs fois, Aurél. Et tu n'as jamais réagi de la même manière. Il y avait toujours quelque chose de différent, même minime.

— Vr-Vraiment ? lui demanda le plus jeune en écarquillant les yeux, paraissant surpris.

— Vraiment. La première fois, tu t'es laissé faire. Comme si tu étais résigné. Et ensuite, tu as commencé peu à peu à te débattre, à chercher à te défendre... Tu ne t'en souviens pas ?

— Je... C'est un peu flou... Comme si...

— Comme si on t'avait effacé la mémoire, répondit-il à sa place. N'est-ce pas ? »

Aurélien resta un instant silencieux, les yeux dans le vague, avant qu'il ne le voit hocher la tête, des larmes coulant sur ses joues.

« Oui... Tout à fait... Tout ce que je savais... C'était que je cherchais quelqu'un sans vraiment savoir pourquoi. Toi. »

Il sourit doucement en l'entendant dire ça et passa ses pouces sous les yeux du plus jeune, essuyant ses larmes.

« Tu me cherchais car tu savais que j'allais réagir. Parce que je l'avais déjà fait. Plusieurs fois. Et à chaque fois, je me suis fait tué.

— Tué ? répéta Aurélien en écarquillant les yeux d'un air effrayé. Comment c'est possible alors que...

— Parce qu'on est dans un jeu, Aurél. Alors quand je meurs, je ne meurs pas réellement. Le jeu se déconnecte seulement et je dois reprendre à la dernière sauvegarde. Tu comprends ?

— Pas... Pas vraiment...

— Ce n'est pas grave. Ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est que tu sois en sécurité à présent. J'ai réussi à te sauver des griffes de ce connard et je suis à une nouvelle sauvegarde. On ne rejouera plus la scène du château. C'est fini.

— La scène... du château ? répéta Aurélien en fronçant légèrement les sourcils, semblant perdu.

— Quand les soldats t'ont amené au roi tout à l'heure. On n'aura plus à revivre cette scène. Je l'ai bien assez revécue, et toi aussi. »

Aurélien hocha la tête d'un air incertain et il se demanda s'il comprenait ce qu'il lui disait. Il le vit alors se rapprocher doucement de lui et il faillit reculer machinalement, surpris.

« Guillaume... Si on est dans un jeu... Qu'est-ce que je suis par rapport à toi ? lui demanda le plus jeune et quand il ne répondit pas, se demandant que répondre à ça, il le vit se mordre fébrilement la lèvre inférieure avant de reprendre. Juste avant que l'on passe par cette fenêtre... Tu as parlé de mission. Est-ce que... c'est ce que je suis ? Une... simple mission ?

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda-t-il en sentant une pointe de déception dans la voix du plus jeune.

— Si tu m'aides comme ça... Est-ce que c'est juste parce que le jeu te le demande ? Parce que c'est ta mission ? Est-ce que c'est seulement pour ça que tu m'as sauvé ? Peut-être qu'au fond... Tout ça était prévu alors ?

— Non, ça n'était pas prévu. Ce n'est pas ça ma mission, dit-il et ses yeux s'attardèrent un instant sur la gemme en disant cela.

— Tu crois vraiment ? lui demanda Aurélien en fermant doucement les yeux et il se fit la réflexion intérieurement qu'il avait l'air épuisé.

— Vraiment. C'est certain, Aurél. Ma mission n'était pas de te sauver, je l'ai fait de mon propre chef.

— Alors toi aussi en fin de compte... tu ne respectes pas les règles du jeu, murmura le plus jeune et il passa sa main dans ses cheveux en le voyant garder les yeux fermés, semblant complètement exténué.

— Non, tu as raison. C'est pa comme ça que je vais le finir. Mais bon, je ne pouvais pas te laisser à sa merci... Il faut que tu dormes maintenant, Aurél. Tu as l'air k.o...

— D'accord... Et tu seras là à mon réveil ?

— Normalement, oui. Je vais me déconnecter du jeu pour aller dormir moi aussi. Dans mon monde. Et si tout va bien, quand je me reconnecterai tu seras toujours en train de dormir. Comme si je n'étais jamais parti. Je serai là à ton réveil. Et tu as intérêt à te souvenir de moi, hein. »

Un petit sourire fatigué s'inscrivit sur les lèvres du plus jeune à ça, ce dernier étant sur le point de s'endormir contre son épaule. Il l'entendit murmurer un petit Bien sûr... avant que ses traits ne se relâchent complètement, signifiant qu'il était à présent entièrement dans le monde des rêves. De quoi peut bien rêver un PNJ ? se demanda-t-il en le dévisageant en silence avant d'attraper sa cape à ses côtés pour la poser au sol. Il emmena Aurélien à s'allonger sur cette dernière en douceur et caressa un instant ses cheveux de ses doigts. Ce garçon était adorable. Et il en était déjà beaucoup trop attaché pour son propre bien. Les adieux allaient être douloureux quand ils viendraient.