Des coups résonnaient dans la pièce. Elle n'était d'ailleurs pas très grande, et, la porte étant fermée, il y faisait chaud. La lumière entrait par une petite lucarne, et ses rayons tombaient sur une chevelure auburn, qu'elle avait rendue rouge vif.
Un escalier de bois, le même que celui de la rambarde, montait à l'étage.
Les coups s'arrêtèrent un instant, le bruit d'un objet plongé dans l'eau les remplaçant, avant qu'ils ne reprennent.
La porte s'ouvrit, puis se referma, laissant un instant apercevoir la rue déserte. Les courtes mèches rousses s'agitèrent brièvement sous l'effet du courant d'air.
Quelques instants plus tard, des coups, d'un autre ton, résonnèrent avec les autres, entrecoupés du bruit d'éléments plongés et ressortis de l'eau.
Les premiers coups s'arrêtèrent bientôt, les autres continuant. Un pas, plutôt léger, monta les marches, puis poussa une des trois portes de l'étage, la refermant prestement.
La fraîcheur de la pièce était agréable et un léger soupir se fit entendre. Une main passa dans les mèches auburn, les rendant encore plus désordonnées qu'elle ne l'étaient déjà.
Il y eut un bruit de tissu froissé, et le vêtement termina sa course sur le parquet de bois.
Un torse aux muscles esquissés se dévoila l'espace de quelques secondes, avant qu'un autre vêtement vienne prendre la place du premier.
On entendit l'eau couler, et bientôt, un verre rempli fut porté aux lèvres sombres et craquelées, desséchées par la chaleur constante du lieu.
Les pas, toujours légers, redescendirent l'escalier.
Le bruit des coups fut à nouveau présent, dès qu'ils se retrouvèrent sur le palier.
Bientôt, les coups à la tonalité claire reprirent.
La porte s'ouvrait, se refermait, s'ouvrait de nouveau, permettant ainsi de voir peu à peu le jour décliner, jusqu'à une ultime fois où l'on pût voir que la nuit était tombée.
Alors, les coups s'arrêtèrent tout à fait.
Une main se posa sur l'épaule, frôlant les courtes mèches rousses.
-Tu peux t'arrêter, c'était une bonne journée.
La voix masculine, au timbre rauque, davantage accentué par la température élevée de la pièce, était chaleureuse.
La tête se releva, agitant les mèches rousses. Le regard noisette se posa sur l'origine de la voix.
Les iris détaillèrent une nouvelle fois le visage familier.
La forme carrée, soulignée par un duvet sombre, autant que les sourcils épais et les cheveux courts.
La peau mate, presque tannée.
Les yeux d'obsidienne, vif et alertes, dont les coins se plissaient en fonction des expressions du visage.
La bouche esquissait un sourire presque attendri.
Thomas avait de la chance, et s'en rendait compte.
-Merci, maître Doran.
Le roux remonta les escaliers et franchit la porte de la chambre où l'homme l'accueillait le temps de son apprentissage.
Maître Doran le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse, appréciant le changement qui s'était produit jusque dans l'allure même du jeune homme.
Il sourit doucement, moins bourru qu'on aurait pu le croire.
L'adolescent avait grandi, gagné en muscle.
Il avait surtout gagné en assurance.
Gagné en estime et en respect auprès des autres.
Il avait aussi mûrit, mais on pouvait s'y attendre, pour quelqu'un d'à présent dix-neuf ans.
Décidément, le maître forgeron ne regrettait pas son choix. Thomas était un excellent apprenti.
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Eclairs [ Recueil de nouvelles ]
Povídky" Parce qu'ils sont brefs, multicolores, et qu'ils nous hanterons longtemps. " [ Recueil de nouvelles ]