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|| DANS LA PEAU DE KAIS ||




La, je vais vous parler français comme jamais je l'ai parlé sauf au taf'.

Je suis sorti de taule il y a à peine une semaine et je me retrouve en bas de chez elle. Je sais même pas pourquoi je suis là. C'est comme si quelque chose en moi me poussait à la revoir après ces trois années. La dernière fois que je l'ai vue, elle était enceinte de son fils et maintenant, il doit être là en train de jouer chez eux. C'est un truc de fou comme le temps peut passer archi vite. J'ai l'impression d'avoir manqué une partie de sa vie, comme si j'avais raté des épisodes d'une série. Et si je suis là c'est à cause de ma soeur. Elle à pas arrêté de me parler d'elle même quand j'étais en zonz'. Elle a fait que me la vendre sa copine comme si je l'a connaissais pas déjà assez. C'est grâce à Marwa que j'ai su tout ce qui est arrivé à Alyah. J'ai la mort de fou. Parce que je me dis que si elle avait été avec moi, par Allah jamais ça lui serait arrivé ça. Mais vas-y, de là où j'étais, c'était impossible de l'aider. De toute façon, à quoi bon ? Elle s'était mariée, elle avait refait sa vie, et maintenant elle a même un fils. Elle avait trouvé sa stabilité familiale et financière, alors à quoi est-ce que je pouvais lui servir ?

Je dois avouer, et vous le savez déjà je suppose, que je suis quelqu'un qui garde ses sentiments pour lui. Au début, j'ai ressenti une haine indescriptible quand j'ai appris son mariage, même quand j'ai appris les raisons du divorce. Mais imaginez juste ma réaction quand j'ai su qu'elle attendait un gosse de ce chien, alors que moi, je m'en rappel, je portais Nermine dans mes bras. J'avais tellement le mort. Elle était canon dans son ensemble, avec son petit ventre mais j'avais la haine. C'est moi je devais lui faire un gosse ! J'avais tellement la haine frère c'est un truc de malade. Mais personne prend en compte mes sentiments. La couz' elle savait très bien j'avais des vus sur elle, elle a fait l'aveugle J'ai juré même contre elle j'avais le mort parce que je pouvais rien lui dire. Je suis pas le genre de mec à courir derrière quelqu'un en forçant. Tu veux, tu veux. Si tu veux pas c'est ton problème. Vous allez dire ouais, elle savait mais tu lui a rien dit toi même, et alors ? Elle savait, c'est le plus important. Mais je préfère prouver mes sentiments par mes actions plutôt que par des petites paroles de pédale. Et jusqu'à présent, j'ai fait beaucoup de choses, croyez-moi... Vous-même vous l'avez vu. C'est elle qui a fait les mauvais choix, pas moi.

Mais j'ai appris à plus courir et donner de mon temps aux gens s'ils veulent pas de moi. La seule meuf avec qui j'ai fais le cleb's, je l'ai tej'. J'avais perdu mon daron à cette époque. La vérité, depuis sa mort, je ne me sens même plus vraiment vivant. J'ai plus de but précis. Depuis ce jour, je fais que survivre, en attendant ma propre mort. J'ai toujours été dans l'attente, et je continue à attendre avec impatience le jour où "Kais El-Khemzi" sera gravé sur une modeste tombe, à côté de celle de "Kamel El-Khemzi". Pour moi, ma présence dans ce monde elle a même plus aucun sens. Depuis ce jour, j'ai dévié du bon chemin. J'ai sombré dans les excès : alcool, drogues, meufs, armes... J'ai tout consommé, sans me soucier des conséquences pour moi-même ou pour les autres. C'était comme si je cherchais à provoquer ma propre mort de manière indirecte, sans y parvenir réellement. Et au fil du temps, j'ai perdu tout sens moral. J'arrivais plus à distinguer le bien du mal. Je voulais prendre des risques, j'aimais ça, parce que pour moi, j'avais plus rien à perdre. J'ai mis le chaos, versé du sang, fait couler des larmes... Ça a causé ma perte alors croyez pas que c'est le chemin à suivre.

Partout où je suis passé, les quartiers me considéraient comme un monstre. Les gens s'éloignaient de moi, me fuyaient comme la peste. Ils évitaient mon regard. Et le plus regrettable dans tout ça, c'est que j'appréciais cette situation. Ça me donnait l'impression d'être sur un piédestal. Les rejets d'Alyah me faisaient rien.j'avais déjà tout perdu, que e l'a perde elle ou pas ça aurait changé quoi à ma vie ? C'était dérisoire par rapport à ce que je vivais. Mais en réalité, c'était qu'un personnage. Le jour de la mort de mon père, un personnage a émergé involontairement. Un personnage bien con, désireux d'être respecté, attirant l'attention. Un personnage qui refusait de montrer la moindre parcelle d'humanité. Un personnage qui jouait le rôle de l'homme aux mille visages. Et même avec tous ces visages, aucun d'entre eux ne reflétait la moindre émotion.

ALYAH - Vaincre mes cauchemars grâce à mes rêves. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant