Mme Delmond,
Ce que j'ai à vous annoncer est particulièrement difficile, mais je tenais à le faire. Votre fils est mort hier, sur le front, ici, à Verdun. Vous perdez votre enfant, et nous, nous avons tous perdu un compagnon, un ami, un frère ; un jeune homme loyal, bon et courageux, dont l'envie de protéger sa patrie était plus forte que tout. Mais ce sont aussi cette patrie, et cette guerre barbare, qui nous ont retiré Jean. Nous avons pu récupérer son corps, et, si cela ne change rien à la situation, cela nous a permis de lui rendre hommage, et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Il semble si paisible, désormais...
Sachez qu'il continue d'être présent dans nos mémoires à chaque instant, comme tous nos camarades disparus. Il était si jeune, et repenser à son sourire et son espoir me serre le cœur.
Au moment où j'écris ces lignes, une plume passe devant mon regard puis s'éloigne, volant dans l'air, jusqu'à que je ne puisse plus la voir. Je me plais à imaginer que c'est Jean, lui qui aimait tant les oiseaux, qui veille sur nous. Et je suis certain qu'il veille aussi sur vous, madame.
Je vous donne tout mon courage et vous transmet toute ma force pour surmonter cette épreuve,
Au revoir, et peut-être adieu.
Paul Lapouge.
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Eclairs [ Recueil de nouvelles ]
Krótkie Opowiadania" Parce qu'ils sont brefs, multicolores, et qu'ils nous hanterons longtemps. " [ Recueil de nouvelles ]