Partie 18.

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Il avait réussi. Il regarda le roi tomber à ses pieds dans un gémissement monstrueux et écarquilla les yeux. Il avait réussi à le tuer. Pourtant il n'était que niveau 24 et lui 29, non ? Il fronça alors les yeux en voyant que le roi avant de tomber semblait avancer la main vers lui et il baissa les yeux vers son propre torse. Il écarquilla les yeux encore plus de surprise en remarquant le collier du plus jeune autour de son cou et se recula de plusieurs pas du souverain mort à ses pieds avant de se tourner vers Aurélien. Il lui avait passé la gemme autour du cou pendant qu'il était distrait par les paroles du tyran. Il lui avait donné la possibilité de le tuer. Sauf que maintenant, ça voulait dire...

« Aurél, qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-il d'une voix blanche et il vit ce dernier se redresser sur le trône, les larmes aux yeux.

— Je ne pouvais pas te laisser aller à ta mort, répondit simplement Aurélien en se levant sur des jambes vacillantes, se rattrapant au trône. Pas... pour me sauver, moi. Pas pour me protéger.

— Mais Aurél, est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ?? Tu m'as donné le collier ! s'exclama-t-il, complètement paniqué alors qu'il commençait déjà à voir l'environnement du jeu disparaître autour de lui. Je vais disparaître ! À jamais maintenant ! »

Il vit le plus jeune s'effondrer en larmes lorsqu'il lui dit cela et celui-ci secoua la tête d'un air désespéré :

« Je ne voulais pas que tu meures... Guillaume, ne pars pas. Ne me laisse pas tout seul, je t'en supplie... »

Il s'élança alors vers lui en voyant le décor du jeu commencer à s'évanouir autour de ce dernier et il sentit son cœur rater un battement en voyant le trône disparaître en un claquement de doigt, faisant vaciller Aurélien qui s'aidait de ce dernier pour se maintenir debout.

« Aurél !! » s'écria-t-il, paniqué, et il vit ce dernier faire un pas en arrière, semblant complètement déboussolé devant ce qui était en train de se passer autour de lui.

Le plus jeune fit un mouvement de recul avant de sursauter lorsqu'un élément du sol s'effondra près de là où il avait posé le pied et il sentit son cœur s'emballer en le voyant déjà prêt à disparaître devant ses yeux. Aurélien se mit à courir dans sa direction, terrorisé, et il accéléra l'allure en le voyant se mettre à courir de même, l'environnement du jeu disparaissant autour d'eux et, surtout, derrière le plus jeune, commençant à absorber tout ce qui était sur son passage. Il fallait à tout prix qu'il l'atteigne à temps. Sinon, il ne se le pardonnerait jamais.

« Guillaume !! » l'appela le plus jeune d'un air terrifié et un instant plus tard, il le vit à quelques centimètres à peine de lui.

Il se sentit attraper l'avant-bras d'Aurélien avec force avant que celui-ci ne lui rentre violemment dedans et il referma ses bras de toutes ses forces autour de sa taille, fermant fortement les yeux. Par pitié, dites-moi que je le tiens. Dites-moi qu'il ne disparaîtra pas.

***

Il se sentit violemment projeté à l'extérieur du jeu, comme s'il avait réellement été à l'intérieur de ce dernier, et il rouvrit les yeux en sentant un poids contre son torse. En ouvrant ces derniers, la première chose qu'il vit fut le visage de Claude penché par-dessus lui, les yeux écarquillés de surprise, et il se rendit compte qu'il avait complètement oublié sa présence avec tout ce qu'il venait de se passer. La deuxième chose, ce fut une épaisse chevelure noire et il se redressa précipitamment en comprenant ce qu'il venait de se passer. Aurélien avait réussi à traverser la frontière entre le jeu et la réalité, en s'accrochant à lui.

« Aurél... » dit-il et il sursauta en entendant son ami prononcer le prénom du plus jeune au même moment.

Ils se regardèrent un instant en silence, les yeux écarquillés, puis il amena le plus jeune à se redresser contre lui avant de passer une main tremblante dans ses cheveux :

« Aurél...? murmura-t-il d'une voix éraillée et le plus jeune tressaillit quand il le toucha, avant de froncer les sourcils comme s'il avait peur d'ouvrir les yeux. Eh... Regarde-moi... Tu es sain et sauf. Avec moi. Dans mon monde. »

Aurélien rouvrit doucement les yeux au bout de longues secondes d'attente et il sentit sa poitrine se faire plus légère en voyant qu'il était tout à fait le même. Si ce n'était plus beau encore. Déjà que le jeu l'avait dépeint à merveille, la réalité faisait encore plus honneur à sa beauté. Il le vit lui lancer un regard effrayé et il vint poser sa main sur sa joue sans jamais le lâcher de son autre bras, ce dernier le retenant contre lui :

« Tu es là... On a réussi, Aurél. Tu l'as fait. Tu es magique. »

Le plus jeune se détendit petit à petit à ces mots et il le sentit se fondre dans la caresse qu'il lui donnait, caressant sa joue à la manière d'un petit chat. Il le vit alors se mettre à sangloter et Aurélien se blottit contre lui, se mettant à s'excuser en boucle dans son cou. Ils avaient réussi.

***

« Tu n'as rien à te faire pardonner, mon petit prince. » lui murmura-t-il près de trente minutes plus tard quand ils furent allongés côte à côte dans son lit.

Il le tenait délicatement contre lui, Aurélien s'étant endormi presque aussitôt que Claude fut parti et il exhala un petit rire en se rappelant du mouvement de recul que le plus jeune avait eu en se rendant enfin compte de sa présence près d'eux en se reculant de lui. Claude lui avait vainement expliqué qu'ils se connaissaient déjà avant qu'il ne lui dise qu'il expliquerait tout à Aurélien quand il serait plus en état en voyant son air complètement perdu et son ami avait simplement hoché la tête, leur disant qu'il se rentrait dans sa piaule dans ce cas. Aurélien lui avait jeté un regard inquiet quand Claude s'en était allé et il l'avait rassuré en déposant un rapide baiser sur ses lèvres. Je t'aime moi aussi. Et ça, c'est la chose la plus importante que tu dois savoir pour le moment. Le reste, ça peut attendre. Il l'avait entraîné jusqu'à son lit en voyant qu'il avait l'air épuisé et l'avait amené à se coucher dessus avant d'aussitôt le rejoindre, le prenant dans ses bras. Tu m'aimes, avait murmuré Aurélien avant de s'endormir et il avait sourit, avant de répondre par l'affirmative. Bien sûr que je t'aime. Je serais bien idiot de ne pas le faire. Il se redressa un instant afin de retirer le collier qui était présentement autour de son cou et le passa autour de celui du plus jeune. Ce dernier s'illumina un instant, au fait de retrouver de toute évidence son véritable propriétaire, et il sentit un large sourire s'inscrire sur ses lèvres. Mon petit prince, pensa-t-il en déposant un long baiser sur sa tempe mise à nue ainsi allongé. Il avait doublement réussi à gagner ce putain de jeu : en réussissant sa dernière quête, mais aussi en ramenant Aurélien dans son monde. Et il ne pouvait pas être plus heureux que ça. Car à présent, plus jamais il n'aurait à le quitter.

Fiction OrelxGringe - Une autre fin. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant