Sombre passé

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PARTIE AYATO

"- Ça va mieux ?"

Le jeune vampire sursauta en m'entendant.
Il me regarda avec des grands yeux, ne semblant pas savoir quelle émotion aborder avec moi.
Je pris une chaise et je m'asseillais à son bureau, profitant d'une pause entre deux heures de cours pour lui parler.
C'était le vampire que Ayato avait attaqué...
Depuis la soirée piscine, il y a trois jours, j'avais essayé de lui parler, mais en vain.
J'avais toujours quelque chose pour m'en empêcher.
Alors j'étais satisfaite d'enfin pouvoir lui adresser la parole.
Depuis ce soir là, j'avais revu Ayato tous les jours, mais il ne m'avait plus pris de sang.
Je me contentais de vérifier la guérison de ses blessures.
Les vampires guérissent beaucoup plus facilement que les humains, c'est un fait qui m'avait impressionné... Les plaies d'Ayato, pourtant profondes pour certaines, s'étaient refermées dès le deuxième jour.
Néanmoins, il avait mal quand on appuyait, et j'avais tenu à surveiller l'évolution de son état.
M'inquiétant également pour le petit vampire, qui s'était montré bien moins résistant et fort que le prince, il était indispensable que je lui parle.
Voilà donc le pourquoi du comment je me retrouvais à forcer l'accès à son bureau.
Il me regardait avec un air hébété, visiblement plus atteint par la surprise que la douleur.
Je soupirais et je posais ma tête dans ma main, le regardant avec un sourire en coin.

"- Toi t'es pas du genre bavard... Constatais-je.
- Ah euh non désolé... Enfin... C'est surtout que je ne sais pas comment m'adresser à toi...
- Comment ça ? Avec des mots, des phrases, en japonais...
- Non mais je veux dire... J'ai beaucoup de respect pour celle qui appartient au prince...
- Alors que je suis en quelques sortes celle qui t'a infligé tes blessures ?
- Oui... Je n'aurais pas dû me mettre entre lui et toi...
- Oulala, toi tu as vécu un magnifique lavage de cerveau.
- Comment ça...?
- Tu n'es pas censé me montrer du respect juste parce que Ayato a décidé de faire de moi sa banque de sang. Le prince, je vous jure... C'est ridicule toutes ces histoires d'aristocratie.
- Mais c'est pourtant vrai... Il est le fils de Karlheinz, le roi des vampires, et de Cordelia, la fille du roi des démons.
- Eh bah, quel arbre généalogique. Il le crie sur tous les toits ou quoi ?
- Non, enfin, il en est très fier, mais ça s'est surtout su avec le temps. Du coup, ça empêche les gens de se frotter à lui en général... Avec un de ses frères du nom de Subaru, ils sont les plus bagarreurs. Impossible de sortir indemne d'un conflit avec lui... Mes blessures ne sont même pas totalement refermées."

Il souleva ses manches, me montrant ses bras.
Il y avait effectivement de grosses plaies.
Il en avait aussi sur le cou et probablement ailleurs.
C'était presque cicatrisé, mais certaines étaient encore bien rouges.
Je grimaçais, souffrant à sa place, regrettant presque de l'avoir dénoncé à Ayato.
"Cordelia..." pensais-je. Le nom venait de résonner dans ma tête, signe d'un certain intérêt de ma part.
La mère d'Ayato, la fille d'un roi démon... Elle devait être une grande femme.
Voilà que je me mettais à me poser des questions sur son passé.
J'avais cru comprendre dans ses divagations au bord de la piscine que c'était sa mère qui lui avait inculqué ce culte d'être le meilleur.
Je ne trouvais pas qu'il s'agissait là d'une bonne manière d'élever son fils, mais qui suis-je pour juger...

