Plus tard dans la soirée, Tatiana appela Harley. Elle était inquiète pour elle sans même comprendre pourquoi.
- Harley, comment tu vas ?
- Je vais bien, répondit-elle d'une voix qui trahissait sa fatigue. Et toi, ça va ?
Après avoir rejoint sa maison, elle avait été sujette à des vertiges et s'était évanouie. Puis, ayant retrouvé ses esprits, elle s'était traînée jusqu'au canapé où elle était restée allonger un moment avant de se faire couler un grand bain où elle s'était prélassée, en espérant aller un peu mieux. Avant de se glisser dans l'eau chaude, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait froid aux pieds et aux bras.
- Je vais bien, merci, répondit Tatiana.
Elle aussi avait pris un bain chaud et elle se sentait plus détendue.
- Mais toi, tu es sûre que tu vas bien ?
Harley ne répondit pas sur le coup, trop occupée à essayer de reprendre son souffle.
- Harley ?
- Je vais bien, murmura-t-elle au bout du fil. Tu as été formidable aujourd'hui.
- Toi aussi, fit Tatiana, pleine d'admiration pour son talent en danse.
- Tu n'es pas aussi nulle en danse comme tu le prétendais la dernière fois. Si je devais un jour participer à un concours, je te prendrais comme partenaire, reprit Harley avec une pointe d'amusement dans la voix.
- Ne nous emballons pas trop.
Elles parlèrent longuement de tout et de rien puis, se souvenant de la sensation étrange qui l'avait parcouru lorsqu'elle était dans ses bras durant la danse, Tatiana décida de lui en parler.
- Lorsque nous étions en train de danser et que tu me tenais dans tes bras, j'ai ressenti une sensation particulière, qui m'est très familière d'ailleurs. Ça a fait remonter en moi, de vieux souvenirs.
- Ah ouais ? Raconte.
- Une prochaine fois. Je te sens de plus en plus épuisée. Je crois que tu devrais dormir. Passe une bonne nuit, Harley.
- Bonne nuit, Tat, murmura Harley.
Le lendemain matin, Daren lut à sa mère un article du journal local, relatant un incident ayant eu lieu la veille - un terrible accident de la route qui n'a laissé aucun survivant. Quand Daren eut terminé, il leva sur Tatiana des yeux tristes.
- Je suis désolé pour ma réaction d'hier, maman. Juste... Je ne sais pas comment... Je ne pourrais jamais... Si tu...
Sa voix se brisa. Les yeux pleins de larmes, Tatiana hocha la tête.
- Je te comprends. Moi non plus, je ne pourrai pas vivre sans toi, Daren.
En proie à une vive émotion, Tatiana quitta brusquement sa chaise et vint enlaçer son fils. Un moment plus tard, Daren alla dans le jardin et s'assit sur la pelouse. Fixant un point invisible, d'un regard absent, il s'abîma dans ses pensées.
°°°°
Harley avait dormi jusqu'en fin de matinée mais à son réveil, elle se sentait encore plus épuisée que la veille. Aussi, même durant l'appel qu'elle avait effectué avec sa mère, celle-ci s'était rendue compte de sa fatigue et de sa pâleur. Elle lui demanda alors de se reposer en lui promettant de la rappeler un peu plus tard pour prendre de ses nouvelles.
Harley confirma son rendez-vous chez le cardiologue. Elle avait téléphoné au médecin juste avant de s'installer dans sa maison - mais n'avait pas trouvé le temps de s'y rendre plus tôt. Elle voulait être sûre du diagnostic posé par son ami médecin au Danemark.
Elle alla prendre une douche, enfila ensuite un pantalon chino, un t-shirt blanc et des baskets de la même couleur. Son blouson aviateur en main, elle grimpa dans son véhicule. Elle devait voir le cardiologue à quatorze heures trente. Finalement, c'était la cardiologue.
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Ancrée à ton port
RomanceAutrefois, j'ai été brisée. Mais aujourd'hui, je reprends goût à la vie. Je pense à elle, tel un refuge. Elle avec ses balafres et moi, avec mes cicatrices; l'héritage de ces personnes qui nous ont un jour aimés. Nos victoires et nos défaites conv...