"- Tu pense que je pourrais parler de ça avec lui...? Questionnais-je.
- Je n'en sais rien... C'est probablement le moins réservé de ses frères quand il s'agit d'étaler ses prestiges et sa vie, mais pour son passé... -il haussa les épaules-... Je ne suis même pas ami avec lui, et même si je l'avais voulu maintenant c'est foutu. Mais je pense que tu peux essayer de lui en parler... Il t'a choisie pour être à ses côtés après tout, et il ne choisit pas la première venue.
- Visiblement si, puisque je n'ai rien fait de particulier pour qu'il me choisisse.
- Je ne peux pas t'aider, je ne suis qu'un jeune vampire de bas rang, je ne réfléchis pas comme un prince.
- Arrête de te dévaloriser... Au fait, tu t'appelles comment ?
- Moi...? Jasper. Et je connais déjà ton nom [y.n]. Tu sais, l'histoire de cette soirée à la piscine a fait le tour de l'école... Tout le monde est au courant que Ayato a défendu une banque de sang. Et tout le monde connait ton nom. Le grand frère d'Ayato, Laito, s'est même amusé à témoigner. Enfin, lui, on n'a jamais trop confiance en ses propos..."

J'eus un petit rire en voyant le visage dépité de Jasper.
Je n'avais que peu eût l'occasion de parler aux frères d'Ayato, mais Laito m'avait semblé être un sacré phénomène.
Il avait l'air empli d'une bonne humeur qui contrastait avec tous ses autres frères.
C'était amusant d'avoir pu constater les différences de caractère entre les garçons...
Ayato avait qualifié Shu de demi-frère, mais ils étaient tous les fils du roi vampire... Et il y avait donc au moins deux mères.
Cordelia était celle de Laito et Kanato également, de ce que j'avais compris.
Je les soupçonnais d'ailleurs d'être des triplets, étant donné qu'ils semblaient avoir le même âge -enfin, Kanato m'avait beaucoup troublé quand à son âge-...

J'allais continuer à questionner Jasper quand la sonnerie retentit, signalant le début de la deuxième heure de cours.
Durant les soixante longues et interminables minutes, je griffonnais sur mon cahier, tuant le temps comme je le pouvais.
Dès que je sortirais, j'irais rejoindre Ayato devant sa classe...
Généralement, ses professeurs le gardaient toujours un peu après la sonnerie pour lui reprocher des choses banales comme arrêter de jeter des boulettes de papier à la tête de ses voisins par exemple... C'était vraiment un gamin par moment.

Lorsque retentit la cloche, je me levais et je partis précipitament, saluant Jasper du regard. J'espérais pouvoir me lier d'amitié avec lui plus tard, mais je comprenais bien par les gens commençant à lui parler en me fixant que c'était mal barré.
J'avais une réputation qui me collait aux basques désormais, voire un titre selon le respect que les gens portaient pour Ayato.
Je ne savais pas si je devais m'en sentir honorée, ou être dépitée du système de cette école.
Je déambulais dans les couloirs, subissant les regards des curieux. Des gens que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam murmuraient mon nom sur le chemin.
J'en frissonnerais presque, c'était vraiment glauque...

Je fus soulagée d'enfin voir la porte de la salle d'Ayato se découpant parmi les autres.
Je n'avais traversé qu'un bâtiment, mais ça m'avait paru très long.
Je me postais contre le mur juste à côté de la porte, attendant.
J'entendais la voix d'Ayato à l'intérieur, avec le professeur et ce qui semblait être une élève.
Le détail féminin me fit tiquer et je ne pus m'empêcher de grincer des dents. J'avais beau lutter contre moi-même, je ne pouvais m'empêcher d'apprécier grandement Ayato.
Je n'aimais pas le savoir en présence d'une autre fille, chose imbécile car je ne pouvais empêcher la présence de filles dans sa classe.
Je dus attendre encore plusieurs minutes avant que la porte ne s'ouvre, la fille sortant rageusement de là. Elle tourna sa tête vers moi et elle eut un air surpris.
Je remarquais alors que ses joues semblaient creusées, comme si elle avait pleuré. Ses yeux étaient d'ailleurs légèrement rouges, appuyant sur ma première idée...
Elle ne dit rien, me fixant simplement avec tristesse.

Soudain, arrivant derrière elle, Ayato.

Il allait lui parler, quand il me vit.
Il eut un air embarassé et se gratta l'arrière de la tête en regardant sa camarade de classe.
Aux vues des marques sur son corps, j'en déduis qu'il s'agissait d'une banque de sang...

"- Marylin, écoute... Commença-t-il.
- C'est elle ? Demanda-t-elle en me fixant.
- ...Ouais. Alors arrête d'insister. Je n'avais pas accepté avant de la connaitre, et maintenant que je la connais, je vais encore moins accepter.
- ...T'es qu'un idiot."

Elle le regarda avec colère avant de reporter son regard sur moi.
Elle semblait prête à me frapper.
Ne comprenant pas trop, je me préparais juste à me protéger s'il le fallait.
Finalement, elle n'en fit rien, tournant les talons et partant en bousculant Ayato.
Je sifflais, choquée de la scène qui venait de se jouer devant mes yeux.

Le professeur sortit de la salle, soupirant.

"- Ayato, ton nom te précède trop... Déclara-t-il sur un ton dépité. Je ne pensais pas que tu avais des problèmes avec Marylin.
- Elle voulait devenir ma banque de sang depuis un certain temps. Elle me regardait déjà l'année dernière. Elle n'avait pas l'air de comprendre mes "non" à répétition.
- Euh... Bonsoir... Dis-je timidement à l'adulte.
- Ah, pardonne moi, je ne t'avais pas vue. Tu es...?
- [y.n] de la classe 3.
- Ma banque de sang...~ Ajouta Ayato, semblant se réjouir de ce détail.
- Oh, c'est donc toi... Eh bien sache jeune fille que visiblement tu fais des jalouses. Qui aurait cru que l'arrogance de ce vampire jouerait autant en sa faveur que son nom.
- Oi, monsieur, c'est pas très sympa ça... Grogna le rouge.
- Écoute Ayato, je suis réaliste. Enfin bon... À tant vouloir être le meilleur dans tout, il est normal que tu te fasses remarquer..."

Le vampire se frotta les cheveux avec un petit rire, non peu fier, et il décida de clore la discussion.
Il passa un bras autour de mes épaules et nous saluames le professeur, nous éloignant de la salle.
Nous allions nous installer dans la cour pour passer un peu de temps tranquille ensemble.
Sur le chemin, le vampire m'expliqua que Marylin avait commencé à lui parler durant le cours et avait finit par piquer une crise de jalousie et de colère car il restait sourd à ses attentes.
Il n'avait jamais voulu d'une banque de sang avant moi car, d'après lui, elles puaient toutes, souillées comme elles étaient par tous les vampires.
Il ajouta en humant mon odeur que j'étais la seule qui avait attiré son regard et son odorat...

Nous arrivâmes finalement dans la cour, nous asseyant sous un grand arbre.
Il s'adossa contre le tronc et me "força" à m'appuyer contre lui.
Une question me trottait dans la tête depuis l'incident de la piscine, et je n'avais jamais osé en parler... Mais les paroles du professeur et de Jasper m'avaient décidée.
J'allais en parler ce soir.

"- Ça va mieux tes blessures ? Demandais-je pour débuter la discussion.
- Oh oui beaucoup mieux... Je n'ai presque plus mal.
- Bien alors... Tu sais, le vampire que tu as attaqué... Il s'appelle Jasper. Lui il n'en est pas remis.
- Tu lui as parlé ?
- Oui, je m'inquiétais un peu... Tu y es allé fort quand même.
- Tch. Tu n'aurais pas dû... Je l'ai simplement remis à sa place.
- Car on ne prend pas la proie de Ore-sama, c'est ça ?
- Yup.
- ...Dit... C'est ta mère qui t'a inculqué cette obsession pour être le meilleur ?
- ... -il se raidit, restant silencieux quelques instants- ...oui...
- Jasper m'a dit qu'elle s'appelait Cordelia, que c'était la fille d'un roi démon...
 - Il est bien renseigné l'enfoiré. C'est ça ouais...
 - Pourquoi voulait-elle que tu sois le meilleur ?
 - Ma mère avait une façon... Étrange de voir les choses. Pour commencer, il y avait le fait que je fasse parti d'une grande lignée, une famille importante de vampires. Ensuite, je suis le troisième fils de ma mère. Laito, Kanato et moi sommes des triplets nés à trois jours d'intervalle. Laito est l'ainé, Kanato le cadet et moi le benjamin. Mais au Japon, je suis vu comme l'ainé. Étant très fière de ça, elle voulait que je sois l'héritier.
- Tu étais considéré comme le plus vieux de tes frères ?
- Non, Shu et Reiji sont plus vieux que moi. Shu a dix neuf ans en âge humain, et Reiji a dix huit ans. Mais ils étaient les fils d'une autre femme, Beatrix, et ma mère ne semblait pas tolérer la présence de celle qui était la première femme de mon père. Alors elle a voulu m'élever de manière à ce que je dépasse mes ainés.
- Comment t'y a-t-elle poussé ?
- ... -il soupira, fermant les yeux, semblant se remémorer des choses- ...Elle m'empêchait de jouer avec Laito et Kanato... J'en ai d'ailleurs perdu mon lien avec ce dernier. Elle me poussait à toujours étudier, savoir comment me comporter en prince et héritier, comment régner sur la famille... Elle me disait que je n'obtiendrais rien si je n'étais pas le meilleur. Elle détruisait mes rêves d'enfant comme elle détruirait une simple tour de lego. D'un coup de pied, elle envoyait tout valdinguer et elle me ramenait à la saillante réalité.
- Quelle horreur... Enfin, c'est ta mère, mais tout de même...
- Elle est morte désormais. Mais du mal, il est vrai qu'elle en a causé. À moi et à mes frères. Si Laito et Kanato sont ceux qu'ils sont aujourd'hui, ce n'est pas dû au hasard. Je pense que son coeur de démon était trop grand pour être digne d'être une mère."

Je ne dis rien, me redressant et le regardant avec un air désolé. Il gardait les yeux clos, affichant une mine froide. Il donnait l'impression d'être plongé dans d'affreux souvenirs et je me sentis soudain coupable de l'y avoir refait penser.
Me laissant aller à une pulsion, je me mis à genoux près de lui et je posais une main sur sa joue. Il ouvrit les yeux et me fixa, semblant étonné, ne s'attendant visiblement pas à un quelconque geste de ma part.
Il ne dit rien, conservant le précieux silence nous entourant.
Je me perdis dans ses beaux yeux verts, ne sachant plus soudainement comment réfléchir. C'était comme si nos âmes s'accordaient une discussion secrète à travers nos regards.

Lentement, sa main se leva et se posa sur la mienne.
Malgré la froideur de sa peau, l'étreinte de ses doigts contre les miens était réchauffante.
Un ange passa avant que finalement il ne se mette à bouger.
Il ramena ses jambes dépliées à lui et il se mit également à genoux.
Il m'attrapa par les épaules et il m'attira à lui en un instant.
Il posa sa tête dans mon cou et ses bras enserrèrent mon dos. Je me figeais, ne sachant que faire dans cette situation et rougissant énormément.
Un petit cri vivace s'échappa brutalement de ma gorge alors que les deux crocs d'Ayato s'y plantèrent sans prévenir.
Il commença à boire avec plus de douceur que la première fois, semblant à l'écoute de mes réactions, relâchant la force s'il réalisait que j'avais trop mal.
Il but ainsi durant presque une minute, ses bras serrés dans mon dos.
Puis il me lâcha et il se recula, me regardant de nouveau dans les yeux.
Un léger filet de sang coulait de ses lèvres.
Je posais une main sur ma blessure, grimaçant légèrement.

"- C'est vraiment délicieux... Murmura-t-il.
- Ravie d'être à ton goût... Dis-je sur un ton sarcastique.
- Tu sais quoi ? Je suis vraiment déterminé à toujours prouver que je suis le meilleur.
- Ah ouais ? Pourquoi ?
- Comme ça, tu voudras toujours rester près de moi au point où je deviendrais une nécessité dans ta vie."

Malgré l'arrogance non dissimulée de ses mots, sa phrase me fit sourire.

"Mais oui...~ Fut la réponse que je lui accordais, le faisant légèrement bougoner."

Sa mère l'avait vraiment conditionné si bien qu'aujourd'hui il ne voyait pas sa valeur et sa grandeur... C'était triste...

Mais j'allais lui en faire prendre conscience.

BOYFRIEND SCENARIO : LOVING FANGS (DIABOLIK LOVERS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant